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La Norvège place un suspect de l'attentat de la rue des Rosiers en détention

La Norvège place un suspect de l'attentat de la rue des Rosiers en détention

Le restaurant Jo Goldenberg, théâtre de l’attentat meurtrier perpétré le 9 août 1982 à Paris. Photo Joel Robine AFP

Dans l'attente d'une décision sur une extradition vers la France à laquelle il s'oppose, la justice norvégienne a placé jeudi en détention provisoire un suspect de l'attentat de la rue des Rosiers qui a fait six morts en 1982 à Paris.

Établi en Norvège depuis 1991, pays dont il a obtenu la nationalité en 1997, Walid Abdulrahman Abou Zayed, 61 ans, a été arrêté mercredi à son domicile de Skien, dans le Sud du pays scandinave, en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis par Paris. Grisonnant, pantalon à carreaux et maillot gris, le suspect d'origine palestinienne, également connu sous le nom de Walid Osman en Norvège, a rejeté les faits qui lui sont reprochés.

"J'estime erroné de m'arrêter car je suis innocent", a-t-il affirmé, par la voix d'un interprète, devant le tribunal d'Oslo. "Je n'accepte pas une extradition car je ne fais pas confiance au gouvernement français", a-t-il ajouté en arabe.

Le tribunal d'Oslo a prononcé son placement en détention provisoire pour quatre semaines, une décision dont il a immédiatement fait appel. Le 9 août 1982, un commando --trois hommes selon le mandat d'arrêt-- a lancé une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg dans le quartier juif historique de Paris, puis ouvert le feu dans l'établissement et contre des passants. L'attaque a aussi fait 22 blessés.

L'opération avait été attribuée au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) ou Abou Nidal, un groupe palestinien dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le soupçonnant d'être "l'un des tireurs" de l'attentat, sur la base d'au moins deux témoignages, celui d'un ancien responsable d'Abou Nidal et celui d'un ancien membre du groupe Abu Nidal, la justice française réclame son extradition depuis cinq ans.

La Norvège n'avait pas donné suite à une précédente demande en 2015 car elle n'extradait alors pas ses ressortissants. Mais l'entrée en vigueur l'an dernier d'un accord entre l'UE, la Norvège et l'Islande lui en offre désormais la possibilité. Selon ce texte, une décision sur l'extradition doit en principe intervenir 45 jours au plus tard après une arrestation.

La justice norvégienne devrait examiner cette question lors d'une future audience.

Zones d'ombres

La justice française a émis trois autres mandats d'arrêt contre deux personnes réfugiées en Jordanie et une autre réputée être en Cisjordanie.Les familles des victimes, qui attendent un procès depuis près de 40 ans, ont salué l'arrestation réalisée en Norvège.

Leurs espoirs se sont heurtés ces dernières années à des refus réitérés de la justice jordanienne d'extrader deux des suspects, dont le cerveau présumé. Des zones d'ombre demeurent.

Des documents provenant d'archives du ministère de l'Intérieur accréditent l'idée d'un accord secret passé en 1984 entre les renseignements français et le groupe Abou Nidal, aboutissant à la libération en février 1986 de deux prisonniers condamnés pour assassinat en échange de l'engagement du groupe à ne plus y commettre d'attentats.

Cette thèse, évoquée de longue date, a refait surface récemment après plusieurs déclarations du patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) entre novembre 1982 et 1985, Yves Bonnet, qui a confirmé, lors d'une audition par le juge d'instruction chargé de l'enquête, l'existence d'un "accord" entre les deux parties. Mais pour M. Bonnet, cela garantissait en outre la "possibilité offerte aux membres de l'organisation (Abou Nidal) de venir en France, sans risque" judiciaire.

Selon des éléments dont l'AFP a eu connaissance, les archives du ministère de l'Intérieur et du ministère des Armées transmises récemment aux magistrats en charge du dossier ne mentionnent pas la promesse évoquée par M. Bonnet.

Dans l'attente d'une décision sur une extradition vers la France à laquelle il s'oppose, la justice norvégienne a placé jeudi en détention provisoire un suspect de l'attentat de la rue des Rosiers qui a fait six morts en 1982 à Paris.
Établi en Norvège depuis 1991, pays dont il a obtenu la nationalité en 1997, Walid Abdulrahman Abou Zayed, 61 ans, a été arrêté mercredi à son...