Critiques littéraires

L’élévation par la lecture

L’élévation par la lecture

D.R.

Les Aérostats d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 2020, 175 p.

Le 29e roman d’Amélie Nothomb qui, habitée par la frénésie de l’écriture, publie un livre à chaque rentrée littéraire, a pour titre Les Aérostats, ces zeppelins qui s’élèvent dans les airs, sont trop encombrants pour être parqués dans des hangars traditionnels et risquent de prendre feu en plein vol – ce qui justifie sans doute leur disparition.

C’est l’histoire d’une étudiante en philologie, Ange, qui vit mal sa jeunesse (« Vous n’avez pas 19 ans mais 80 », lui reprochera-t-on), n'a pas d'amis et supporte difficilement sa colocataire maniaque. Pour se faire un peu d’argent, elle accepte de donner des cours particuliers de français à Pie, un adolescent dyslexique qui n'aime pas sa famille et encore moins la lecture. Contre toute attente, les livres qu'elle lui propose vont le sauver. Il commence par lire Stendhal, Homère, Radiguet et finit par prendre goût à la littérature qui l’arrache à son état, le pousse à prendre l'air et lui ouvre de nouveaux horizons. Pie s’attache à la philologue qui, de son côté, sort avec son professeur et se retrouve ainsi tiraillée entre un garçon plus jeune et un homme plus âgé. Quant aux parents de l’adolescent, ils sont franchement détestables : le père voyeur espionne son fils ; la mère collectionne bêtement les objets sur Internet – d’où le mépris que Pie nourrit à leur égard.

Ce qui sauve ce roman, auquel on peut reprocher un excès de dialogues qui le rapproche plutôt d’une pièce de théâtre et un style tellement dépouillé qu’il frise la facilité, c’est cette série de duels, tantôt à fleurets mouchetés, tantôt féroces, entre Ange et Pie, entre Ange et le père, entre Ange et sa colocataire, entre Ange et son professeur entreprenant… Amélie Nothomb réussit admirablement à nous faire pénétrer dans la psychologie de ses personnages et à nous « mener en bateau » jusqu’à la dernière ligne. Son roman est aussi un éloge de la lecture salvatrice. Comme les aérostats, Pie va s’élever grâce aux livres et avoir du mal à trouver sa place en société, avant d’exploser en plein vol et de disparaître – libération tragique des amarres parentales pour prendre le large et vivre pleinement sa jeunesse jusque-là étouffée.


Les Aérostats d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 2020, 175 p.Le 29e roman d’Amélie Nothomb qui, habitée par la frénésie de l’écriture, publie un livre à chaque rentrée littéraire, a pour titre Les Aérostats, ces zeppelins qui s’élèvent dans les airs, sont trop encombrants pour être parqués dans des hangars traditionnels et risquent de prendre feu en plein vol – ce qui...

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