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La Chine riposte après l'interdiction américaine de télécharger les applis TikTok et WeChat

La Chine riposte après l'interdiction américaine de télécharger les applis TikTok et WeChat

Des drapeaux chinois et américain accrochés sur la façade d'un hôtel de Pékin, le 14 mai 2019. Photo d'illustration AFP / Greg Baker

La Chine a instauré samedi un mécanisme lui permettant de restreindre les activités d'entreprises étrangères au lendemain de l'annonce par Washington de l'interdiction de télécharger à partir de dimanche TikTok et WeChat, nouvelle escalade dans le bras de fer avec Pékin sur le sort des deux applications.

La liste chinoise "d'entités non fiables" - dont les noms des sociétés étrangères visées n'ont pas été rendus publiques - comprend des sanctions potentielles allant d'amendes à la restriction d'activités ou d'entrée de matériel et de personnel en Chine. Son entrée en vigueur est vue comme une réponse à la liste similaire instaurée par Washington pour exclure le géant chinois des télécoms Huawei du marché américain, puis pour s'en prendre aux applications TikTok et WeChat.

'Intimidation'

Le ministère chinois du Commerce avait auparavant qualifié la décision américaine d'"intimidation" et prévenu que "si les Etats-Unis persistent dans leurs actions unilatérales, la Chine prendra les mesures nécessaires pour protéger de façon résolue les droits et les intérêts des entreprises chinoises".

Pour le département américain du Commerce, "le Parti communiste chinois a démontré qu'il avait les moyens et l'intention d'utiliser ces applications pour menacer la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des Etats-Unis". Washington a cependant laissé une porte ouverte à TikTok, application très populaire auprès des jeunes permettant de produire de courtes vidéos, en lui laissant jusqu'au 12 novembre avant de lui interdire complètement d'opérer sur son sol. Ses usagers actuels ne pourront simplement plus faire de mise à jour.

Si l'application résout d'ici là "les problèmes de sécurité nationale", l'interdiction de téléchargement pourrait alors être levée, a indiqué le département du Commerce. S'agissant de WeChat, une application du géant chinois Tencent utilisée pour la messagerie, les achats, les paiements et d'autres services, avec quelque 19 millions d'utilisateurs sur le sol américain, les actuels usagers verront l'application quasiment désactivée aux Etats-Unis dès dimanche, a indiqué un responsable américain. Ces sanctions interviennent au moment où les négociations visant à ce que ByteDance cède ses activités aux Etats-Unis à un groupe américain piétinent et que l'administration Trump s'impatiente.

Le président américain s'est toutefois montré optimiste sur ce dossier vendredi, affirmant qu'un accord pourrait intervenir "rapidement". TikTok a de son côté demandé à un juge américain de bloquer l'interdiction de téléchargement, assurant présenter les garanties maximales pour respecter la sécurité et la vie privée des usagers américains.

La décision de l'administration a été prise "pour des raisons politiques" et non en raison d'une quelconque menace pour la sécurité du pays, estiment TikTok et sa maison mère dans une plainte déposée tard vendredi auprès d'un tribunal de Washington. Et si l'interdiction de téléchargement est maintenue, elle détruira "de façon irréversible" l'activité de TikTok aux Etats-Unis, où l'application compte 100 millions de membres, prévient la plainte.

Domination technologique

Les tensions entre les deux géants économiques sont allées crescendo depuis le mois d'août quand l'hôte de la Maison Blanche a posé un ultimatum à TikTok, qu'il accuse d'espionnage industriel pour le compte de Pékin, sans toutefois avoir rendu de preuves tangibles publiques. Il a donné à ByteDance jusqu'au 20 septembre, soit dimanche, pour céder ses activités TikTok sur le sol américain à une entreprise "made in US". Mais les négociations n'ont toujours pas abouti.

Un premier projet impliquant Microsoft et le géant de la distribution Walmart avait été retoqué par la Chine le week-end dernier.

Lundi, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, avait officialisé le nom d'un autre nouveau potentiel partenaire: Oracle, basé en Californie. Certains médias évoquent une prise de participation minoritaire (jusqu'à 20%, selon CNBC) par Oracle, spécialisé dans les logiciels et services à destination des entreprises. La maison mère chinoise ByteDance conserverait une participation majoritaire. Le géant des supermarchés Walmart a en outre fait savoir qu'il pourrait faire partie du nouveau projet. "Nous avons donc d'excellentes options", a réagi vendredi le président américain. Un comité de sécurité nationale du gouvernement américain est chargé d'examiner l'offre sur la table tandis que les législateurs républicains ont mis en garde contre le feu vert à un accord qui laisserait l'entreprise sous contrôle chinois.

La saga TikTok se déroule alors que Donald Trump, en lice pour un second mandat, met en avant la sécurité nationale dans sa campagne. Au-delà du débat sur la sécurité des données, les critiques de la décision américaine font valoir qu'elle pourrait enfreindre la liberté d'expression aux Etats-Unis. "C'est une erreur de penser que ces sanctions ne visent que TikTok et WeChat", a déclaré Jameel Jaffer, directeur de l'Institut Knight First Amendment de l'université Columbia. "C'est une grave atteinte aux droits des citoyens américains et des résidents (étrangers) encadrés par le premier amendement" de la constitution des Etats-Unis.

La Chine a instauré samedi un mécanisme lui permettant de restreindre les activités d'entreprises étrangères au lendemain de l'annonce par Washington de l'interdiction de télécharger à partir de dimanche TikTok et WeChat, nouvelle escalade dans le bras de fer avec Pékin sur le sort des deux applications.La liste chinoise "d'entités non fiables" - dont les noms des sociétés...