L'avocate Nasrin Sotoudeh retourne en prison après son hospitalisation

L'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, qui défend les droits humains dans son pays, a été renvoyée en prison "sans aucune intervention médicale" après son hospitalisation et plus de 40 jours de grève de la faim, a annoncé mercredi son mari.

"Ce soir, après cinq jours de détention à l'hôpital de Taleghani (à Téhéran, NDLR), Nasrin a été renvoyée en prison dans les pires conditions physiques, sans aucune intervention médicale", a tweeté son mari, Reza Khandan. Mme Sotoudeh, 57 ans, a été hospitalisée après avoir été "gravement affaiblie" par une grève de la faim commencée il y a plus de 40 jours, avait indiqué samedi M. Khandan.

"Nasrin vient de m'annoncer via téléphone que les autorités l'ont mise en quarantaine, en raison de l'épidémie de nouveau coronavirus, dans une pièce nue dès son retour en prison", a indiqué mercredi M. Khandan à l'AFP. "A cause de ses problèmes cardiaques, je m'attendais à ce qu'elles la transfèrent au moins à la clinique de la prison, surtout après 44 jours de grève de faim", a-t-il ajouté.

Selon les chiffres officiels, la maladie Covid-19 a fait près de 25.000 morts en Iran et a contaminé plus de 432.000 personnes depuis le début de l'épidémie.

Le 11 août, l'avocate avait annoncé sur les réseaux sociaux débuter une grève de la faim pour dénoncer les conditions d'incarcération des prisonniers politiques détenus pour des motifs "invraisemblables" et leur horizon judiciaire bouché. Le retour en prison de l'avocate, sans recevoir de soins médicaux, "n'a d'autre sens que de mettre sa vie en danger", a déploré M. Khandan.

Co-lauréate 2012 du prix Sakharov décerné par le Parlement européen, Mme Sotoudeh a été condamnée en 2019 à douze ans de prison après avoir défendu une femme arrêtée pour avoir manifesté contre l'obligation faite aux Iraniennes de porter le voile. Elle est incarcérée dans la prison d'Evine, à Téhéran, avec d'autres prisonniers politiques, dont la chercheuse française Fariba Adelkhah. "La prison ne coopère pas, elle ne donne pas vraiment de réponse quand vous demandez l'état (des prisonniers)", selon M. Khandan.

Le ministre français des Affaires étrangères a exprimé mardi son inquiétude concernant l'hospitalisation de l'avocate: "Nous sommes très inquiets sur l'état de santé de Nasrin Sotoudeh. Elle a été condamnée (...) pour avoir fait son métier d'avocate", a déclaré Jean-Yves Le Drian à l'Assemblée nationale.