Pour l’Iran, l’élection aux États-Unis ne change rien

La présidentielle américaine n’aura « aucun effet » sur la ligne politique adoptée par Téhéran vis-à-vis des États-Unis, a déclaré hier le guide suprême iranien, Ali Khamenei, dans un discours télévisé. Parlant à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de Mahomet, l’ayatollah Khamenei s’en est également pris de nouveau à la France à propos de l’affaire des caricatures du prophète de l’islam publiées par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. « Au sujet des États-Unis, nous suivons une politique sensée, calculée et caractéristique, et cette politique ne peut être affectée par des changements de personnes » à

Washington, a déclaré M. Khamenei. « Le va-et-vient des personnes (à la Maison-Blanche) n’aura aucun effet sur notre politique », a ajouté le numéro un iranien. Les Américains se rendaient aux urnes hier pour élire leur président, et cette élection coïncide cette année en Iran avec le 41e anniversaire de la crise des otages américains déclenchée le 4 novembre 1979 par la prise d’assaut de l’ambassade des États-Unis à Téhéran.

Cet épisode, qui ne s’achèvera que 444 jours plus tard avec la libération de 52 Américains, a entraîné la rupture des liens diplomatiques entre Washington et la République islamique, et continue d’empoisonner les relations irano-américaines.

L’Iran et les États-Unis se sont retrouvés par deux fois au bord de la guerre depuis juin 2019, sur fond de tensions dans le Golfe et autour de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015. Le président américain sortant Donald Trump a dénoncé unilatéralement ce pacte en 2018 et engagé une politique de « pression maximale » contre l’Iran à coup de sanctions économiques ayant plongé l’économie iranienne dans une récession sévère.

« Caricature perverse »

En riposte, Téhéran s’est affranchi depuis mai 2019 de la plupart de ses engagements-clés pris à Vienne. Rival de M. Trump, le candidat démocrate Joe Biden a indiqué qu’en cas de victoire, il comptait proposer « à l’Iran une voie crédible de retour à la diplomatie » en vue de réintégrer les États-Unis au sein de l’accord de Vienne. Dans son discours, M. Khamenei est revenu sur les suites de l’affaire des caricatures de Mahomet qui provoquent des manifestations antifrançaises depuis quelques jours dans plusieurs pays musulmans. Les manifestants dénoncent les propos du président français Emmanuel Macron, qui a fermement défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression après la décapitation par un islamiste, mi-octobre, d’un enseignant français, Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. « On dit qu’un homme a été assassiné; il fallait déplorer sa mort, compatir et faire preuve d’affection, a déclaré M. Khamenei. Mais pourquoi précisément défendez-vous cette caricature perverse et vicieuse ? » « La défense indécente et déplorable de ce dessin par le gouvernement français et certains autres pays prouve (...) que ces actes offensants découlent d’une action organisée », a-t-il ajouté. Dans une allusion aux Moudjahidine du peuple, mouvement d’opposition interdit en Iran et installé en région parisienne depuis des années, M. Khamenei a reproché au « gouvernement français (de lier l’affaire des caricatures) à la liberté » d’expression, mais de donner en même temps « refuge aux plus brutaux et aux plus sauvages des terroristes ».

Source : AFP