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Société - Covid-19

Le confinement, seule issue sur le court terme pour soulager les hôpitaux

Cette mesure devrait être accompagnée, selon les experts, d’une stratégie sur le moyen et court terme pour atteindre zéro cas de contamination.

Le confinement, seule issue sur le court terme pour soulager les hôpitaux

Tout laisse penser que le pays se dirige vers un nouveau confinement à partir du week-end. Joseph Eid/AFP

Tout laisse penser que le Liban se dirige vers un nouveau confinement d’au moins deux semaines pour endiguer le Covid-19 qui ne cesse de progresser à pas de géant : le nombre important de contaminations au sein des corps médical – dix-sept en unités de soins intensifs et une centaine en isolement, selon le président de l’ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf – et infirmier – entre treize et vingt cas sont signalés au quotidien, d’après la présidente du syndicat des infirmières et infirmiers – ; le nombre de décès au quotidien – en moyenne une dizaine tous les jours ; la saturation des unités de Covid-19 dans les hôpitaux ; ainsi que les voix qui appellent à la prise d’une telle mesure, ce qui permettra au secteur hospitalier de reprendre des forces. Et pour cause, puisque les cas nécessitant une hospitalisation sont en perpétuelle augmentation. Selon le bilan quotidien du ministère de la Santé, le pays a enregistré 1 119 cas (dont 40 en provenance de l’étranger) et neuf nouveaux décès. Une nette baisse qui s’explique par la diminution du nombre de tests effectués les dimanches. Ces chiffres font grimper à 95 355 le total des cas cumulés, au nombre desquels 732 décès et 52 677 guérisons. Parmi les personnes toujours contaminées à ce jour, 831 sont hospitalisées, dont 305 aux soins intensifs.

Hier, la Commission ministérielle chargée du suivi du Covid-19 a formulé au Conseil supérieur de défense une recommandation pour boucler le pays pendant deux semaines à partir du samedi 14 novembre, à l’exception de l’aéroport et des frontières terrestres. Celui-ci devra se réunir aujourd’hui, à la demande du chef de l’État, pour discuter des mesures à prendre. Une réunion de la commission nationale chargée de la lutte contre le Covid-19 est également prévue.

Au stade de l’évolution de l’épidémie, le bouclage est le seul moyen susceptible de soulager le secteur hospitalier et médical. « Mais il faudrait qu’il soit d’au moins trois semaines parce que la majorité des malades ne sortent pas de l’hôpital avant une à deux semaines », explique à L’Orient-Le Jour Jacques Mokhbat, spécialiste de maladies infectieuses et membre de la commission nationale chargée de la lutte contre le Covid-19. « Idéalement, il faudrait un bouclage de quatre à six semaines, poursuit-il. Toutefois, c’est difficile à réaliser d’un point de vue économique, d’autant que nous approchons des fêtes de fin d’année. »

Pour que ce bouclage réussisse, « il faudrait qu’il soit bien appliqué et accompagné d’une campagne d’information du public pour lui expliquer les motifs du bouclage et les conditions pour le lever », ajoute le Dr Mokhbat. « Il faut également sécuriser l’emploi et les entreprises, note-t-il. À mon avis, celles qui peuvent travailler en intérieur, comme les usines, doivent pouvoir continuer à le faire durant le bouclage tout en respectant les gestes barrières, ainsi que celles qui peuvent faire du télétravail. Malheureusement, les commerces et le secteur de la restauration vont en souffrir. Il faudrait également que ce bouclage soit associé à une stratégie de fermetures et de réouvertures répétitives et alternées, une mesure qui semble être la plus efficace et qui a permis de réduire de moitié le nombre des cas dans les pays où elle a été adoptée, comme en Inde. »

Vers un vaccin
Pour le Comité indépendant pour la lutte contre le Covid-19, qui réunit des experts en santé publique, le bouclage est la solution idéale sur le court terme. Cette mesure reste toutefois incomplète si elle n’est pas accompagnée d’une stratégie sur le moyen et long terme pour atteindre zéro cas de Covid-19, « ce que le gouvernement n’a pas fait durant le premier bouclage au printemps », observe Jade Khalifé, médecin, consultant indépendant en santé publique et membre du Comité indépendant pour la lutte contre le Covid-19. « On sait que cette pandémie va durer pendant au moins un an encore, poursuit-il à L’OLJ. Même si on trouve un vaccin, il faut attendre encore plusieurs mois avant de pouvoir l›endiguer. »

