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Politique - Gouvernement

Après les chiites, les chrétiens durcissent le ton et ralentissent la machine...

Nabih Berry pourrait mener des contacts afin de « ne pas rater l’opportunité des consultations » prévues jeudi.

Après les chiites, les chrétiens durcissent le ton et ralentissent la machine...

Saad Hariri et Nabih Berry à Aïn el-Tiné, le 16 juin 2020. Hassan Ibrahim/Photo d’archives du Parlement

À quelques jours des consultations parlementaires contraignantes prévues en principe jeudi à Baabda, la désignation du prochain Premier ministre est plus que jamais entourée de flou. À l’heure où le président de la Chambre Nabih Berry s’efforce de distiller un climat d’optimisme quant à une probable percée cette semaine, le durcissement du ton des partis chrétiens et leur opposition à la nomination du leader du Futur Saad Hariri pour former la prochaine équipe ministérielle bloquent toujours le processus gouvernemental.

Moins de 24 heures avant les consultations qui étaient attendues jeudi dernier, le chef de l’État Michel Aoun a décidé de les reporter d’une semaine, en arguant de la nécessité d’assurer un climat propice à la formation du gouvernement. La décision était intervenue à l’heure où Saad Hariri s’employait à obtenir le soutien des principales forces politiques.

En évoquant la nécessité d’assurer « un climat propice » à la formation du cabinet, Baabda cherchait selon certains analystes à assurer un soutien chrétien à une nouvelle nomination de M. Hariri au Sérail, dans la mesure où sa candidature se heurtait à l’opposition du Courant patriotique libre et des Forces libanaises. C’est donc par souci de « conformité au pacte national » que le chef de l’État a préféré reporter les consultations. Mais dans certains milieux politiques, on fait valoir que cette notion de conformité au pacte semble élastique et utilisée « à la carte » dans le cadre du règlement de comptes habituel entre les chefs politiques. On en veut pour preuve que les consultations ont été reportées en dépit du soutien des Marada, parti chrétien dirigé par Sleiman Frangié, à la nomination de Saad Hariri. On rappelle aussi que le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab ne bénéficiait pas de la couverture sunnite, c’est-à-dire de l’appui du courant du Futur et des quatre ex-chefs de gouvernement Saad Hariri, Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam, mais que les consultations avaient été maintenues (…).

Quoi qu’il en soit, l’obstacle chrétien semble loin d’être surmonté dans un avenir proche, le CPL et les FL campant sur leurs positions respectives et ralentissant la machine. Réuni samedi à distance, le comité politique du courant aouniste a ainsi réitéré son attachement à l’initiative française, prônant « la mise en place d’un gouvernement de mission, dont le chef et les membres seraient des spécialistes », comme on peut lire dans un communiqué publié à l’issue de la réunion. « Le conseil politique a décidé à l’unanimité de ne pas nommer Saad Hariri (pour former le prochain gouvernement), dans la mesure où il n’est pas spécialiste, avec tout le respect dû à sa personne et à sa représentativité politique », ajoute le texte, jugeant « injustes » les accusations lancées contre le parti dirigé par Gebran Bassil, lui imputant la responsabilité du blocage actuel.

Tout comme le CPL, les FL se montrent de plus en plus convaincues de leur décision de priver, une fois de plus, le chef du courant du Futur de leur soutien. Si cela s’explique par les rapports gelés entre les deux camps depuis la désignation de Hassane Diab en décembre dernier, il reste que le groupe parlementaire FL ne nommera aucune personnalité lors des consultations attendues jeudi. Pour certains analystes politiques, cette position prive Saad Hariri d’un appui chrétien significatif, sans pour autant paver la voie à la désignation d’un expert, comme le veut le mouvement de contestation que Meerab affirme appuyer.

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Mais dans les milieux FL, on présente à L’Orient-Le Jour une autre explication. Selon un responsable au sein du parti, la formation chrétienne est convaincue que le chef du Futur n’est pas la personne la mieux placée pour mettre en place un gouvernement à l’heure actuelle. Mais les FL sont conscientes en outre qu’aucun gouvernement, quel que soit son chef, ne pourra opérer les changements nécessaires sous l’égide de la majorité parlementaire actuelle. Une claire allusion au tandem chiite et au CPL, en direction desquels Samir Geagea avait décoché plusieurs flèches, excluant la possibilité d’un redressement du pays tant que ces trois partis sont aux commandes.

