Le président Emmanuel Macron pourrait annoncer mercredi soir un reconfinement généralisé en France et l'Allemagne envisage également de nouvelles restrictions drastiques pour tenter de contenir la deuxième vague du coronavirus, qui a fait plus de 500.000 contaminations dans le monde en une journée. Face à la nouvelle flambée de Covid-19, qu'elle a qualifiée de "très grave", la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé que l'UE allait engager 100 millions d'euros pour l'achat et la distribution de test rapides.
L'Europe est le continent dans lequel la pandémie progresse le plus rapidement, avec plus de 220.000 nouvelles contaminations quotidiennes en moyenne durant les sept derniers jours, soit une augmentation de 44% par rapport à la semaine précédente.
En Belgique, les hospitalisations ont même atteint le pic de la première vague au début du printemps.
En France, après un conseil de défense et une réunion avec ses ministres, Emmanuel Macron doit annoncer à 20h00 (19h00 GMT) de nouvelles mesures qui s'annoncent "impopulaires", selon un conseiller ministériel. Hypothèse la plus probable: un confinement d'une durée de quatre semaines, jusqu'à fin novembre, éventuellement renouvelable. Mais il serait moins strict que celui de mars puisque crèches, écoles primaires et collèges, ainsi que certains commerces essentiels, resteraient ouverts. "Il faut s'attendre à des décisions difficiles", a prévenu le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin. Les deux tiers des habitants sont déjà soumis à un couvre-feu nocturne.
La crainte des autorités françaises est la saturation des services de réanimation, où plus de la moitié des 5.800 lits disponibles sont déjà occupés. L'épidémie a fait plus de 35.000 morts dans le pays et a atteint un record de plus de 50.000 contaminations quotidiennes dimanche.
Sauver Noël en Allemagne
L'Allemagne envisage elle aussi de nouvelles mesures drastiques, avec fermeture pour un mois des bars, restaurants et installations sportives et culturelles, selon des propositions du gouvernement d'Angela Merkel qui doivent être discutées mercredi avec les régions. Face à une "dynamique exponentielle" des nouvelles infections et une "situation très grave", ces restrictions entreraient en vigueur le 4 novembre, selon un projet d'accord entre la chancellerie allemande et les dirigeants régionaux consulté par l'AFP.
Avec environ 11.000 morts, l'Allemagne s'en sort - comme au printemps - toujours nettement mieux que d'autres pays européens comme la France ou l'Espagne. Mais le ministre conservateur de l'Economie Peter Altmaier craint que les infections grimpent à 20.000 par jour "dès la fin de cette semaine".
"L'espoir est d'avoir la situation en main d'ici Noël" et d'éviter un reconfinement total de plusieurs semaines, souligne une source proche du gouvernement à Berlin, et ce alors que la plupart des marchés de Noël, si chers aux Allemands, ont été annulés en raison de la pandémie.
Les autres Etats de l'UE sont sur une trajectoire identique, comme la République tchèque où un couvre-feu de 21h00 à 04h59 est entré en vigueur mercredi jusqu'au 3 novembre.
Les Bourses sous pression
Sur l'ensemble du continent, la crainte est d'asséner un nouveau coup à une économie convalescente. Et les Bourses mondiales étaient sous pression mercredi, les investisseurs craignant l'impact économique des nouvelles restrictions en passe d'être annoncées.
En Europe, Francfort, Milan et Bruxelles lâchaient plus de 3% à 09H20 GMT. Paris, Lisbonne et Vienne cédaient plus de 2%.
L'Italie a déjà imposé ces derniers jours un couvre-feu dans plusieurs grandes régions, la fermeture des bars et des restaurants à 18h00, ainsi que celle des salles de sport, de cinéma et de concert, provoquant colère et révolte.
En Espagne, exsangues après avoir lutté contre le coronavirus pendant plus de six mois, la grande majorité des médecins du service public ont entamé mardi une grève nationale, la première en 25 ans, pour réclamer plus de reconnaissance.
10.000 morts au Canada
La pandémie a fait au moins 1.168.750 morts dans le monde, selon un bilan établi par l'AFP mercredi à 11h00 GMT à partir de sources officielles. Plus de 44.056.470 cas d'infections ont été officiellement diagnostiqués.
Le Canada a franchi mardi soir le cap des 10.000 morts. Plus de 90% des décès ont été recensés dans les deux plus grandes provinces du pays, l'Ontario et surtout le Québec.
L'Iran a de son côté enregistré la mort de 415 personnes en 24 heures, dépassant le record déjà atteint la veille dans le pays le plus touché par la pandémie au Moyen-Orient.
Les Etats-Unis restent cependant le pays le plus touché, déplorant plus de 225.000 morts sur près de neuf millions de cas. Mais à une semaine de l'élection présidentielle, le président sortant Donald Trump s'est dit mardi excédé de voir la campagne dominée par la pandémie, dont son adversaire Joe Biden a fait son principal atout en dénonçant la gestion du président. "Covid, Covid, Covid! Les médias +Fake News+ n'ont que ce mot à la bouche", a lancé le milliardaire républicain lors d'un meeting à West Salem, dans le Wisconsin.
A l'inverse du reste du monde, un immense sentiment de soulagement dominait mercredi chez les commerçants de Melbourne, dans le sud de l'Australie, qui ont finalement pu rouvrir leurs boutiques et restaurants après plus de trois mois de fermeture. Depuis deux semaines, le nombre quotidien de nouveaux cas dans la métropole n'est que de trois.
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