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Dernières Infos - Pourparlers interafghans

Arrivée du secrétaire d'Etat américain à Doha

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, le 2 septembre 2020 à Washington. Photo AFP / POOL / NICHOLAS KAMM

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, est arrivé à Doha pour participer au lancement samedi des négociations de paix historiques entre les talibans et le gouvernement afghans, qui s'annoncent longues et difficiles.

Le responsable américain, arrivé vendredi dans la capitale du Qatar, sera présent à l'ouverture des négociations destinées à mettre fin au conflit interminable en Afghanistan. Mais rien ne garantit que les deux belligérants y parviendront, tant leurs objectifs divergent.

Avant son départ des Etats-Unis, M. Pompeo a appelé les deux camps à ne pas "gâcher" cette occasion historique" de mettre fin à la guerre. Et dans l'avion le menant à Doha, il a reconnu que les discussions seraient "difficiles". "Mais c'est (aux Afghans) de déterminer comment aller de l'avant et rendre la vie meilleure pour (leur) peuple."

Vendredi marque le 19e anniversaire des attentats meurtriers du 11 septembre 2001, qui ont entraîné l'intervention internationale menée par les Etats-Unis ayant chassé les talibans du pouvoir.

Dix-neuf ans de guérilla en Afghanistan ont poussé Washington à négocier avec les talibans en février dernier au Qatar un accord de retrait des troupes américaines à la mi-2021. En échange, quelques vagues promesses des insurgés, dont la tenue du dialogue interafghan. "Nous allons à Doha pour dire aux talibans: vous ne pouvez pas réussir par la force", a lancé Abdul Hafiz Mansour, un membre de la délégation afghane, avant de monter dans l'avion. "Le temps est venu de se réconcilier, nous pouvons résoudre nos problèmes en nous parlant", a-t-il ajouté.

Tout dépendra de la volonté des deux parties d'harmoniser leurs visions concurrentes et de leur capacité à gouverner ensemble.

Préserver les acquis

Les talibans ont toujours refusé de reconnaître le gouvernement de Kaboul, qu'ils qualifient de "marionnette" de Washington. Ils feront pression pour transformer l'Afghanistan en un "émirat" où la loi sera dictée par un islam rigoriste. L'administration du président Ashraf Ghani cherchera de son côté à maintenir la jeune République et sa constitution, qui a consacré de nombreux droits.

Les femmes ont gagné de plus grandes libertés, notamment en ville. Elles pourraient les perdre si les talibans, au nom des "valeurs islamiques", reprennent partiellement ou totalement le pouvoir. Nombre d'Afghans craignent un retour aux pratiques en vigueur sous leur règle sanglant, comme la lapidation des femmes accusées d'adultère. "Autant nous voulons la paix, autant nous voulons aussi que les acquis des années passées soient préservés", observe Aminullah, un instituteur de la province instable de Kunduz (Nord).

Alors que les talibans se trouvent en position de force dans ces négociations, Gilles Dorronsoro, spécialiste français de l'Afghanistan, estime que "les Etats-Unis sont en train de lâcher les Afghans, le régime de Kaboul. Ils sont en train de les enterrer", ce qui engendre une "dissymétrie" des positions, "défavorable" aux autorités afghanes.

Pour qu'un accord soit trouvé, "le gouvernement de Kaboul sera obligé de lâcher énormément", ce qui peut passer par "une nouvelle constitution" ou "un partage des pouvoirs", dit-il.

Coûte que coûte

Le président américain, Donald Trump, dont la réélection en novembre est incertaine, est déterminé à mettre fin coûte que coûte à la plus longue guerre de l'histoire des Etats-Unis.

Autre handicap: alors que les talibans ont présenté un front unifié, le pouvoir afghan est divisé. L'accord américano-afghan de février n'a pas été ratifié par Kaboul. Embrassé du bout des lèvres par le président Ghani, réélu il y a un an au terme d'élections largement contestées, il est ouvertement rejeté par son premier vice-président, Amrullah Saleh, ressorti indemne mercredi d'un deuxième attentat contre sa personne en un peu plus d'un an.

La requête principale de Kaboul, un cessez-le-feu, n'a que peu de chances d'aboutir, l'accord de Doha n'en faisant qu'"un point à l'ordre du jour" des pourparlers.

Dans ce texte, les insurgés s'engagent également à "ne pas permettre" à des groupes jihadistes d'utiliser l'Afghanistan, où sévit par ailleurs l'organisation Etat islamique, comme base pour frapper ensuite des pays étrangers. Mais aucune mention d'el-Qaëda n'est faite, quand les talibans n'ont jamais coupé les ponts avec ce réseau, qu'ils hébergeaient avant le 11 septembre 2001. "Si les négociations n'aboutissent pas, les talibans (...) vont user le régime jusqu'à ce qu'il tombe", pronostique Gilles Dorronsoro. 

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, est arrivé à Doha pour participer au lancement samedi des négociations de paix historiques entre les talibans et le gouvernement afghans, qui s'annoncent longues et difficiles.Le responsable américain, arrivé vendredi dans la capitale du Qatar, sera présent à l'ouverture des négociations destinées à mettre fin au conflit interminable en...