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Politique - Interview

Giuseppe Conte à « L’OLJ » : Pour un gouvernement jouissant de la confiance de la population

Le président du Conseil italien effectuera aujourd’hui une visite officielle à Beyrouth.

Giuseppe Conte à « L’OLJ » : Pour un gouvernement jouissant de la confiance de la population

« J’espère qu’un programme urgent de réformes sera mis en place pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libanais », a affirmé le Premier ministre italien à « L’OLJ ». Photo DR

Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, est attendu aujourd’hui à Beyrouth pour une visite officielle au cours de laquelle il tiendra une série d’entretiens officiels et rencontrera des représentants de la société civile. Une visite qu’il présente comme « un témoignage concret de la solidarité italienne envers le Liban et son peuple » et qui s’inscrit, il faut le préciser, dans le cadre d’une longue tradition d’étroites relations amicales. On pense en particulier à l’implication de l’Italie dans la reconstruction du Liban après la guerre de juillet 2006, mais aussi à tous les projets de développement qu’elle finance et exécute depuis des années aux quatre coins du pays, à travers l’Agence italienne de coopération au développement.

L'édito de Michel Touma

Assistance ou droit d’ingérence ?

Avec ses interlocuteurs libanais, Giuseppe Conte discutera des perspectives de la reconstruction après la tragédie du 4 août au port de Beyrouth. Il préconise d’emblée un « schéma qui puisse préserver l’identité et le tissu social des quartiers détruits, voire leur patrimoine historique ». Dans une interview qu’il a accordée par mail à L’Orient-Le Jour, à la veille de son arrivée à Beyrouth où les tractations se poursuivent pour la mise en place d’une nouvelle équipe ministérielle, M. Conte se prononce en faveur d’un gouvernement « qui puisse jouir de la confiance de la population et avec lequel la communauté internationale peut travailler pour la reconstruction » du pays.

Quel est l’objectif de votre visite ? Pouvez-vous dresser un bilan de l’aide apportée par votre pays ? Comment celle-ci se poursuivra-t-elle à l’avenir ?

Ma visite fait suite à deux autres effectuées par des membres du gouvernement italien au Liban depuis la tragique explosion au port de Beyrouth. Elle constitue un témoignage concret de la solidarité italienne envers le Liban et son peuple, auxquels nous sommes depuis toujours unis par une profonde amitié et un partenariat historique. L’Italie a été parmi les premiers pays à répondre à l’urgence. Nous avions envoyé d’emblée deux équipes de la Protection civile pour participer aux opérations de recherche et de secours dans les quartiers sinistrés et coordonné l’envoi de trois vols humanitaires transportant plus de 15 tonnes de matériel médical. L’Italie a également donné le coup d’envoi de l’opération humanitaire « Emergenza Cedri » dans le cadre de laquelle un hôpital de campagne aux capacités avancées a été mis en place à Beyrouth et un détachement du génie militaire a été dépêché pour aider aux opérations de déblaiement. C’est bien le moment pour regarder vers la reconstruction tout en préservant l’identité et le tissu social des quartiers détruits, voire leur patrimoine historique.

L’Italie a accueilli en 2018 la conférence internationale de soutien aux forces armées. Des engagements y ont été pris aussi bien par les pays du Groupe international de soutien (GIS) que par le Premier ministre de l’époque, Saad Hariri. M. Hariri avait réaffirmé l’engagement du Liban en faveur de la politique de distanciation et de l’ouverture d’un débat autour de la stratégie nationale de défense. Quel bilan peut-on faire aujourd’hui de cette conférence ?

La conférence de Rome II a représenté la première étape de la feuille de route élaborée par le Groupe international de soutien au Liban, un rendez-vous crucial pour soutenir le Liban avec l’aide de la communauté internationale. Le parcours entrepris est bien ce qu’il faut pour le renforcement des institutions libanaises de sécurité et la consolidation de leurs capacités à préserver la stabilité du pays. Certes, il reste beaucoup à faire, mais notre engagement collectif envers les forces armées a déjà produit des résultats qui sont sous nos yeux. L’Italie, avec sa mission militaire bilatérale Mibil, en assure la formation et l’entraînement. En outre, dans le contexte complexe des derniers mois, l’armée a assumé d’une manière efficace d’importantes responsabilités. Quant au principe de dissociation (ou distanciation), il était et demeure une direction stratégique, un principe constamment rappelé par l’Italie et par les autres membres du GIS. Mais il revient au Liban de définir son application.

Quelle est votre lecture des amendements apportés à la mission de la Finul au Liban-Sud, dans un sens lui permettant d’accéder à toutes les zones qui devraient faire l’objet d’une enquête ? Certains estiment que cette démarche risque de créer des frictions entre les Casques bleus et les habitants, voire d’alimenter la tension à la frontière.

