Les évêques maronites "exaspérés par les petits jeux politiques" des responsables

Les évêques maronites se sont dits mercredi "exaspérés" par les "petits jeux politiques" menés par les autorités libanaises qui retardent selon eux la formation d'un gouvernement capable de "sauver" le pays, appelant à la mise sur pied d'un cabinet de "spécialistes et réformateurs", alors que le gouvernement de Hassane Diab expédie les affaires courantes depuis près de deux mois. 

Dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion mensuelle au siège du patriarcat à Bkerké, les dignitaires ont exprimé leur "exaspération" vis-à-vis des "petits jeux politiques" retardant la formation d'un cabinet "de sauvetage composé de spécialistes réformateurs, qui pourra rétablir la confiance du peuple libanais et de la communauté internationale et résoudre l'accumulation de crises financières et socioéconomiques". "La conscience nationale doit pousser les responsables à mettre leurs intérêts personnels de côté", face à la "situation générale catastrophique", ont exhorté les évêques, qui ont dénoncé des "violations de la Constitution", notamment en ce qui concerne notamment le processus de désignation du Premier ministre, qui doit avoir lieu à l'issue de consultations parlementaires contraignantes, et la représentation confessionnelle au sein du cabinet, en allusion à la revendication du Hezbollah et du mouvement Amal de désigner eux-mêmes une personnalité chiite à la tête du ministère des Finances. 

De nouvelles consultations parlementaires contraignantes doivent se tenir le 15 octobre afin de désigner un nouveau Premier ministre, près de trois semaines après la récusation de Moustapha Adib, qui avait jeté l'éponge en raison des pressions et revendications des différentes formations politiques, et notamment du tandem chiite. M. Adib avait été désigné le 31 août, vingt jours après la démission du cabinet Diab, consécutivement aux explosions du 4 août. 

Lors de leur réunion, présidée par le patriarche Béchara Raï, les évêques maronites ont par ailleurs déploré les "lacunes" de l'Etat libanais et de ses institutions officielles concernant les suites de la double explosion du port. Ils ont notamment condamné "la lenteur de l'enquête sur les vrais responsables" de ce drame, qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, et réclamé le versement de compensations financières aux victimes et pour la réhabilitation des bâtiments endommagés. 

En outre, les dignitaires maronites ont accueilli favorablement l'annonce de l'accord-cadre conclu entre Israël et le Liban afin d'organiser des négociations sur le tracé de leur frontière, espérant "une solution rapide qui permettra au Liban de profiter de ses ressources en hydrocarbures".