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Lifestyle - La Mode

Hermès et la poésie du monde

Pandémie, enfermement, événements limités, cercles restreints, toucher interdit, baisers prohibés... Reste le regard, qui absorbe à lui seul tout ce qui reste de la sensualité humaine à notre drôle d’époque. Un défi comme les aime Hermès, qui présente une collection féminine printemps-été 2021 où « le vêtement part à la rencontre de la poésie du monde ».

Hermès et la poésie du monde

Hermès printemps-été 2021. Photos DR

D’abord il y a l’été, saison de liberté s’il en est. Pour Nadège Vanhee-Cybulski, directrice artistique de la mode femme d’Hermès, l’exercice consistait à la fois à exprimer cette liberté et à compenser par la sensualité des textures et le vocabulaire des couleurs le nouveau tabou du toucher. C’est au Tennis Club, au cœur du bois de Boulogne, que la maison rebelle aux modes, vouée à la qualité, donnait son défilé – virtuel – le 3 octobre, en pleine fashion week parisienne. Résultat d’une réflexion mûrie sur une manière de réenchanter le monde à travers la création, sous quelque forme qu’elle soit, la présentation a eu lieu dans une scénographie de l’artiste Claudia Wieser, un décor de dunes de plâtre et de miroirs habillant des colonnes de dimensions variées, elles-mêmes revêtues sur une facette, par intermittence, de collages de statues antiques en noir et blanc. Ce décor froid souligne une palette solaire de chocolat, sable, vermillon, cannelle, ciel, mastic ou noir qui n’est pas sans rappeler le nuancier Bauhaus. Le défilé est rythmé par une musique de l’illustrateur sonore Frederick Sanchez.

Hermès printemps-été 2021. Photo DR

Luxe, confort et sensualité

Riche d’un savoir-faire d’exception, Hermès décline ses classiques en agneau, entre jupes et imperméables printaniers, avec de nouveaux détails tels que des surpiqûres surdimensionnées ou des cols rouleautés. Le lin et le twill de coton servent de matrices à des ensembles monochromes qui rappellent les combinaisons de travail, elles-mêmes taillées pour le confort et la protection. Dans la même veine, on découvre un nouvel indispensable, le gilet multipoches en cuir érigé en armure contemporaine. Les hauts en jersey de soie, couvrants de face, s’offrent des ouvertures inattendues, dos nu ou échancrures en forme de cercle. Le nouvel accessoire est le sabot clouté qui signe à lui seul l’appel d’air d’une génération confinée et sa nostalgie de la nature. « L’été inaugure une vague de liberté. Une silhouette gracieuse et confiante, une seconde peau sensible qui exprime force et fragilité. Se reconnecter avec l’extérieur et redécouvrir la sensualité », indique le manifeste. Rien à ajouter, sinon la joie paisible qui se dégage de cette collection d’une sobriété si pertinente qu’elle en est éminemment désirable.

Hermès printemps-été 2021. Photo DR

Un scrapbook contemporain sur le thème du recommencement

« La mode porte en elle la mission de se réinventer chaque saison », souligne Nadège Vanhee-Cybulski, qui annonce : « Pour accompagner la collection femme printemps-été 2021, Hermès a conçu un scrapbook contemporain, un album artistique de collages et de notes où des artistes qui nous inspirent ont imaginé des œuvres et des images à partir de nos vêtements ». « Ce livre sera prolongé sur hermes.com par des instants filmés, pour qu’ainsi le vêtement reparte à la rencontre de la poésie et du monde.

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Allers-retours entre la mode et l’art, libre interprétation des motifs, incarnations et digressions autour des thèmes et des figures de la nouvelle collection… Un seul esprit ici : celui de la liberté retrouvée », ajoute-t-elle. L’ouvrage, tiré à 500 exemplaires numérotés, recèle des juxtapositions de photographies, peintures, sculptures, gestes, danses, paysages, tous appariés de manière à provoquer une réflexion, une méditation parfois interrompue par les textes incantatoires de Philippe Azoury : « Et s’il s’agissait d’un premier été ? Du premier été depuis… La première roche, le premier dos, la première note, la première danse, le premier grand écart, le premier sentiment de liberté, la conviction que les catégories, les cases, les frontières s’étaient perdues dans le trouble qui nous avait tous agités. Car les seuls cercles que nous accepterons dorénavant seront ceux que nous aurons nous-même dessinés. » La litanie « recommencer, recommencer, recommencer, recommencer » creuse dans la page la mise en abyme d’un verbe qui se transforme en acte et clôt l’album sur un lever de lune ou un coucher de soleil qui n’est, à y regarder de près, que le suréclairage de la taille d’un modèle féminin vu de dos, fondu au noir sous une bande rouge, sublime photo de Katrien de Blauwer.

Les artistes qui ont contribué au scrapbook de la collection :
Katrien de Blauwer (photo), Carsten Fock (artiste graphique), Graham Little (artiste peintre hyperréaliste), Jonathan Llense (photographe et artiste visuel), Douglas Mandry (photographe et artiste visuel), Sam Rock (photographe), Frederick Sanchez (illustrateur sonore : sa musique est accessible via un code QR posé au bas d’une photo atmosphérique), Deo Suveera (photographe), Camille Vivier (photographe, vidéaste, artiste visuel), Isabel Wenzel (photographe et acrobate, se met elle-même en scène dans ses photographies), Claudia Wieser (peintre, artiste multimédia), textes de Philippe Azoury (journaliste, critique de cinéma), direction artistique de Carina Frey et Stephanie Barth.

D’abord il y a l’été, saison de liberté s’il en est. Pour Nadège Vanhee-Cybulski, directrice artistique de la mode femme d’Hermès, l’exercice consistait à la fois à exprimer cette liberté et à compenser par la sensualité des textures et le vocabulaire des couleurs le nouveau tabou du toucher. C’est au Tennis Club, au cœur du bois de Boulogne, que la maison rebelle aux...

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