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Dernières Infos - Algérie

Le journal satirique El Manchar relancé pour rire en dépit de la peur

Après une suspension volontaire de plusieurs mois, par peur de la "répression", le journal satirique algérien "El Manchar" est à nouveau officiellement en ligne depuis dimanche, avec son mordant habituel à l'encontre des autorités.

"Le président (Abdelmadjid) Tebboune ordonne l'ouverture progressive d'El Manchar". C'est avec ce titre ironique, une allusion au déconfinement "progressif" en cours en Algérie, que le journal satirique, dont l'arrêt brutal en mai dernier avait créé un vif émoi sur les réseaux sociaux, a annoncé son retour sur la scène médiatique et humoristique algérienne.

"Trop de peurs, d'angoisses, d'inquiétudes ont eu raison de nous, de notre légèreté habituelle. Avoir peur ou rire, il fallait choisir. Nous ne regrettons pas avoir pris le parti de la peur. J'espère que nous ne regretterons pas de prendre à partir de cet instant le parti du rire", écrit Nazim Baya, le fondateur du journal, sur son site.

"C'est la condamnation de Khaled Drareni qui nous a convaincus qu'il ne fallait surtout pas se taire", a-t-il expliqué à l'AFP.

Le journaliste indépendant Khaled Drareni, dont le procès en appel s'ouvre mardi matin à Alger, a été condamné le 10 août en première instance à trois ans de prison ferme et à une lourde amende pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".

"Perdu pour perdu, autant dire ce qu'on a à dire. Nous ne faisons rien de mal. Nous défendons des valeurs dans lesquelles nous croyons profondément: liberté d'expression, Etat de droit et démocratie", a insisté le fondateur d'El Manchar.

Nazim Baya et ses trois acolytes reviennent avec leur esprit incisif et des articles aussi drôles qu'insolents.

Ils annoncent d'emblée: "Pour des raisons de commodité, El Manchar installe son nouveau siège dans la prison d'El Harrach", en référence à la prison algéroise où sont détenus des prisonniers du mouvement de contestation populaire, le "Hirak".

El Manchar, dont la devise est "Avec des scies, on refait le monde", se présente comme "un site d'informations fausses et complètement saugrenues" visant à "explorer le champ de l'absurde".

Le site précise que les articles qui y sont publiés "ne renvoient à aucune occurrence du réel mais juste à des occurrences du possible".

Toutefois, dans un climat de répression accrue à l'encontre des médias indépendants, les poursuites judiciaires engagées contre des journalistes, le blocage de plusieurs sites d'information et les récents textes législatifs criminalisant la désinformation et les discours de haine fragilisent la survie des publications satiriques en Algérie, qui possède une solide tradition de caricatures et d'humour politiques.

Après une suspension volontaire de plusieurs mois, par peur de la "répression", le journal satirique algérien "El Manchar" est à nouveau officiellement en ligne depuis dimanche, avec son mordant habituel à l'encontre des autorités."Le président (Abdelmadjid) Tebboune ordonne l'ouverture progressive d'El Manchar". C'est avec ce titre ironique, une allusion au déconfinement "progressif" en...