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Culture - Cinéma

« Roadblock » ou quand l’incommunicabilité s’érige en barrage

Écrit et interprété par Pascale Seigneurie, réalisé par Dahlia Nemlich et produit par Marine Vaillant, le court-métrage fera sa première mondiale, en compétition, au Festival du film d’el-Gouna, qui débute aujourd’hui en Égypte et se tient jusqu’au 31 octobre.

« Roadblock » ou quand l’incommunicabilité s’érige en barrage

Ahmad Hammadi Chassin (Anthony) et Pascale Seigneurie (Farah), des jeunes qui croient au changement.

Roadblock, court-métrage en compétition au Festival du film d’el-Gouna, est le fruit d’une année d’écriture, de changements, de réalisation et de difficultés accumulées que trois jeunes femmes ont porté vaillamment sur leurs épaules. Liées par la volonté d’écrire, de raconter en images la société libanaise et de dire à haute voix ce que souvent on chuchote tout bas, elles sont aussi unies par la passion de l’art sous toutes ses formes. Pascale Seigneurie (scénariste, comédienne et danseuse) et Dahlia Nemlich (réalisatrice) se sont connues lors de leur scolarité au Lycée français, au Liban, avant de se retrouver sur des plateaux de tournage. Quant à Marine Vaillant, c’est son amitié avec la scénariste qui la rapprochera de la réalisatrice. D’abord assistante de la productrice Anne-Dominique Toussaint en France, Marine Vaillant a ensuite créé sa propre société de production au Liban, Dewberries Films, proposant pour chaque projet un accompagnement dans le scénario sur le plan artistique. « Pour moi, ce projet a commencé par de nombreuses années d’amitié avec Pascale, raconte Dahlia Nemlich à L’OLJ. Elle a cru en moi et m’a confié son scénario, ce qui m’a poussée à mon tour à avoir confiance en moi. » Après avoir travaillé ensemble sur un premier projet – Manara de Zain Alexander, un court-métrage présenté en 2019 à Venise –, leur complicité se poursuit au fil des ans.

La réalisatrice franco-libanaise Dahlia Nemlich sur le tournage du film « Roadblock ». Photos DR

D’une même voix

Pascale Seigneurie en est aujourd’hui à son troisième scénario. « J’aime écrire pour avoir à interpréter des rôles dans les films », dit-elle, avant de poursuivre : « Nous avons écrit et réalisé dans une époque confuse et j’ai été fière d’apprendre que Roadblock a été sélectionné au Festival d’el-Gouna. » D’autant plus que sa production n’a pas été aisée. Les défis étaient multiples : « Les crises sanitaire et économique au Liban (elles ont tourné à Tripoli), la révolution qui nous a obligées à changer maintes fois de scénario et bien sûr le manque de fonds, afin que ce film prenne forme et de la manière la plus juste », signale la scénariste.

Un autre lien très fort unit ces trois femmes sur le tournage de Roadblock, malgré le fait qu’elles soient séparées parfois par la distance géographique. Un lien qui a pour essence l’amour du Liban. La réalisatrice, la scénariste et la productrice portent au pays du Cèdre un amour indéfectible qui les a poussées à réaliser ce projet en commun. « On ne devient pas libanais par le sol. J’ai connu le Liban il y a plus de dix ans et j’y suis restée très attachée. Je trouve que ce pays a une grande richesse cinématographique », souligne Marine Vaillant.

Ce court-métrage tourné sur fond de révolution est un peu prémonitoire, puisqu’il a été écrit avant le 17 octobre 2019. Il parle de société multiculturelle mais aussi des identités diverses qui forment la mosaïque libanaise. Des microcosmes de cultures différentes qui sont parfois séparées par un barrage d’incompréhension (d’où le titre du film). L’écriture, parfois absurde et décalée, parfois dramatique, se lit à plusieurs niveaux, épousant harmonieusement la mise en scène. « Ce film qui est d’apparence “masculine” puisqu’il parle de miliciens, de barrages…, j’ai voulu qu’il soit réalisé avec une touche féminine et Dahlia l’a compris ainsi. Elle a une douceur doublée d’une rigueur et d’une connaissance des arts qui donnent à sa caméra une forte charge émotionnelle », indique Pascale Seigneurie. « Je voulais mettre l’accent sur ces personnages brossés par Pascale, qui représentent des identités différentes et qui vont se croiser un jour et causer un clash, relève Dahlia Nemlich. Au début, nous avions un peu peur d’aborder des sujets sensibles, mais après ce qui s’est passé il y a deux mois à Beyrouth (la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août, NDLR), il est important de parler. Le film est aussi le fruit d’une synchronisation de belles énergies. Celle des acteurs, Julian Farhat, Ahmad Hammadi Chassin, Pascale Seigneurie et Moe Yassine, mais aussi celles de l’équipe technique comme Fatma Racha Shehadeh à la cinématographie, Nadim Maalouf au son et Adam Jammal au montage. »

Un court-métrage qui signe le début d’une longue collaboration entre ces trois femmes dans l’avenir.

Roadblock, court-métrage en compétition au Festival du film d’el-Gouna, est le fruit d’une année d’écriture, de changements, de réalisation et de difficultés accumulées que trois jeunes femmes ont porté vaillamment sur leurs épaules. Liées par la volonté d’écrire, de raconter en images la société libanaise et de dire à haute voix ce que souvent on chuchote tout bas, elles...

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