L'armée israélienne a confirmé vendredi détenir le corps d'un Palestinien tué en début de semaine par ses soldats en Cisjordanie occupée, mettant fin à plusieurs jours d'incertitude pour sa famille.

Lundi soir, l'armée israélienne avait rapporté avoir ouvert le feu sur trois "assaillants" ayant "jeté des cocktails Molotov dans leur direction" près de la colonie d'Einav, à proximité de Tulkarem dans le nord de la Cisjordanie. Un des assaillants avait été "touché", selon l'armée qui n'avait pas précisé son état et n'avait pas souhaité donner davantage de détails, après avoir été plusieurs fois sollicitée par l'AFP.

La presse palestinienne avait rapporté mardi la mort de Samir Hamidi, 27 ans, citant des sources non identifiées. Le même jour, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait informé sa famille de sa mort, a indiqué à l'AFP l'oncle du jeune homme Mohammed Hamidi, déplorant cependant ne pas avoir plus d'informations sur ce qu'était devenu le corps.

Vendredi, l'armée a finalement indiqué à l'AFP dans un communiqué que l'un des assaillants "a été identifié plus tard comme étant Samir Hamidi" et qu'elle détenait "le corps du terroriste".

La mort de Samir Hamidi survient alors que la coordination sécuritaire entre Israël et l'Autorité palestinienne est à l'arrêt depuis mai. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait justifié cette décision pour protester contre le projet israélien d'annexion de pans de la Cisjordanie, aujourd'hui suspendu.

En "l'absence de toute coordination avec Israël", l'Autorité palestinienne a été informée de la mort du jeune homme par le CICR et non par l'Etat hébreu, a indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement palestinien Ibrahim Melhem.

Le ministère de la Santé palestinien, qui annonce habituellement la mort de Palestiniens tués par l'armée israélienne, avait indiqué à l'AFP n'avoir aucune information. M. Hamidi était sorti d'une prison israélienne en 2018 après avoir été condamné pour des jets de pierre et de cocktails Molotov.

L'armée israélienne a précisé qu'elle conservait sa dépouille "jusqu'à ce qu'une décision soit prise conformément aux directives des élus sur la question de la détention des corps des terroristes".

Jusqu'à récemment, le gouvernement autorisait uniquement que soient conservés par Israël les corps de membres de groupes armés tués lors d'affrontements ayant fait des victimes israéliennes. Mais depuis septembre, une nouvelle directive étend cette mesure aux corps de tous les Palestiniens tués lors de heurts avec l'armée, et ce même s'ils n'ont pas fait des victimes israéliennes.

Israël souhaite ainsi faire pression sur les Palestiniens pour récupérer deux otages et deux corps d'Israéliens détenus dans la bande de Gaza, aux mains du mouvement islamiste Hamas.

Pour Roula Shadid, de l'organisation palestinienne de défense des droits humains Al-Haq, cette politique "fait partie de la punition collective et de l'humiliation infligées au peuple palestinien". Depuis 2015, Israël détient les corps de 66 Palestiniens --la plupart dans des compartiments réfrigérés-- et de 254 autres qui ont été enterrés, selon un mouvement palestinien pour restitution des corps des "martyrs".