Le renouvellement du mandat de la Finul est intervenu au terme d’un processus de négociations complexe. Nous sommes satisfaits du résultat final que nous considérons équilibré. En fait, quelques modifications ont été apportées. Des modifications qui, comme nous l’avons toujours souhaité, n’affectent pas substantiellement la mission de la force internationale. Dans un moment de fortes tensions régionales, il demeure nécessaire de maintenir l’efficacité opérationnelle de la Finul pour préserver la stabilité le long de la ligne bleue.

Votre visite intervient près d’une semaine après la nomination d’un Premier ministre, alors que le Liban connaît la pire crise économique et financière de son histoire et qu’une grande partie des Libanais rejette la classe dirigeante. Cette question sera-t-elle abordée avec les responsables libanais ? Quelle serait votre vision d’un gouvernement de sortie de crise ?

Le Liban a urgemment besoin d’un gouvernement qui jouit de la confiance de la population et avec lequel la communauté internationale peut travailler pour la reconstruction. J’espère que le processus en cours pour la formation d’un nouveau cabinet pourra se conclure prochainement et qu’un programme urgent de réformes sera mis en place pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libanais. Je partagerai ce message avec tous mes interlocuteurs officiels. Je voudrais en même temps me mettre à l’écoute des aspirations et des attentes de la société civile, qui devrait jouer un rôle de premier plan pour forger le Liban de demain et lancer le processus nécessaire de renouveau des institutions et de la gouvernance.

La communauté internationale est engagée à fond pour aider le Liban à se lancer dans un processus politique qui devrait l’aider à régler la crise, surtout la crise de confiance. Quel rôle peut jouer l’Italie pour soutenir le pays dans ce moment critique face aux défis nationaux et internationaux ?

L’Italie a investi à long terme dans la stabilité et la sécurité du Liban, à travers une série d’instruments qui vont du secteur militaire, par le biais de notre engagement au sein de la Finul avec un contingent qui compte plus de 1 000 unités – le deuxième de par le nombre d’effectifs – et la Mission militaire bilatérale italienne au Liban (Mibil), à la coopération au développement, aux relations culturelles et économiques. Notre soutien au Liban ne diminuera pas. Au contraire, il se renforcera, surtout à la lumière des circonstances actuelles. Nos outils de coopération sont actuellement calibrés en fonction des besoins de soutien et d’assistance. Notre souhait demeure de pouvoir relancer, dans un futur contexte de stabilité économique, politique et sociale, les collaborations et les projets d’investissement dans les secteurs d’intérêt stratégique comme l’infrastructure et l’énergie.

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L’Italie a été le premier pays européen qui a fait face à l’urgence Covid-19. Quelle est l’expérience que vous pouvez partager avec les Libanais et quelles sont à votre avis les prochaines étapes à prendre au niveau international afin de contenir le virus ?

Je ne nie pas que c’étaient des jours très difficiles, tragiques. Mais je suis fier d’avoir pu compter, même dans les moments les plus dramatiques, sur le sens de responsabilité de mes concitoyens. Si l’Italie constitue aujourd’hui un point de repère dans la lutte internationale contre ce virus, c’est surtout grâce à eux. Toutefois, ma gratitude va également aux médecins, aux infirmiers et à tous ceux qui travaillent dans le secteur de la santé, qui étaient et continuent d’être en première ligne : un amalgame de professionnalisme, de dévouement et de détermination que nous retrouvons aujourd’hui – je tiens à le rappeler – auprès de l’hôpital de campagne installé ici à Beyrouth et qui, jusqu’à il y a quelques mois, opérait dans l’une des zones italiennes les plus touchées par la contagion. Nous devons continuer sur cette voie, aussi bien au niveau national qu’international, sans jamais baisser la garde, et œuvrer pour une réponse coordonnée qui protège la santé de tous sans exception. C’est une bataille que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre et qui doit rallier toute la communauté internationale.

Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, est attendu aujourd’hui à Beyrouth pour une visite officielle au cours de laquelle il tiendra une série d’entretiens officiels et rencontrera des représentants de la société civile. Une visite qu’il présente comme « un témoignage concret de la solidarité italienne envers le Liban et son peuple » et qui s’inscrit, il faut le...

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  • DANS TOUS LES PAYS DU MONDE SEULES DES REVOLUTIONS EN BONNE ET DUE FORME AVAIENT GARANTI DES REFORMES ET DES GOUVERNEMENTS INDEPENDANTS. CHEZ NOUS ?

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