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Hier, les laboratoires Pfizer ont annoncé que leur candidat vaccin était efficace à 90 % contre le Covid-19. L’essai de phase 3 en cours a été mené sur 43 000 volontaires répartis sur deux groupes. Le premier a reçu deux doses du vaccin et le second un placebo. Sur cet échantillon, la contamination au coronavirus a été observée chez 94 personnes, dont 10 % (9 candidats) ont reçu le vaccin, alors que 90 % avaient reçu le placebo. Selon les résultats préliminaires de ce travail, il faut recevoir deux doses du vaccin à deux semaines d’intervalle, sachant que la protection ne peut être obtenue que quatre semaines après avoir reçu la première dose. « C’est une excellente nouvelle, mais il faudrait attendre une évaluation plus complète pour déterminer l’efficacité de ce vaccin et ses potentiels effets secondaires, commente le Dr Mokhbat. En espérant que ce vaccin ait une efficacité prouvée, il serait peu probable qu’il y ait une production suffisante avant plusieurs mois. »

Le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a affirmé dans ce cadre que le Liban figure au nombre des premiers pays à recevoir ledit vaccin.

Zéro cas
Le Comité indépendant de lutte contre le Covid-19 a développé une stratégie pour atteindre zéro cas de Covid-19 (qui peut être consultée sur le site zerocovidlb.com), espérant que le gouvernement la prendra en considération. « Dans le monde, différentes stratégies ont été adoptées, avance-t-il. La stratégie de mitigation qui vise à aplanir la courbe des contaminations de manière à ne pas surcharger les hôpitaux. Une autre stratégie vise à juguler la pandémie, ce qui permet d’atteindre plus ou moins zéro cas au quotidien. Notre comité est convaincu que la meilleure stratégie consiste à atteindre zéro cas, d’autant qu’une nouvelle augmentation de cas est observée dans les pays qui ont adopté la stratégie de mitigation, comme les Pays-Bas, la Belgique, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Ce qui n’est pas le cas des pays qui ont œuvré pour maintenir le niveau de contamination proche de zéro cas, comme les pays d’Asie de l’Est, notamment la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, Taïwan, et récemment l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Près de trente pays ont réussi à juguler l’épidémie en adoptant cette stratégie. »

Pour ce comité donc, il faut que le Liban se fixe pour objectif d’atteindre zéro cas, « d’autant que les capacités médicales du pays sont très faibles », insiste le Dr Khalifé. « Mais aussi parce que le pays ne supporte pas le recours à des bouclages répétés qui sont nuisibles pour la santé, les gens et l’économie, soutient-il. Par ailleurs, nous avons constaté que tous les pays qui ont surtout misé sur le respect des recommandations connaissent de nouveaux pics de l’épidémie. »

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Pour atteindre cet objectif, « il n’y a d’autres issues sur le court terme que d’imposer un bouclage de quatre à six semaines, au moins dans les grandes villes », insiste le Dr Khalifé, quitte à « boucler les zones rouges dans les régions rurales ». Ce bouclage doit impérativement être accompagné d’un réseau de protection sociale pour permettre à la population de survivre à cette période. De plus, il faut interdire les rassemblements sous toutes leurs formes, améliorer le traçage des cas, augmenter le nombre des centres d’isolement, prévoir des espaces dans lesquels les voyageurs puissent rester en quarantaine durant deux semaines.

« Sur le moyen terme, la quarantaine dans ces centres – qui, malheureusement, n’ont jamais été utilisés au Liban – sera obligatoire pour les personnes testées positives parce que chaque zone doit maintenir son statut de zone verte, c’est-à-dire une zone à faible transmission communautaire du coronavirus, avance le Dr Khalifé. Dans la dernière phase, l’isolement et la quarantaine seront obligatoires respectivement aux cas positifs et à ceux suspects. D’où la nécessité que ces centres soient bien équipés, de bonne qualité et mis sous surveillance. »

Cela peut paraître utopique pour un pays en faillite. Néanmoins, le Dr Khalifé assure que « le Liban a les capacités de le faire grâce à une stratégie et une coopération entre les différents secteurs ». Une volonté politique est de mise.

Tout laisse penser que le Liban se dirige vers un nouveau confinement d’au moins deux semaines pour endiguer le Covid-19 qui ne cesse de progresser à pas de géant : le nombre important de contaminations au sein des corps médical – dix-sept en unités de soins intensifs et une centaine en isolement, selon le président de l’ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf – et...

commentaires (1)

"... Le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a affirmé dans ce cadre que le Liban figure au nombre des premiers pays à recevoir ledit vaccin. ..." - Pourquoi?

Gros Gnon

00 h 31, le 10 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • "... Le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a affirmé dans ce cadre que le Liban figure au nombre des premiers pays à recevoir ledit vaccin. ..." - Pourquoi?

    Gros Gnon

    00 h 31, le 10 novembre 2020

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