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Politique - Communautés

Raï plaide pour un gouvernement composé « entièrement » d’indépendants

Le patriarche maronite tombe à bras raccourcis sur ceux qui entravent la formation d’un cabinet.

Raï plaide pour un gouvernement composé « entièrement » d’indépendants

Pour Béchara Raï, le Liban est « à la merci de forces intérieures et extérieures qui lui veulent du mal ». Photo ANI

Le patriarche maronite Béchara Raï est tombé à bras raccourcis hier sur les responsables, les accusant sans ambages de vouloir « faire tomber le Grand Liban pour mettre la main sur ce qu’il en reste ». Les propos du patriarche, qui interviennent au lendemain de la visite de l’émissaire présidentiel français Patrick Durel, venu « secouer » les dirigeants et les inciter à se dépêcher pour former un nouveau gouvernement, sont un indicateur de l’échec de la mission française, indique-t-on de sources proches de Bkerké.

Selon ces sources, la mission Durel était considérée par le patriarcat maronite comme une ultime tentative pour « ramener à la raison » une classe politique « complètement étrangère aux besoins du peuple ». Son échec aurait ainsi poussé Mgr Raï à hausser davantage le ton en accusant les dirigeants libanais de vouloir « modifier la face du Liban » et en insistant de nouveau pour la mise en place d’un cabinet composé « entièrement et non pas en partie d’indépendants ». « Cette insistance à vouloir bloquer la formation d’un nouveau cabinet et à ignorer les intérêts du peuple et du pays fait partie d’un projet visant à faire tomber le Grand Liban pour mettre la main sur ce qu’il en reste. Nous ne trouvons aucune autre explication à ce blocage associé à une destruction méthodique du pouvoir financier et bancaire, et à un appauvrissement du peuple qui pousse ses forces vives à émigrer », a affirmé le patriarche dans son homélie dominicale, allant jusqu’à présenter le pays comme étant « à la merci de forces intérieures et extérieures qui lui veulent du mal à des fins personnelles, sectaires et internationales ».

« Devant le mépris des responsables face aux cris du peuple affamé, devant les plaies de Beyrouth, sinistrée par l’explosion de son port sans que l’État ne réagisse, devant l’urgence de la formation d’un nouveau gouvernement, nous sommes obligés de poser les questions cruciales », a déclaré le patriarche.

S’adressant aux « saboteurs persistants provenant de différentes formations politiques » qu’il n’a pas nommées, il les a pris à partie : « Ne voulez-vous pas un État civil séparé de la religion, un État pluraliste avec plusieurs religions et cultures, comme l’avait souhaité le patriarche Élias Hoyek ? (...) Ne voulez-vous pas un État neutre et souverain, qui se défend avec ses propres forces face aux attaques extérieures ? »

En 1919, le patriarche maronite Élias Hoyek, considéré comme le « père fondateur du Liban », avait représenté les habitants du Mont-Liban à la conférence de Versailles, qui réunissait à l’époque les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. L’Empire ottoman ayant été vaincu alors qu’il régissait le territoire du Liban actuel, le patriarche Hoyek avait réclamé lors de cette conférence un Liban indépendant, ne se limitant pas à la superficie du Mont-Liban. Il avait déclaré qu’« il n’y a au Liban qu’une seule confession, elle s’appelle le Liban ».

« Ne voulez-vous pas un État démocratique ouvert à tous les pays, réputé pour sa culture, pour la coexistence islamo-chrétienne, un État souverain capable d’imposer la loi et la justice ? Si vous refusez tout cela, c’est que vous êtes en train de violer la Constitution et le pacte national, de défigurer l’identité et la mission libanaises », a-t-il poursuivi en mettant en relief « le fossé qui sépare le peuple de ses dirigeants ». Rappelant que le peuple « est la source de tous les pouvoirs », Mgr Raï a fait part de son opposition à « tout alignement schismatique qui porte un coup au partenariat national et transforme le Liban en une arène dans laquelle deux projets, celui des minorités et des majorités régionales, s’affrontent ».

Le patriarche maronite Béchara Raï est tombé à bras raccourcis hier sur les responsables, les accusant sans ambages de vouloir « faire tomber le Grand Liban pour mettre la main sur ce qu’il en reste ». Les propos du patriarche, qui interviennent au lendemain de la visite de l’émissaire présidentiel français Patrick Durel, venu « secouer » les...

commentaires (1)

Je complète un commentaire adressé au journal l'Orient le Jour et publié. Le Liban n'est pas un ÉtJat fédéral comme la Suisse, ni un État unitaire jacobin, mais un État multiconfessionnel et multicommunautaire. Il admet la liberté du culte, la distinction du pouvoir civil et religieux. En réalité, il  ne peut admettre la séparation de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel, C'est le propre de la foi catholique d'admettre la loi naturelle, sans prosélytisme, en témoignant du vrai Dieu et du vrai homme. Cela est bien différent de la liberté d'expression sans limite, du droit au blasphème, du droit aux caricatures insultantes de Mahomet. La loi naturelle concerne tous les hommes, qui sont citoyens libanais. Par respect pour les citoyens français musulmans, je déplore la légitimité de ce qui est bien une insulte à la convivialité et non un moyen de se prémunir contre l'islamisme politique criminel par la promotion du droit sans limite aux caricatures insultantes aux symboles fondamentaux de religions reconnues par l'Etat. Ci-joint mon trop bref commentaire déjà publié : L'impossibilité actuelle de former un gouvernement et pourtant la nécessité pour un peuple uni d'avoir un gouvernement, ne vient pas de l'incapacité d'un Premier ministre désigné ou de quelque article de la Constitution, mais de l'unité naturelle du peuple, fondée sur la transcendance du vrai Dieu reconnu par tout le peuple, au moins virtuellement, sans se limiter à une démagogie ou verser dans une dictature.

dintilhac bernard

08 h 31, le 16 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • Je complète un commentaire adressé au journal l'Orient le Jour et publié. Le Liban n'est pas un ÉtJat fédéral comme la Suisse, ni un État unitaire jacobin, mais un État multiconfessionnel et multicommunautaire. Il admet la liberté du culte, la distinction du pouvoir civil et religieux. En réalité, il  ne peut admettre la séparation de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel, C'est le propre de la foi catholique d'admettre la loi naturelle, sans prosélytisme, en témoignant du vrai Dieu et du vrai homme. Cela est bien différent de la liberté d'expression sans limite, du droit au blasphème, du droit aux caricatures insultantes de Mahomet. La loi naturelle concerne tous les hommes, qui sont citoyens libanais. Par respect pour les citoyens français musulmans, je déplore la légitimité de ce qui est bien une insulte à la convivialité et non un moyen de se prémunir contre l'islamisme politique criminel par la promotion du droit sans limite aux caricatures insultantes aux symboles fondamentaux de religions reconnues par l'Etat. Ci-joint mon trop bref commentaire déjà publié : L'impossibilité actuelle de former un gouvernement et pourtant la nécessité pour un peuple uni d'avoir un gouvernement, ne vient pas de l'incapacité d'un Premier ministre désigné ou de quelque article de la Constitution, mais de l'unité naturelle du peuple, fondée sur la transcendance du vrai Dieu reconnu par tout le peuple, au moins virtuellement, sans se limiter à une démagogie ou verser dans une dictature.

    dintilhac bernard

    08 h 31, le 16 novembre 2020

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