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Culture - Initiative

« Nous sommes tous Beyrouth » quand Christie’s tient le marteau sur le net

Plus de soixante lots d’art, de bijoux, de design et de montres, internationaux et régionaux, constituent le catalogue de la vente aux enchères caritative de la célèbre maison qui souhaite aider à raviver le paysage artistique et culturel libanais.

« Nous sommes tous Beyrouth » quand Christie’s tient le marteau sur le net

Une œuvre peinte de Yazan Halwani.

Le beau artistique est plus beau quand il est généreux. Ainsi apparaissent, dans toute leur splendeur altruiste, les 62 pièces qui constituent le catalogue de « We Are All Beirut/Nous sommes tous Beyrouth », la vente aux enchères caritative organisée par Christie’s sur son site internet du 11 au 24 novembre. Une vente particulière car les œuvres proposées ont été cédées gracieusement par leurs auteurs ou propriétaires pour raviver le paysage artistique et culturel libanais soufflé par la double explosion du port, et malmené par la crise économique ainsi que la pandémie de Covid-19.

La maison Christie’s avait réagi très vite en annonçant, deux semaines après la catastrophe, qu’elle allait organiser une vente au profit de la capitale meurtrie. « L’art libanais est au cœur de nos ventes aux enchères au Moyen-Orient depuis 2006, et Christie’s a pleinement conscience de sa responsabilité en contribuant aux efforts mondiaux pour aider à reconstruire Beyrouth, une ville si riche en culture », déclare à L’Orient-Le Jour Michael Jeha, président de Christie’s Moyen-Orient. C’est ainsi que, pendant qu’elle organisait en coulisses la grande vente aux enchères de novembre, la maison mettait en avant, chaque mardi, sur le compte Instagram @christiesdubai, un artiste libanais et son œuvre.

« Beyrouth a toujours été l’une des capitales les plus dynamiques et créatives du Moyen-Orient et peut se vanter d’avoir les meilleurs artistes de la région », renchérit Caroline Louca-Kirland, directrice générale de Christie’s Moyen-Orient qui ne tarit pas non plus d’éloges sur la scène artistique à Beyrouth. « Elle combine tout le tissu culturel d’un écosystème actif, artistes, musées, galeries, fondations, collectionneurs et mécènes », ajoute la spécialiste. « Le Liban – son peuple, sa culture et sa communauté créative – a contribué de manière si significative au paysage artistique au sens large ; et cette vente offre l’occasion de démontrer le soutien et l’affinité considérables que la région et la communauté internationale ont pour la reconstruction des centres culturels du Liban ».

Christie’s a organisé sa première vente caritative au Moyen-Orient en 2004. Intitulée « Camel Caravan Charity Auction », elle a permis de recueillir 1,3 million de dollars. La vente aux enchères la plus récente, « Art for Al Balad », a été organisée en partenariat avec le ministère saoudien de la Culture en juin 2019 et a permis de collecter 1,3 million de dollars pour un nouveau musée du patrimoine dans le quartier historique de Djeddah, site du patrimoine mondial de l’Unesco. Pour « Nous sommes tous Beyrouth », dont les premières estimations des œuvres varient entre 1 500 et 75 000 dollars américains, les organisateurs espèrent récolter au moins un million de dollars au total.

Les recettes de la vente seront versées au Fonds arabe pour l’art et la culture (AFAC) qui se chargera d’allouer les aides à la communauté artistique et culturelle de Beyrouth, tel que le musée Sursock, les galeries d’art et de design gravement touchées. Ces recettes aideront aussi à la mise en œuvre d’un programme d’aide aux artistes.

Une sélection des œuvres proposées à la vente a fait partie de l’exposition « Beyrouth, année zéro », organisée par Zoé et Nabil Debs à Arthaus, Gemmayzé, et dont les bénéfices iront à la Croix-Rouge libanaise.

