Le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, s'est entretenu lundi avec l'ambassadrice américaine à Beyrouth, Dorothy Shea, d'un grand nombre de dossiers parmi lesquels les sanctions à l'encontre de responsables libanais, dont le dernier en date est le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Lors de cette réunion, qui avait auparavant été présentée par certains médias comme une "convocation" de Mme Shea, ce qui avait été rapidement démenti par le Palais Bustros, M. Wehbé a demandé à l'ambassadrice de fournir aux autorités et à la justice libanaises les documents et informations sur lesquels l'administration US s'est basée pour lancer ces sanctions.
"Dans le cadre des réunions de routine que tient le ministre des Affaires étrangères avec les ambassadeurs et ambassadrices, Charbel Wehbé a accueilli l'ambassadrice Dorothy Shea et a discuté avec elle des relations bilatérales et des moyens de les renforcer", peut-on lire dans un communiqué de la diplomatie libanaise. Ce texte précise que les deux responsables ont notamment évoqué "la question des négociations entre Israël et le Liban, sous l'égide des Etats-Unis, portant sur leur frontière maritime, le dossier du retour des réfugiés syriens dans leur pays et la phase de transition entre l'administration du président Donald Trump et celle de son successeur, Joe Biden". Ils ont également abordé la question des "crises régionales" et des conflits au Nagorny-Karabakh et au Sahara occidental, souligne le texte.
"Mesures prises contre certains Libanais"
Le communiqué souligne par ailleurs que les discussions entre le ministre Wehbé et l'ambassadrice US ont porté sur "les mesures prises par l'administration américaine contre certains Libanais, et notamment des députés, anciens ministres et le chef d'un important groupe parlementaire", en référence aux anciens ministres Ali Hassan Khalil (Amal), Youssef Fenianos (Marada) et au député Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste). Le ministre a demandé à Mme Shea si les autorités et la justice libanaises pouvaient obtenir les informations et documents sur lesquels l'administration US s'est basée pour prendre de telles mesures. Cette demande "entre dans le cadre des réformes que le Liban s'est engagé à entreprendre afin de renforcer la transparence de l'action publique", précise le texte.
Il y a deux semaines, le Trésor US avait annoncé des sanctions contre M. Bassil pour "corruption et abus de pouvoir" ainsi que pour ses relations avec le Hezbollah, sur base de la loi Magnitsky, qui cible les responsables étrangers corrompus. Le président Michel Aoun, qui est aussi le beau-père du chef du CPL, avait alors prié la diplomatie libanaise de demander à Washington de fournir les preuves et documents sur lesquels se basent les accusations contre Gebran Bassil. Les anciens ministres Fenianos et Hassan Khalil avaient, eux, été sanctionnés pour "corruption et soutien au Hezbollah" début septembre.
Dimanche, après l'annonce de la réunion entre M. Wehbé et Mme Shea, des médias avaient parlé d'une "convocation" de l'ambassadrice américaine, ce qui avait été démenti par des sources au Palais Bustros. Les médias évoquaient le fait que la diplomate américaine était "convoquée" suite aux sanctions lancées contre M. Bassil et alors que Mme Shea avait fait vendredi de nouvelles déclarations incendiaires visant le Hezbollah et le responsable aouniste. "Les Etats-Unis continuent d'appliquer une politique de pression sur le Hezbollah", avait-elle déclaré lors d'un événement de l'Institut américain d'études stratégiques internationales. "De par ses relations avec le Hezbollah, Gebran Bassil protège les armes" du parti chiite, tandis que ce dernier "protège la corruption" de M. Bassil, avait-elle lancé. Concernant le soutien de Washington au Liban, l'ambassadrice avait indiqué que l'administration américaine avait décidé de ne pas apporter d'aides au cabinet (démissionnaire) de Hassane Diab "parce qu'il avait été formé par le Hezbollah", mais qu'elle se "tenait aux côtés du peuple libanais". "Nous verrons comment sera formé le futur gouvernement pour prendre position" sur un éventuel soutien américain, avait-elle ajouté.
Fin juillet, l'ex-ministre libanais des Affaires étrangères Nassif Hitti avait convoqué l'ambassadrice des États-Unis trois jours après la diffusion d'une interview dans laquelle elle s'en prenait au Hezbollah, considéré comme terroriste par Washington. A l'issue de son entretien avec M. Hitti, l'ambassadrice avait affirmé qu'ils avaient convenu de "tourner la page" de cette affaire.
Pourquoi le liban ne prend t elle pas l’exemple de tous les pays occidentaux ? La France n’a t elle pas condamné plusieurs personnages politiques dont des 1er ministre. N’a t elle mis en examen un ancien président de la république ? BVF
23 h 13, le 16 novembre 2020