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Monde - Analyse

Sous Trump, les résultats plus que mitigés de la « pression maximale »

Le président américain a multiplié durant son mandat les sanctions contre les adversaires des États-Unis.

Sous Trump, les résultats plus que mitigés de la « pression maximale »

Des Iraniens vérifient le taux de change du rial iranien face aux monnaies étrangères, devant un bureau de change à Téhéran. Atta Kenare/AFP

En quatre ans, Donald Trump a multiplié comme jamais les sanctions contre les adversaires des États-Unis, mais cette politique de « pression maximale » déclinée à travers le monde n’a pas eu les résultats escomptés.

« Les sanctions ont clairement été l’outil privilégié de l’administration Trump pour répondre aux régimes voyous », dit Richard Goldberg, de la Foundation for Defense of Democracies (FDD) qui préconise cette ligne dure. « Les précédentes administrations utilisaient les sanctions, mais de manière plus étroite ou ciblée », ajoute-t-il, sans rechercher « des bouleversements macroéconomiques pour déstabiliser des gouvernements et les contraindre à changer d’attitude ».

Jusqu’au bout, à 25 jours de l’élection présidentielle, le gouvernement américain annonce quasi quotidiennement des mesures punitives contre Cuba, la Syrie ou la Biélorussie. Parfois, il frappe encore un grand coup : le Trésor a sévi jeudi contre les 18 « principales banques » iraniennes. Washington aura ainsi serré la vis contre presque tous les secteurs du pays depuis que le président Trump a quitté, en 2018, l’accord sur le nucléaire iranien. Cette « campagne de pression maximale » a été théorisée en mai 2018 par le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qui a énoncé douze conditions pour conclure un « nouvel accord » avec Téhéran.

Objectif affiché : faire plier les autorités iraniennes en asphyxiant leur économie pour qu’elles acceptent de « changer de comportement ». L’administration Trump a toujours nié – sans forcément convaincre – rechercher un changement de régime.

Aujourd’hui, aucune des conditions de Mike Pompeo n’est remplie, et la République islamique a même relancé, en guise de représailles, certaines activités nucléaires qui la rapprochent de la fabrication d’une bombe atomique.

Affaiblir l’Iran

« Le gouvernement va dire “on a affaibli l’Iran”, ce qui est vrai, mais il n’y a pas eu de vrai changement du comportement iranien », constate Thomas Wright, du think tank Brookings Institution. Pour Richard Goldberg, « le succès » d’une politique de sanctions « dépend des objectifs fixés ». « En Iran, le régime a considérablement moins de ressources à dépenser pour ses activités néfastes, ce qui est en soi une victoire pour la sécurité nationale des États-Unis », estime-t-il. Et à ses yeux, « le régime sera obligé de négocier en 2021 avec le vainqueur de la présidentielle américaine, quel qu’il soit ».

Au contraire, Barbara Slavin, du cercle de réflexion Atlantic Council, voit dans les dernières sanctions « du sadisme déguisé en politique étrangère », puisqu’elles « ne mettront pas le gouvernement iranien à genoux, mais affaibliront les gens ordinaires ».

Au Venezuela, l’intention américaine était très claire : chasser du pouvoir le président Nicolas Maduro, jugé illégitime. Mais le dirigeant socialiste est encore là. « Trump s’est désintéressé du dossier lorsqu’il a vu que Maduro ne partirait pas », estime Thomas Wright.

Le résultat est plus nuancé en Corée du Nord. Après une série d’essais nucléaires et de tirs de missiles intercontinentaux, Washington était parvenu en 2017 à rallier la communauté internationale à l’ONU pour imposer des sanctions draconiennes.

Avec le soutien de la menace militaire, cela a contribué à mener le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à la table des négociations lors de trois rencontres historiques avec Donald Trump.

Pas de dénucléarisation

« Trump a fini par céder beaucoup », dans « une sorte d’accord de facto qui gèle les tirs intercontinentaux et les essais nucléaires en échange de relations plus apaisées », dit Thomas Wright. Mais la « dénucléarisation complète, définitive et vérifiable de la Corée du Nord », longtemps présentée comme le seul résultat valable, est restée dans les limbes – Pyongyang a même poursuivi ses activités atomiques.

Avec leurs sanctions contre l’Iran, les Américains ont pourtant démontré toute leur force de frappe. Non seulement ont-ils visé institutions, dirigeants et entreprises iraniens, ils ont aussi assorti leurs mesures de sanctions dites « secondaires » : tout pays ou entreprise qui continue à échanger avec Téhéran est visé à son tour.

L’effet est radical. Les pays européens ont tenté par tous les moyens de maintenir leurs relations commerciales avec l’Iran pour sauver l’accord de 2015, mais le prix à payer était trop important, puisque leurs entreprises risquaient de se voir barrer l’accès aux vastes marchés et secteur financier américains.

« Le principal enseignement des quatre dernières années est tout ce que les États-Unis peuvent faire de leur côté, sans soutien de leurs alliés traditionnels, affirme Richard Goldberg. Cela change la donne. »

Cet usage des sanctions restera-t-il comme un acquis de la diplomatie américaine ?

« Il y a un consensus croissant au sein de la classe politique qu’elles doivent faire partie d’une stratégie plus large, et ne pas être une stratégie en soi », comme ce fut parfois le cas ces dernières années, explique Thomas Wright.

Francesco FONTEMAGGI/AFP

En quatre ans, Donald Trump a multiplié comme jamais les sanctions contre les adversaires des États-Unis, mais cette politique de « pression maximale » déclinée à travers le monde n’a pas eu les résultats escomptés. « Les sanctions ont clairement été l’outil privilégié de l’administration Trump pour répondre aux régimes voyous », dit Richard Goldberg, de...

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Mr. Kim a bien eu Mr. Trump , le géni , ha ha ha

Eleni Caridopoulou

19 h 50, le 11 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • Mr. Kim a bien eu Mr. Trump , le géni , ha ha ha

    Eleni Caridopoulou

    19 h 50, le 11 octobre 2020

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