Les cèdres majestueux de Nabil Nahas. Photos DR

Une mosaïque de solidarité

« C’est une lueur d’espoir, une mosaïque de solidarité et de générosité à la fois régionale et internationale », s’exclame Lyne Kaddoura, « senior consultant » chez Christie’s Moyen-Orient, soulignant la générosité des donateurs du monde entier, de Beyrouth à Los Angeles, de Dubaï à Munich, de New York à Paris, de Genève à Londres, et de catégories allant de l’art à la joaillerie et du design aux montres. Elle tient également à applaudir la solidarité d’une équipe qui s’est réunie spécialement pour cette vente. « À ce titre, le beau catalogue et l’identité visuelle de la vente ont été créés par le studio de design MFB basé à Beyrouth. Boo Pictures et Satellite My Love, des sociétés de production basées à Los Angeles et à Paris, ont créé la vidéo d’introduction de la vente », indique la jeune femme.

« Plusieurs de nos donateurs avaient à cœur d’offrir des pièces avec un symbolisme », ajoute Kaddoura, citant à titre d’exemple trois bracelets en or offerts par Piaget. « Ils sont sertis de pierres précieuses dont les couleurs rappellent celles du drapeau libanais », note la consultante. Elle souligne également le lot offert par Arije « qui a fait une commande spéciale auprès de Cartier pour les bracelets rouge et vert pour, à nouveau, rappeler la symbolique du drapeau du pays du Cèdre ».

Kaddoura mentionne également des « talents libanais exceptionnels à travers le monde faisant partie de la vente : Karma el-Khalil, créatrice de bijoux libanaise de grand talent basée à New Yok, dont les créations sont adoubées par les stars hollywoodiennes. Le Sunshine Ear Cuff, pièce phare de la créatrice et la dernière pièce disponible de cette collection, irradie d’espoir. Quant à Flavie Audi, autre talent, basée à Londres, ses œuvres viennent de bénéficier d’une exposition à la galerie Nilufar à Milan ».

Cèdres et tourmaline

Parmi les œuvres phares du catalogue, celles d’artistes de renommée internationale comme Hervé Van der Straeten, « un des premiers à avoir répondu présent à notre appel aux dons », selon Lynn Kaddoura. Ou encore Glenn Spiro, « le fameux bijoutier anglais dont les créations exceptionnelles à l’esthétique si inattendue se retrouvent autant sur Beyonce que dans les musées, avec ses magnifiques boucles d’oreilles en céramique et tourmaline. Une pièce jamais vue auparavant et que l’on découvre en grande première avec la vente », détaille la spécialiste qui souhaite aussi mentionner « le sublime Paul Guiragossian, ainsi que les magnifiques cèdres du tableau peint spécialement par Nabil Nahas et la sculpture d’Alfred Basbous ».

L’une des œuvres qui attirent également l’attention est cette reproduction en porcelaine miniature de 49 cm de hauteur de la statue des Martyrs, réalisée par Mona Hatoum. On cite également une peinture de Willy Aractingi, deux dessins de Huguette Caland, une peinture de Yazan Halwany, une œuvre de Walead Beshty...

La section Arthaus présente entre autres des œuvres d’artistes tels que Ayman Baalbaki, Serwan Baran, Abdel Rahman Katanani, Hala Ezzeddine, et les photographes Hady Sy, Rania Matar, Randa Mirza, Roger Moukarzel... Des artistes connus qui font preuve de générosité pour prouver que « Nous sommes tous Beyrouth ». Parce que, très souvent, et la scène beyrouthine en est le plus grand témoin, l’art fait (bougrement) du bien.

Le beau artistique est plus beau quand il est généreux. Ainsi apparaissent, dans toute leur splendeur altruiste, les 62 pièces qui constituent le catalogue de « We Are All Beirut/Nous sommes tous Beyrouth », la vente aux enchères caritative organisée par Christie’s sur son site internet du 11 au 24 novembre. Une vente particulière car les œuvres proposées ont été cédées...

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