Geagea qualifie de "sabotage" les revendications du tandem chiite

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a qualifié vendredi "d'opération de sabotage du pays" les revendications du tandem chiite concernant la formation du futur gouvernement, alors que le Premier ministre désigné s'était accordé la veille un délai pour la mise sur pied de son équipe, faute de percée dans les tractations.

Lors d'une conférence de presse à Maarab, le leader maronite a appelé à "poursuivre l'initiative française", dont l'axe principal est, selon lui, d'"alléger le fardeau socioéconomique du peuple libanais", via la formation d'un gouvernement de mission qui puisse mener les réformes attendues. Il a encore affirmé que si cette initiative échoue, l'effondrement économique et financier que connait le Liban sera "encore pire et plus rapide".

Conformément à l'engagement pris par les différentes formations politiques lors de la visite à Beyrouth du président français, Emmanuel Macron, le 1er septembre, Moustapha Adib était censé former, en quinze jours, un cabinet "de mission" composé de spécialistes indépendants et respectant le principe de la rotation des portefeuilles. Cette mission bute toutefois sur les demandes du mouvement Amal et du Hezbollah, qui réclament notamment de nommer eux-mêmes le futur ministre des Finances qui devrait être, selon eux, chiite, alors que M. Adib prône le principe de la rotation des portefeuilles entre les différentes confessions. 

"Atteinte" à l'initiative française
"L'équation est simple et ce qu'il faut, c'est un gouvernement qui diffère des précédents", a encore réclamé Samir Geagea. "Tout le monde s'est entendu pour désigner Moustapha Adib" pour la formation du cabinet, a-t-il rappelé, saluant le fait que ce dernier souhaitait "proposer des noms de personnalités indépendantes". "Si nous trouvons que certains noms ne correspondent pas aux critères établis, nous les refuserons", a ajouté le leader maronite. Et de critiquer les formations politiques qui ont accusé le Premier ministre désigné de "se concerter avec certaines parties et pas d'autres". 

Le chef des FL a encore accusé le tandem chiite, qui s'obstine à vouloir conserver le portefeuille des Finances, de "porter atteinte à l'initiative française". "Tous les espoirs" qu'un gouvernement soit formé dans le délai de quinze jours imparti par la France et qui a expiré mardi, ont "volé en éclat parce qu'une partie s'obstine à conserver les Finances et nommer ses ministres", a-t-il lancé. Et M. Geagea de dénoncer un "sabotage direct du pays". Il a encore critiqué la revendication du mouvement Amal et du Hezbollah de mettre sur pied un cabinet de trente ministres. "Ils lient le nombre de ministres à la mise en oeuvre des réformes. Mais où vivent-ils ?", s'est-il interrogé. Il a en outre affirmé que l'Arabie saoudite "n'intervient absolument pas dans la formation du cabinet". 

Par ailleurs, Samir Geagea est revenu sur l'incident ayant éclaté lundi soir entre des partisans des Forces libanaises et du Courant patriotique libre, devant le siège du parti aouniste. "C'est un incident qui est maintenant derrière nous et nous allons faire notre possible pour éviter que cela se répète", a-t-il souligné.