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Lifestyle - Liban Pop

Reema Rahbani, entre colères et polémiques

Sur les réseaux sociaux, la fille rebelle de Feyrouz s’est déchaînée contre tous les artistes qui ont choisi d’interpréter les chansons de la diva à la suite du drame du port de Beyrouth. « C’est de la prostitution artistique », a-t-elle dénoncé.

Reema Rahbani, entre colères et polémiques

Assi et Reema Rahbani. Archives L’OLJ

On dit que la musique unit les peuples et adoucit les mœurs. Mais la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, tendrait à prouver que ce n’est pas toujours le cas. Après le drame, de nombreux artistes ont voulu chanter pour exprimer leur douleur et leur compassion pour les victimes, et appeler à la renaissance de la capitale dévastée. Tout naturellement, nombre d’entre eux ont pioché dans ce que la musique a de plus libanais, de plus rassurant : le répertoire musical de notre ambassadrice Feyrouz. Au grand dam de sa fille, Reema Rahbani, qui n’a pas tardé à exprimer une colère qu’elle a laissée exploser, comme elle en a l’habitude, sur les réseaux sociaux, dans une longue tirade n’épargnant personne.


Feyrouz, la diva de la chanson libanaise, au BIEL, le 8 octobre 2010. Archives L’OLJ


« Un coup de massue aussi violent que l’explosion »

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Le concert pourtant très respectueux de Abir Nehmé à l’église Saint-Maron de Gemmayzé, et celui de la chanteuse Maya Diab, diffusé sur la chaîne MTV en hommage aux victimes. Lors de son concert, Maya Diab, qui fait campagne pour la reconstruction faciale des enfants blessés par l’explosion, se tenait sur le cadran d’une montre géante fixée à 18h6, heure du drame, et a repris de nombreux titres de Majida el-Roumi, de Julia Boutros mais aussi de Feyrouz, comme Li Beirut, Hkili et Bi Oulo Zghayar Baladi. « J’aurais aimé chanter Sayyidi el-Ra’is (« Monsieur le Président), mais je sais qu’il ne m’entendra pas », a-t-elle lancé, avant d’assurer : « Nous n’oublierons pas. » Diab a également tancé Julia Boutros, grande absente de la révolution du 17 octobre, affirmant que le moment était opportun pour reprendre ses chansons révolutionnaires.

« C’est un coup de massue dans tous les sens du terme, aussi violent que l’explosion de Beyrouth, a aussitôt dénoncé Reema Rahbani sur Facebook. De Abir à Maya. Toute la frustration des artistes après le coronavirus a explosé sur les chansons de Feyrouz. J’ai vu un café sur le port et une montre géante. On aurait dit le jour du jugement dernier. » « Chantes-tu vraiment Jayi Maa el-Chaab el-Maskin ?

a-t-elle poursuivi en s’adressant à Maya Diab. Opte donc pour un look dans lequel on puisse te reconnaître. C’est un film d’horreur… Parfois tu as l’air gonflée et d’autres pas. » « Arrête donc de prendre le train en marche et de profiter de la gloire des autres, c’est de la prostitution artistique », a-t-elle encore asséné. « Qui es-tu pour chanter la révolution ? Où sont les génies qui parlent de l’héritage des frères Rahbani et qui veulent que les droits soient respectés ? Ou bien veulent-ils seulement que Feyrouz paie pour chanter ses propres chansons ? » Après qu’elle a également attaqué le PDG de la MTV, Michel el-Murr, ce dernier a riposté en rediffusant le concert et en le dédiant cette fois « à Reema Rahbani », dans un message affiché sur l’écran. Maya Diab, elle, a posté une vidéo au volant de sa voiture, écoutant la berceuse Yalla Tnam Reema, que Feyrouz chantait à sa fille encore enfant pour qu’elle s’endorme.

Si on pouvait espérer que les circonstances atténuent la colère légendaire de la productrice du dernier album musical de la diva, Bebali, rien ne semble calmer les foudres de Reema Rahbani. Ce n’est pas la première fois que la fille rebelle de Feyrouz crée la polémique. Son histoire tumultueuse avec l’héritage musical de sa mère remonte à bien des années.


Reema Rahbani a toujours été la fille rebelle de Feyrouz. Archives L’OLJ


Des conflits qui éclatent au grand jour

En 1986, à la suite du décès de l’époux de Feyrouz, Assi Rahbani, les frères Rahbani n’existent plus vraiment, et Mansour se retrouve seul face à la chanteuse. C’est alors que les disputes commencent. Passées sous silence, elles éclatent au grand jour en 2008, quand Mansour Rahbani revendique une somme de plusieurs milliers de dollars pour la présentation du spectacle Sah el-Nom à Damas, avec Feyrouz à l’affiche. Le scénario se répète deux ans plus tard quand les fils de Mansour Rahbani revendiquent leur part pour le spectacle Ya’ich Ya’ich programmé au Casino du Liban, et qui sera finalement annulé pour cette raison.

