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Nos Lecteurs ont la Parole

« Avec le temps... pas tout s’en va »

Le Liban mourait… Comme un soldat dans un champ de bataille, le Liban se tenait depuis un moment à genoux, abattu, à bout de souffle. Il resserrait ses douleurs infligées par les balles qui le visaient l’une après l’autre sans pitié ; mais malgré tout, il tenait, il gémissait… mais il tenait. Il avait réussi pour un instant à créer parmi toutes ces calamités un havre de paix qui lui permettait de respirer encore une heure. Mais le mardi 4 août, l’heure s’est arrêtée à 18h09. Un nuage de terreur l’a emporté. C’était le dernier coup qui avait achevé ce petit bijou en plein cœur. Beyrouth, le joyau de la Méditerranée, était meurtrie.

Un bruit assourdissant puis le silence. Il tentait de se relever, mais les efforts étaient vains. Tout impuissant, ravagé sur le sol, il se demandait qui était cette fois celui qui voulait enfin mettre fin à son agonie terrible. Les ennemis étaient nombreux, mais les justificatifs subtils. À cette heure, le Liban avait perdu une part de son âme, mais surtout sa mémoire, son identité, sa culture et son héritage. Tout était perdu, tout était à terre, cause d’un souffle violent et malfaiteur qui enviait un peuple heureux et malheureux.

Quand la révolution du 17 octobre a été lancée, nous étions nombreux à réclamer notre pays, notre nation, de ceux qui l’ont volé et violé au cours des années. On se battait pour un pays, pour une ville, pour un peuple qui méritait de vivre… Mais pourquoi se battre encore aujourd’hui ? Aujourd’hui, Beyrouth est dévastée : ses rues encombrées, ses bâtisses et palais ruinés, ses infrastructures démantelées et son âme décapitée. Mais figurez-vous qu’après ce drame, le silence ne règne pas, car si une feuille tombe, l’arbre n’est pas mort et la résistance a su porter ses fruits à une jeunesse prête à mener le combat. Les jeunes grouillent dans les rues et les quartiers, pelles et balais à leur côté ; ils chantent tous avec espoir « Koumi ya Beyrouth, koumi », comme si de rien n’était. C’est leur futur et leur destin qu’ils cherchent à construire avec leurs propres mains. Ils mènent la reconstruction d’une ville qui leur ressemble et les rassemble, une ville qui rayonne dans le monde entier.

Si tous les chemins passent par Rome, ils se rencontrent évidemment à Beyrouth, capitale du monde, ville d’Orient et d’Occident. Retenez que depuis ses cendres, Beyrouth renaîtra, comme elle l’avait déjà fait auparavant, et comme elle le fera toujours. Avons-nous touché le fond de la piscine ou continuerons-nous à nous noyer ? Ce sera à nous de décider si le changement se fera cette fois ou jamais. Or nous le devons à toutes les victimes du 4 août, et à notre Beyrouth qui portera les cicatrices de l’événement passé.

Certes, avec le temps, la souffrance s’apaise, mais Léo Ferré avait tort : avec le temps pas tout s’en va. Ainsi, ne ratons pas cette chance pour reconstruire notre pays avant que la gueule du loup s’empare de lui à nouveau, car comme un proverbe chinois nous le dit : le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans, le deuxième meilleur moment serait aujourd’hui.


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Le Liban mourait… Comme un soldat dans un champ de bataille, le Liban se tenait depuis un moment à genoux, abattu, à bout de souffle. Il resserrait ses douleurs infligées par les balles qui le visaient l’une après l’autre sans pitié ; mais malgré tout, il tenait, il gémissait… mais il tenait. Il avait réussi pour un instant à créer parmi toutes ces calamités un havre de paix...
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