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Nos Lecteurs ont la Parole

Tigré : pourquoi oublier l’Éthiopie ?

Les médias nous ont bassinés (et continuent d’ailleurs) avec le conflit arméno-azerbaïdjanais depuis plus d’un mois. Avec tout le respect que j’ai pour la communauté arménienne du Liban, et sans omettre la justesse de leurs revendications et le fait qu’ils aient été lésés par un traité en leur défaveur, nous semblons oublier qu’actuellement un grand conflit enflamme et ensanglante l’Afrique : celui du Tigré entre les dissidents éthiopiens et les proches du président.

Avec plus de trente mille déplacés au Soudan, des carnages et des massacres à la pelle, le peuple souffre cruellement et manque de médications et d’aides humanitaires. Je rends juste un modeste hommage à cette communauté qui vit aussi chez nous et que nous semblons oublier.

Une fois de plus, je m’insurge.

Un tel conflit mérite d’être mis en évidence, vu l’état de pauvreté et de misère du pays. Les conflits internes sont souvent plus importants, voire parfois plus mortels que les internationaux. À titre d’exemple, et toujours en Afrique, le génocide tutsi qui a embrasé l’Afrique dans les années 90 avec plus d’un million de morts et dont les commanditaires continuent à être jugés devant le Tribunal international spécial pour le Rwanda.

Nous n’en sommes pas encore là. À un niveau diffèrent, au Tigré, en Éthiopie, les consciences doivent davantage se réveiller. Il ne s’agit plus d’affaires internes à un État mais d’un éventuel futur désastre humanitaire. La zone en plein conflit équivaut à plus de vingt fois celle du Haut-Karabakh. Quand nous nous indignons pour 4 400 km2, 84 000 en valent aussi la peine. Cette guérilla est en train peut-être de tuer les familles de celles qui travaillent chez nous et qui supportent stoïquement ce malheur dans l’indifférence générale, celles qui sacrifient leurs parents et leurs enfants pour leur assurer une vie meilleure et, enfin, celles auxquelles nous accordons parfois une importance minime alors que, hors de leur présence, nous sentons soudainement un cruel vide. Malheureusement, peu d’entre nous ont conscience de ce que cette communauté représente réellement pour le Liban.

Consultez donc leurs papiers, demandez-leur d’où elles viennent. C’est là que l’humain apparaît, pas seulement en leur offrant le strict nécessaire au niveau des conditions de vie (compris dans leur contrat d’ailleurs, nous ne faisons rien d’extraordinaire). Je ne généralise en aucun cas. Mais pensez donc à poser certaines questions pour mettre en avant l’importance que nous pouvons leur donner. Et observez simplement le mince sourire qui éclairera leur visage si terne et si soumis parfois.

N’oublions pas la catastrophe du Tigré car actuellement, une grande part de la géopolitique africaine est sans doute en train de se jouer. Un nouveau territoire va peut-être se créer si jamais les forces internationales n’entrent pas dans le jeu. Il s’agit là aussi de s’émouvoir pour un peuple épris de liberté et qui désire se soustraire à l’asservissement d’un tyran (sans doute !).

Réveillons-nous à d’autres réalités que la nôtre ! Nous ne sommes pas l’unique pays qui souffre. Il y en a d’autres qui meurent à petit feu. Nous ne pouvons rien faire, me diriez-vous. Oh que si ! Juste montrez votre intérêt aux individus proches de vous et qui vous paraissent si lointains. Parlons humain une fois de plus, occupons-nous un peu plus de nos pairs d’autres contrées. Ils le méritent.

L’humain prime avant toute chose. N’oublions pas le flot d’aides qui nous sont venues après le 4 août. Les autres pays se sont unis pour aider un peuple qui ne lui doit rien et qui devrait lui importer peu, dans certains cas. Et pourtant ils l’ont fait. Nous ne sommes certes pas, pour le moment, en mesure d’aider à résoudre un tel conflit, les nôtres étant inextricables en apparence. Mais, à notre niveau, à l’intérieur de nos maisons, il reste deux faces d’une même réalité qui se côtoient sans réellement se connaître.

Posez la question ! Montrez votre appréciation ! Car, après tout, comme nous, ce sont des enfants de l’humain. Ce sont des enfants du monde !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Les médias nous ont bassinés (et continuent d’ailleurs) avec le conflit arméno-azerbaïdjanais depuis plus d’un mois. Avec tout le respect que j’ai pour la communauté arménienne du Liban, et sans omettre la justesse de leurs revendications et le fait qu’ils aient été lésés par un traité en leur défaveur, nous semblons oublier qu’actuellement un grand conflit enflamme et...

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