Explosions à Beyrouth : Swiss Re a constitué 222 millions de dollars de réserves

L’entreprise de réassurance Swiss Re a constitué une réserve de « 222 millions de dollars » pour répondre aux éventuelles réclamations des sociétés d’assurances libanaises auprès d’elle, suite à la double explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août dernier, a indiqué le directeur financier du groupe, John Dacey, lors de la présentation des résultats financiers du troisième trimestre de la société le 30 octobre. Dans son rapport, la firme indique que l’explosion du 4 août figure en tête de liste des sinistres inscrits à son bilan et qui n’ont pas été provoqués par des catastrophes naturelles.

Selon l’Association des compagnies d’assurances au Liban (ACAL), Swiss Re est le plus important réassureur des compagnies d’assurances libanaises, avec Hannover Re, qui n’a pas encore communiqué le montant des réserves qu’il comptait immobiliser pour financer les éventuelles demandes de remboursements liées à la tragédie du 4 août. Courant septembre, une autre société de réassurance, Munich Re, avait, elle, estimé que les réclamations attendues suite à la double explosion s‘élèveront au moins à 100 millions d’euros (118 millions de dollars), sans toutefois indiquer si elle avait constitué des réserves.

Toutefois, cet argent n’est pas près d’arriver au Liban, l’Association des compagnies d’assurances au Liban (ACAL) ayant bien précisé à plusieurs reprises que les réassureurs se baseront sur le rapport officiel concernant les causes de l’explosion pour débourser de l’argent. Or cette enquête dirigée par le juge Fadi Sawan n’a toujours pas abouti.

Bien que l’ACAL ait réitéré l’engagement des assureurs à rembourser les dégâts, la Chambre de commerce de Beyrouth (CCIAB) a fait appel mi-septembre à une entreprise italienne, e-Technical Consulting, spécialisée dans le traitement et les négociations liées aux procédures de réclamations entre assureurs et assurés. Cette société aide gratuitement les entreprises et individus à monter des dossiers afin d’obtenir gain de cause auprès des compagnies d’assurances. Ensuite, les assurés pourront soit négocier seuls avec ces derniers, soit l’entreprise italienne pourra s’en charger, moyennant une commission de l’ordre de 2 à 3 %.

Plus de 200 personnes sont décédées, plus de 6 500 ont été blessées et 300 000 sont devenues sans-abri suite à l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont pris feu dans un hangar du port où elles étaient stockées depuis 2014. Selon les différentes estimations, les dégâts sont évalués entre 3 et 5 milliards de dollars.

M.A.