Rechercher
Rechercher

Monde - France

L'enseignant décapité avait été livré à la vindicte sur les réseaux sociaux

L'assaillant, abattu par les policiers, était un réfugié russe d'origine tchétchène, né en 2002 et présent légalement sur le sol français.

L'enseignant décapité avait été livré à la vindicte sur les réseaux sociaux

Des élèves et leurs parents déposent des fleurs devant l’école dans laquelle enseignait le professeur d’histoire décapité, vendredi soir, à Conflans Saint-Honorine, en région parisienne. AFP / Bertrand GUAY

Les éléments de l'enquête dévoilés samedi sur "l'attentat terroriste islamiste" contre un professeur décapité près de Paris par un réfugié mettent en lumière la vindicte à laquelle il a été désigné sur les réseaux sociaux pour avoir montré une caricature de Mahomet à ses élèves.

Evoquant "l'extrême gravité des faits et leur immense retentissement", le procureur anti-terroriste Jean-François Ricard a livré quelques détails samedi après-midi sur l'attentat qui a horrifié la France, tandis que sur place, des dizaines d'élèves et de parents se succédaient pour déposer une rose blanche au pied des grilles du collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, près de Paris.
Le magistrat a précisé que l'assaillant, abattu par les policiers, était un réfugié russe d'origine tchétchène, né en 2002 et présent légalement sur le sol français.

Samuel Paty, père de famille de 47 ans, rentrait chez lui quand il a été attaqué par Abdoullakh Abouyezidovitch A. qui a revendiqué le meurtre sur Twitter en faisant le lien avec Mahomet. L'ambassade de Russie en France a nié tout lien avec l'assaillant qui vivait depuis 12 ans en France.
Trois semaines après une attaque islamiste durant laquelle un Pakistanais avait blessé à coups de hachoir deux personnes qui se trouvaient devant les anciens locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, et en plein débat sur la préservation de la laïcité face aux assauts communautaristes, l'assassinat de vendredi a révolté le pays. Un hommage national sera rendu à M. Paty mercredi et des rassemblements sont prévus dimanche.

Un total de dix personnes ont été interpellées et placées en garde à vue depuis vendredi soir, des proches de l'assaillant, mais aussi le père d'une des élèves du professeur, qui l'avait livré à la vindicte sur les réseaux sociaux, et un militant islamiste très actif, Abdelhakim Sefrioui, qui avait fait de même.

Vidéos sur les réseaux 
Selon les éléments dévoilés par le magistrat, le professeur avait organisé avec ses élèves un débat, prévu dans le cadre des cours d'éducation civique, au cours duquel il a montré des caricatures du prophète Mahomet. Il avait alors proposé aux élèves qui le souhaitaient de ne pas regarder certains dessins.

Le père d'un élève, placé en garde à vue, s'était indigné de ce cours dans plusieurs vidéos, rendant public sur internet le nom du professeur et l'adresse du collège, et allant rencontrer la principale pour demander son renvoi. Après ces publications, "la principale faisait état de nombreux appels (téléphoniques) menaçants reçus par le collège", a précisé le magistrat.
Selon lui, Abdoullakh Abouyezidovitch A. s'est posté devant le collège vendredi vers la mi-journée et a demandé à des élèves de lui désigner le professeur. "Ce crime terroriste est le second commis pendant que se déroulent les audiences du procès du mois de janvier 2015 commencé au début du mois de septembre dernier. Cela confirme le très haut niveau de la menace terroriste islamiste", a déclaré M. Ricard. Le procès est celui des complices des assaillants des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, qui avaient tué 12 personnes, là encore en représailles après la publication de ces mêmes caricatures. Au total, la vague d'attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France a fait 259 morts.

Esprit critique 
M. Paty "était à fond dans son métier", qu'il "aimait beaucoup", confiait vendredi Martial, un lycéen de 16 ans, accouru devant son ancien collège. "Il voulait vraiment nous apprendre des choses. De temps en temps, on faisait des débats, on parlait". "Nos enseignants continueront à éveiller l'esprit critique des citoyens de la République, à les émanciper de tous les totalitarismes et de tous les obscurantismes", a déclaré sur Twitter le Premier ministre Jean Castex. "Je serai, et notre pays sera à vos côtés pour vous protéger, vous permettre de faire votre métier qui est le métier le plus essentiel, transmettre à nos enfants les savoirs et les valeurs qui sont notre bien commun", a assuré le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer dans un message vidéo aux professeurs, une catégorie particulièrement importante dans le paysage socio-politique français. Depuis 30 ans, l'éducation nationale est en première ligne face aux revendications de certains milieux musulmans.