Quelques années plus tard, c’est avec son frère Ziad Rahbani que Reema se querelle, après avoir publié sur Facebook des chansons qu’il a composées, un geste que le compositeur a considéré comme une atteinte à ses droits d’auteur. Le conflit dure alors des mois sans que leur mère ne réussisse à les rapprocher.

Plus récemment, c’est le Festival de Baalbeck que Reema attaque, l’accusant de ne pas avoir obtenu d’autorisation pour utiliser des photos de Feyrouz lors du spectacle-événement dédié au centenaire du Grand Liban, ni d’avoir pris l’autorisation des fils de Assi Rahbani pour la reprise d’Ayyam Fakhreddine, pourtant très saluée. « Vous avez détruit Baalbeck », écrit-elle alors sur sa page Facebook à l’adresse du comité du festival.

En 2019, elle menace de poursuivre en justice toute personne qui chante les chansons de Feyrouz. « Il est interdit d’enregistrer ou de présenter de nouvelles versions sans obtenir au préalable un accord écrit de tous les héritiers, menace-t-elle. Pour ce qui est des performances en direct, elles sont permises à condition de ne pas altérer les chansons, de payer les droits à la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) et de ne pas filmer ou documenter un tel carnage ! » Dans ce contexte, Reema Rahbani s’en prend alors à la star Elissa, qui ne manque pas une occasion d’interpréter une chanson de la diva lors ses concerts.

Autorisations

D’un point de vue juridique, il semblerait toutefois que Reema Rahbani ne soit pas entièrement dans ses droits. En effet, comme l’explique à L’Orient-Le Jour une source proche de la Sacem, « toute personne qui désire reprendre une chanson sur un album ou sur une plateforme digitale doit effectivement obtenir une autorisation de la part des créateurs du titre, avant de payer des droits d’auteur à la Sacem ». « Mais le chanteur n’a rien à voir dans cela. Ce n’est donc pas Feyrouz qui devrait donner son autorisation, mais les auteurs et compositeurs qui ont collaboré avec elle, ajoute cette source. Et s’il s’agit des frères Rahbani, elle ne peut donner son autorisation seule car elle n’est pas leur unique héritière. Quant aux performances à la télévision, les chaînes paient annuellement un montant forfaitaire pour couvrir ces droits, si la chanson en question est présentée dans le cadre d’une émission. »

Concernant les concerts et les performances en direct, aucune autorisation n’est généralement requise, explique pour sa part à L’Orient-Le Jour un producteur de concerts sous couvert d’anonymat. « Nous payons à la Sacem une somme qui représente environ 3,5 % du profit tiré de chaque concert, et la société se charge de rembourser les artistes concernés après avoir obtenu une copie du répertoire présenté, précise-t-il. Cependant, le problème qui se pose aujourd’hui est que les fans filment les chansons et beaucoup d’extraits se retrouvent en ligne ou sur des plateformes numériques, et cela a généralement besoin d’une autorisation de la part des créateurs des titres, mais nullement de la part de l’interprète original ! » Cela pourrait expliquer peut-être pourquoi Reema Rahbani n’a jusque-là mis aucune de ses menaces à exécution.

Si l’on peut comprendre et respecter l’engagement à défendre l’héritage musical de sa mère, l’heure n’est-elle pas à la solidarité et à l’entraide ? Feyrouz, finalement, incarne le Liban, et le Liban, c’est Feyrouz.

On dit que la musique unit les peuples et adoucit les mœurs. Mais la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, tendrait à prouver que ce n’est pas toujours le cas. Après le drame, de nombreux artistes ont voulu chanter pour exprimer leur douleur et leur compassion pour les victimes, et appeler à la renaissance de la capitale dévastée. Tout naturellement, nombre d’entre...

commentaires (2)

J’évite ce sujet futile qui ne mérite vraiment pas la peine d’être lu dans les circonstances actuelles. Et je me permets de relever qu’il ne se passe rien au Liban pour lorientlejour.3 articles succints écrits à la va-vite, l’usine du Hesbollah , l’accord de Berry et l’amnistie. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat...

Le Point du Jour.

20 h 55, le 02 octobre 2020

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Commentaires (2)

  • J’évite ce sujet futile qui ne mérite vraiment pas la peine d’être lu dans les circonstances actuelles. Et je me permets de relever qu’il ne se passe rien au Liban pour lorientlejour.3 articles succints écrits à la va-vite, l’usine du Hesbollah , l’accord de Berry et l’amnistie. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat...

    Le Point du Jour.

    20 h 55, le 02 octobre 2020

  • Bof.. Autant sa mère a su faire entendre sa voix par la chanson. La fille, essaie de se faire un prénom par les cris et vocipérations. Comment percer lorsqu'on est la fille d'une Diva et que toute la famille s'est fait un prénom? La Sacem a précisé que les autorisations sont données et que tout est en règle. Allez savoir , en cherchant un peu, on pourra trouver sans doute une coloration politique à ses réactions anti révolution ? . Merci à la MTV encore une fois pour sa présence et pour son appui..

    LE FRANCOPHONE

    15 h 35, le 01 octobre 2020

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