Raï se déchaîne à nouveau…
Face à ce durcissement de ton de la part des deux partis chrétiens majoritaires, les tractations gouvernementales semblent gelées. C’est ce qui aurait poussé le patriarche maronite Béchara Raï à se déchaîner à nouveau contre la classe dirigeante dans son ensemble. « Personne n’est innocent du sang du Liban. La responsabilité est collective, la reddition des comptes aussi », a-t-il lancé dans son homélie dominicale hier à Bkerké. S’en prenant ouvertement aux protagonistes, notamment ceux qui entravent la formation du cabinet, le chef de l’Église maronite s’est adressé à eux en ces termes : « Responsables et politiques, qui d’entre vous a encore le luxe de s’offrir du temps pour retarder les consultations parlementaires et la formation du cabinet ? Qui d’entre vous a la prérogative de manipuler la Constitution, le pacte national, l’accord de Taëf, le système, la vie de la nation et le peuple ? Ôtez vos mains et libérez le gouvernement ! » Encore une attaque contre le binôme chrétien, mais aussi contre le tandem Amal-Hezbollah. Celui-ci insistant toujours pour nommer les ministres chiites au sein de la future équipe, contrairement à l’esprit de l’initiative Macron.

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De son côté, Baabda ne voit jusque-là aucun motif pour reporter une fois de plus les consultations parlementaires. Elles sont donc maintenues, en principe jeudi. Et c’est justement pour ne pas « rater cette opportunité », pour reprendre les termes d’un proche de Aïn el-Tiné, que le président de la Chambre Nabih Berry pourrait mener des contacts à même de faciliter la nomination d’un Premier ministre. C’est ainsi que les milieux du chef du législatif interprètent pour L’OLJ la déclaration hier de M. Berry au site web al-Intichar. Le président du Parlement a dit espérer « un progrès au niveau du dossier gouvernemental » cette semaine.Entre-temps, il convient de signaler que le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim s’est rendu à Paris, après son déplacement aux États-Unis.

À quelques jours des consultations parlementaires contraignantes prévues en principe jeudi à Baabda, la désignation du prochain Premier ministre est plus que jamais entourée de flou. À l’heure où le président de la Chambre Nabih Berry s’efforce de distiller un climat d’optimisme quant à une probable percée cette semaine, le durcissement du ton des partis chrétiens et leur...

commentaires (10)

au lieu de se déchaîner contre telle ou telle partie et de se mêler au quotidien de la chose publique , le patriarche Rai ferait mieux en ces temps de vache enragée de s'occuper de ses ouailles privés du minimum vital .

Hitti arlette

20 h 06, le 19 octobre 2020

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Commentaires (10)

  • au lieu de se déchaîner contre telle ou telle partie et de se mêler au quotidien de la chose publique , le patriarche Rai ferait mieux en ces temps de vache enragée de s'occuper de ses ouailles privés du minimum vital .

    Hitti arlette

    20 h 06, le 19 octobre 2020

  • Ce titre n'est pas vrai, car ce sont seulement Aoun et le CPL qui provoquent les obstacles. Les FL participent démocratiquement et normalement.

    Esber

    13 h 00, le 19 octobre 2020

  • “... Après les chiites, les chrétiens durcissent le ton et ralentissent la machine... ...” -> d’abord il y a une faute d'orthographe à crétins. Ensuite je ne savais pas qu'on pouvait ralentir une machine à l'arrêt. Il faudra me montrer comment faire...

    Gros Gnon

    12 h 44, le 19 octobre 2020

  • Et si demain Hariri acceptait de donner une part du gâteau pourri qu’il est en train de préparer au CPL avec les mêmes conditions du tandem chiite de nommer et choisir les ministères qu’ils veulent, cederont ils en oubliant que le gouvernement serait un gouvernement de vendus comme ceux d’avant en rejetant la pierre sur les Kataëb et FL ou refuseront t ils de participer à ce qu’on appelle une soupe réchauffée pour continuer de massacrer le pays? La réponse est toute trouvée. Ils irons en courant donner leur confiance et le tour sera joué. Et c’est là la preuve évidente qu’il n’a jamais s’agit de confessions mais que d’intérêts personnels qui passent toujours avant celui de notre pauvre pays. Le chef de l’état n’hésiterait pas une seule seconde à donner son accord pour des consultations contraignantes le jour où son Gendron obtiendrait sa part. Alors qu’on ne vienne pas nous parler de bloc maronite et de charabia. Il s’agit en premier de bataille de coqs et de partages du pouvoir et de l’argent que générerait leur pseudo union nationale pour mieux nous achever. Pourquoi empêchent- ils que l’audit que les libanais payent à hauteur de dizaines de millions fasse son travail? Pourquoi refusent- ils que le FMI mette son nez dans les comptes pour voir le gaspillage et le sort des milliards versés comme aides et le recettes des taxes et les combines du carburant et bateaux acheminés soit disant pour fournir l’électricité? Ils seront démasqués et ça ils n’en veulent pas.