Le président Emmanuel Macron s'était lui rendu sur les lieux vendredi soir, qualifiant l'assassinat d'"attentat terroriste islamiste caractérisé". "Ils ne passeront pas. L'obscurantisme ne gagnera pas", a martelé, ému, le chef de l'Etat, dans un pays où les signes de tensions provoqués par les islamistes sont réguliers, déclenchant une réplique des autorités pour préserver les valeurs laïques de la République. Une réplique elle-même dénoncée par certains organismes musulmans comme "islamophobe".

A l'étranger, la présidente de Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rendu hommage à l'enseignant, adressant ses "condoléances à sa famille et aux Français. Mes pensées vont aussi aux enseignants, en France et partout en Europe. Sans eux, il n'y a pas de citoyens. Sans eux, il n'y a pas de démocratie". "Nous devons protéger la liberté d'expression" a réagi le Premier ministre tchèque Andrej Babis, tandis que le gouvernement jordanien "dénonce ce crime terroriste et toutes les formes de violence et de terrorisme".

Les éléments de l'enquête dévoilés samedi sur "l'attentat terroriste islamiste" contre un professeur décapité près de Paris par un réfugié mettent en lumière la vindicte à laquelle il a été désigné sur les réseaux sociaux pour avoir montré une caricature de Mahomet à ses élèves.Evoquant "l'extrême gravité des faits et leur immense retentissement", le procureur...

commentaires (7)

La décapitation de cet enseignant est un acte barbare certes, et dans la plus parfaite tradition salafiste, qui n'aurait jamais dû être laissée se développer en France, mais n'y avait-il pas un autre sujet d'histoire à enseigner à des élèves de quatrième? Surtout que ces caricatures sont du plus mauvais goût, qu'elles aient comme sujet Mahomet ou toute autre personne!

Georges MELKI

15 h 43, le 19 octobre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • La décapitation de cet enseignant est un acte barbare certes, et dans la plus parfaite tradition salafiste, qui n'aurait jamais dû être laissée se développer en France, mais n'y avait-il pas un autre sujet d'histoire à enseigner à des élèves de quatrième? Surtout que ces caricatures sont du plus mauvais goût, qu'elles aient comme sujet Mahomet ou toute autre personne!

    Georges MELKI

    15 h 43, le 19 octobre 2020

  • Ce sont les fruits amers que cueillent les pays européens qui continuent d'accueillir en masse des émigrants à majorité musulmane qui a du mal à concevoir la laïcité et la libre expression. Et le pire ce sont les banlieusards qui refusent de s'intégrer dans la société du pays d'accueil et exigent d'appliquer la shari'a dans leurs quartiers .

    Hitti arlette

    20 h 21, le 17 octobre 2020

  • Lorsque la liberté d'expression n'inclus pas la liberté de moquer ou de ridiculiser les symboles sacrés des autres croyances on aurait pu peut ëtre éviter une pareille tragédie.

    Walid Jabri

    18 h 45, le 17 octobre 2020

  • Obscurantisme quand tu nous tient!!!

    Wlek Sanferlou

    18 h 41, le 17 octobre 2020

  • IL FAUT S,Y ATTENDRE QUAND ON DONNE REFUGE A DES GENS D,AUTRES MOEURS ET D,AUTRES CROYANCES QUI VOUS CONSIDERENT DE MECREANTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 36, le 17 octobre 2020

  • Ils veulent imposer leur obscurantisme partout dans le monde et limoger les élites par la barbarie. Un pays comme la France devrait être ferme et punir sévèrement tout individu qui ose transgresser la loi du pays. l’Europe face à cette dictature de la pensée unique est menacée par une invasion de barbares qui tentent leurs chances de changer la face du monde s’ils trouvent que face à eux il n’y a pas de réponses à la mesures de leurs outrances. Ils ne faut pas trembler il faut agir vite en subissant des violences qui si elles sont craintes aujourd’hui risquent de dégénérer plus tard en guerre de rues et ce sera trop tard. La Liberté d’expression ne doit pas vaciller pour plaire à certains décérébrés. Comme par hasard tous ces immigrés qui affluent en Europe n’ont choisi aucun pays arabe pour s’y réfugier alors qu’ils sont plus riches et beaucoup plus proche de leurs pays et de leur climat et de leurs culture. C’est à se poser des questions.

    Sissi zayyat

    18 h 29, le 17 octobre 2020

  • Franchement, ce professeur d'histoire...ne pouvait-il pas trouver d'autres dessins pour son cours sur la liberté d'expression...que ces caricatures de Mahomet...connaissant certainement la sensibilité du sujet, qui a déjà causé la mort de12 personnes en 2015 ? - Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 18, le 17 octobre 2020

Retour en haut