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Société - Récusation

Vers une relance de la contestation après le départ de Moustapha Adib ?

De nombreux militants estiment que les protestations pourraient reprendre, au vu de la dégradation de la situation, mais suggèrent d’autres tactiques que le mouvement devrait adopter.

Vers une relance de la contestation après le départ de Moustapha Adib ?

Des manifestants anti-pouvoir rassemblés à Jal el-Dib, hier. Photo DR

La récusation samedi du Premier ministre désigné, Moustapha Adib, a déclenché plusieurs manifestations à travers le pays. Ainsi, des protestataires se sont rassemblés à Beyrouth, Saïda, Tyr et Tripoli, pour s’insurger contre une hausse du taux de change de la livre face au dollar, induite par le départ du chef du gouvernement désigné. Alors que vendredi, le dollar tournait autour de 7 700 livres, il se vendait à 8 500 livres sur le marché noir en milieu d’après-midi samedi. Ces manifestations sont-elles le prélude à la reprise du mouvement de contestation ?

Des dizaines de personnes ont brièvement bloqué hier une portion de l’autoroute de Jal el-Dib, en réaction à la dégradation de la situation et à l’impasse politique dans laquelle le pays est plongé. De même à Saïda, place Élia, où des protestataires ont tenté de bloquer la route. Malgré cette mobilisation qui en dit long sur la frustration et la colère des Libanais, des militants de la première heure affirment à L’Orient-Le Jour « qu’aucune volonté sérieuse de reprendre les manifestations n’est palpable pour l’instant, malgré certains appels qui circulent sur les réseaux sociaux », notamment sur WhatsApp. Parmi ces messages, un appel à bloquer des routes aujourd’hui, à partir de 6 heures et dans l’ensemble du pays, mais qui semble assez isolé.

Firas Abdallah, militant installé dans le nord du pays, affirme qu’aucun appel sérieux émanant des contestataires n’a été lancé aujourd’hui, et appelle à la vigilance. M. Abdallah met en garde contre le fait que certains partis politiques sont en train de parasiter les manifestations. « Certains appels à manifester portent en eux des buts confessionnels. Certains tentent de mettre les sunnites et les chiites face à face dans la rue, pour recréer une polarisation semblable à celle des 8 et 14 Mars », estime-t-il.

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« Les conditions qui ont mené aux manifestations du 17 octobre dernier sont à nouveau les mêmes, ce qui veut dire que nous nous dirigeons vers de nouvelles protestations pour sûr. Mais cette fois-ci, ce sera différent, et nous saurons mettre à profit nos actions », ajoute M. Abdallah.

« La situation n’est plus supportable »

Jamal Terro, militant résidant à Barja (Chouf), est du même avis. « La situation n’est plus supportable et nous n’avons plus d’autre choix que de manifester à nouveau. Cette fois-ci, il faudra protester devant les maisons des politiciens et paralyser le pays entier », indique cet activiste. « Ce pouvoir est honni au niveau international. Mais les autorités essaient de faire croire le contraire. Les responsables politiques ont détruit le pays, nos rêves et nos espoirs. La seule solution, c’est la chute du pouvoir en place », ajoute-t-il.

Les appels de ces militants à la reprise des manifestations font écho aux propos du chef des Kataëb, Samy Gemayel, qui a estimé samedi, lors d’une interview télévisée, que les Libanais devraient à nouveau investir la rue. « Le peuple doit s’activer à nouveau. Un million de Libanais ont manifesté et ils sont toujours convaincus de la nécessité du changement. Ils sont désespérés, mais ils sont là. Le peuple doit retrouver son énergie et son courage pour imposer le changement, et nous serons à ses côtés », a dit le leader des Kataëb proche des contestataires.Interrogé par L’OLJ, Amine Issa, membre du bureau politique du Bloc national, s’attend pour sa part à une reprise des contestations, mais craint qu’elles ne soient particulièrement violentes, au vu de la situation socio-économique qui se dégrade à vue d’œil. « La contestation va virer à la révolte, face à une inflation galopante et une absence de perspectives. Ce que je crains, c’est que cela tourne à l’émeute, car les gens ont faim et ils sont inquiets pour leurs enfants. Les gens n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois », met-il en garde.

« Nous sommes dans l’impasse »

« Je pense que des manifestations similaires à celles des derniers mois ne serviront à rien », souligne pour sa part Roy Dib, activiste de longue date, contacté par L’OLJ. « Les manifestants ont été la cible de tirs à balles réelles de la part des FSI, ainsi que de balles en caoutchouc qui ont fait des centaines de blessés. Cela s’est passé sous les yeux des médias internationaux et de la présidence française. Jusqu’à maintenant, personne n’a rendu de comptes à ce sujet », lance le jeune homme. « Pire encore, le président du Parlement Nabih Berry a porté plainte contre des journalistes et des activistes qui l’accusaient d’avoir ordonné à ses hommes de tirer sur les manifestants… Cela veut tout simplement dire que les actions menées dans la rue ne pourront jamais nous permettre d’obtenir ce que nous revendiquons », ajoute-t-il.

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Le militant Camille Mourani est également pessimiste quant à la reprise du mouvement de contestation avec la ferveur des débuts. « Je ne vois pas de reprise de la contestation, surtout si nous n’avons pas de plan politique bien précis, parce que nous sommes dans l’impasse », explique-t-il. Il estime que les dernières manifestations qui ont eu lieu dans les quatre coins du pays sont « passagères » et ne préludent pas à une réelle reprise du mouvement.

« Le pouvoir est dans une impasse et nous aussi, parce que nous avons épuisé pratiquement tous les moyens pour obtenir le changement, sans jamais y arriver », déplore M. Mourani. « Le Hezbollah nous prend tous en otage et le président de la République n’est pas du tout à la hauteur. Nous avons besoin d’un changement au niveau du régime, mais également de la Constitution, sinon il n’y aura pas d’espoir », souligne-t-il.

La récusation samedi du Premier ministre désigné, Moustapha Adib, a déclenché plusieurs manifestations à travers le pays. Ainsi, des protestataires se sont rassemblés à Beyrouth, Saïda, Tyr et Tripoli, pour s’insurger contre une hausse du taux de change de la livre face au dollar, induite par le départ du chef du gouvernement désigné. Alors que vendredi, le dollar tournait autour de...

commentaires (3)

IL FAUT PAS TOURNER AU RONG, AOUN DOIT SENTIR MENACÉ D'ÊTRE JUGÉ DE TRAHISON. SI NON IL BOUGERA PAS. METTRE LE PAQUET SUR CE MERCENAIRE IRANIEN POUR AFFAIBLIR LE HEZBOLLAH DIABOLIQUE.

Gebran Eid

15 h 38, le 28 septembre 2020

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Commentaires (3)

  • IL FAUT PAS TOURNER AU RONG, AOUN DOIT SENTIR MENACÉ D'ÊTRE JUGÉ DE TRAHISON. SI NON IL BOUGERA PAS. METTRE LE PAQUET SUR CE MERCENAIRE IRANIEN POUR AFFAIBLIR LE HEZBOLLAH DIABOLIQUE.

    Gebran Eid

    15 h 38, le 28 septembre 2020

  • "Cette fois-ci, il faudra protester devant les maisons des politiciens". Très bien. Priorité aux chefs du "tandem" qui ne la jouent pas "libanais".

    Sybille S. Hneine

    14 h 28, le 28 septembre 2020

  • IL NE FAUT PLUS PARLER DE CONTESTATION MAIS DE REVOLUTION. CA BOUGE ET CA VA GRONDER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 28, le 28 septembre 2020

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