La double explosion du 4 août a donné le coup de grâce au secteur médical et hospitalier qui boitait depuis plusieurs mois déjà du fait de la crise économique et financière et du retard affiché dans le règlement des honoraires des médecins par les assurances et les tiers payants publics auxquels est venue s’ajouter la pandémie du Covid-19, qui a paralysé encore plus le secteur.
Avec quatre hôpitaux durement affectés par les explosions du port de Beyrouth, « de nombreux médecins qui exerçaient dans ces établissements universitaires se sont retrouvés sans travail », déplore le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf.
Il explique que récemment, « plus de 150 médecins ont sollicité l’ordre pour obtenir des lettres de recommandation en foi desquelles ils peuvent exercer à l’étranger ». « Ce sont ceux qui généralement ont effectué toutes leurs études à l’étranger ou qui y ont suivi leur spécialisation, poursuit le Dr Abou Charaf. Ils reçoivent des offres de pays d’Europe, des États-Unis et des pays du Golfe. »
Les causes à l’origine de ce problème sont nombreuses. Le Dr Abou Charaf évoque notamment « un retard d’au moins un an dans la rémunération des médecins pour les actes effectués dans les hôpitaux, des rémunérations qui sont de surcroît dérisoires », ainsi que « des poursuites judiciaires et légales à la pelle » et « des agressions répétées ». « Ils n’arrivent plus à travailler dans une ambiance sûre, regrette-t-il. C’est la raison pour laquelle l’ordre a présenté deux projets de loi relatifs à l’immunité du médecin et à la sanction de quiconque agresse un médecin lors de l’exercice de sa profession. »
La situation est tout aussi déplorable pour le secteur infirmier. « Depuis la fin de 2019, les infirmières et infirmiers commençaient déjà à émigrer, mais cet exode s’est aggravé en 2020 », déclare Myrna Doumit, présidente de l’ordre des infirmières et infirmiers du Liban. Elle rappelle que 49 % du corps infirmier ont suivi des études universitaires et que 51 % d’entre eux sont des techniciens. « Les professionnels qui émigrent font partie de ces 49 %, c’est-à-dire ceux qui ont de l’expertise », met-elle en garde. Les raisons de leur départ du pays se trouvent principalement dans leurs conditions de travail : retard dans le paiement des salaires, absence d’assurance médicale, absence de sécurité sanitaire dans les hôpitaux en période de Covid-19, « dans certains établissements le corps infirmier a droit à un seul masque toutes les six heures ». « D’ici à 2030, le monde aura besoin de 9 millions d’infirmières et infirmiers, insiste Mme Doumit. Les offres qu’on leur fait à l’étranger, notamment en Europe, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, sont alléchantes. » Et d’insister : « Ce qui est dangereux, c’est qu’ils partent par groupe d’au moins cinq. Cela peut ouvrir la voie à des étrangers dont on ignore les capacités et les connaissances. »
Tant pour le Dr Abou Charaf que pour Mme Doumit, la solution consiste à instaurer un débat entre les parties concernées pour trouver un moyen d’empêcher cet exode, car l'on risque d'être « les témoins de l’effondrement du secteur de la santé ».
commentaires (3)
Pas grave! Dieu merci on aura des milliers et certains diraient des millions de remplaçant de l'est vers lequel on se tourne à bras ouverts...il faudra quand même apprendre l' iranien, le chinois, le russe,.....
Wlek Sanferlou
19 h 53, le 08 septembre 2020