    Sissi zayyat

    12 h 24, le 19 octobre 2020

  • Samir Geagea Président, Achraf Rifi PM, Nadim Koteich ou Dima Sadek chefs d'un vrai parlement qui se respecte. Paix avec Israël en même temps que l’Arabie et Bahrein et réintégration du pays en tant qu'espace entre nos amis d'occident et ceux d'orient. Nous ne sommes plus au tant de la guerre froide les USA ont gagné, presque tous les arabes l’ont compris. Le Liban n’a aucune raison ou intérêt de devenir un Venezuela, Iran ou Syrie. Bref ce que le président Bechir Gemayel un précurseur voulait pour le pays doit se réaliser pour que le Liban déjà moribond à cause du Hezb et des lâches qui ont peur de lui faire face ait un chance de ressusciter un jour

    Liban Libre

    12 h 18, le 19 octobre 2020

  • Sue cette photo on y voit deux membres du cartel ....

    hrychsted

    09 h 55, le 19 octobre 2020

  • Par contre, vous tous: CPL, FL, Hezbollah, Amal, présidents de...et chefs de...vous êtes experts en égoïsme et entêtement criminel envers votre pays et son peuple, qui s'enfonce dans l'enfer quotidien...promis généreusement par celui qui continue de se prétendre, sans aucune mauvaise conscience..."chef de notre Etat"...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 49, le 19 octobre 2020

  • IL Y A QUAND MEME UNE DIFFERENCE. LES CHIITES VEULENT LA CONTINUATION DES GOUVERNEMENTS QU,ILS CONTROLAIENT POUR LE COMPTE DES IRANIENS TANDIS QUE LES CHRETIENS ( CPL EXCLUS ) F.L. ET KATAEBS EN TETE VEULENT LE CHANGEMENT RECLAME PAR LA THAWRA. LES KATAEBS ONT DEMISSIONNE DU PARLEMENT ET LES F.L. NE PARTICIPENT POINT A TOUS CES GOUVERNEMENTS FANTOCHES DES DERNIERS TEMPS. SEULS LE BARBU ET BERRY ET LE TONNERE QUI PETE REVENT ENCORE D,HEGEMONIE CHIITO IRANIENNE SUR LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 42, le 19 octobre 2020

  • Quand ce ne sont pas les uns, ce sont les autres ... au Liban nous connaissons la technique de l'auto sabotage certains ont même appris les techniques de leur chef Syrien : après moi le déluge donc gardez moi comme dictateur vous n'avez pas meilleure option. Tous, de Hariri au Hezbollah aux parties chrétiennes ou Druze, sont responsables de ce qui se trame aujourd'hui. En attendant ce sont des criminels car le peuple et le Liban meurent à leur feu doux et à leur jeu macabre.

    Zeidan

    08 h 10, le 19 octobre 2020

  • ON ETAIT ETTONNE QUE LE PRESIDENT AOUN DISENT AUX POLITICIENS QUI LE VISITER DE REGLER LES PROBLEMES QU'ILS LUI SOUMETTAIENT AVEC THEREZE MAIS DE LA A VOIR QUE LUI MEME DOIT RESOUDRE SON PROBLEME EN CONSULTANT THEREZE CELA DEVIENT INNADMISSIBLE LA VERITE le conseil politique a décidé à l’unanimité de ne pas nommer Saad Hariri (pour former le prochain gouvernement), C'EST INCROYABLE L'EMPRISE QUE BASSIL A SUR LE CPL IL N'Y A DONC PAS UN SEUL MEMBRE DU COMITE QUI PENSE QUE LES CHRETIENS FONT UNE ENORME ERREUR EN LAISSANT L'EGO DE THEREZE L'EMPORTER SUR LA SURVIE DU PAYS?

    LA VERITE

    02 h 34, le 19 octobre 2020

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