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Nos Lecteurs ont la Parole

Quand l’incompétence est criminelle...

L’impensable semble bien être l’explication à l’apocalypse dont ont été victimes les Libanais le 4 août. Il ne s’agirait apparemment pas d’un acte terroriste ; il ne s’agirait pas d’une pluie de missiles israéliens, pas plus qu’une quelconque attaque planifiée ou stratégique. Pire : il s’agit d’incompétence.

Incompétence de toute une classe politique qui n’a de cesse de piller le Liban et les Libanais, envers et contre tout.

Les mots sont faibles ; ils ne rendront jamais justice à l’horreur du 4 août. Et pourtant, certaines choses doivent être dites.

Le cri de Samy Gemayel le 9 août sur le plateau de Marcel Ghanem est très évocateur. Sa colère est celle ressentie de tous. Il s’agit non seulement de colère, mais aussi d’incrédulité. Comment est-ce possible, encore aujourd’hui, après que le ciel nous est littéralement tombé sur la tête ; comment est-ce encore possible de défendre l’indéfendable ? Comment est-ce possible de ne pas reconnaître ses torts ? De ne pas accepter l’idée même d’une responsabilité quelconque alors que tous les faits sont là ?

Comment est-ce possible de parler « d’opportunité » de changement face à l’effroyable désastre qui a endeuillé tout un pays ?

Comment…

Quel est donc ce mystérieux mal infâme qui s’empare de chacun des politiciens dès qu’il touche à une chaise ? Le jeu politique libanais doit être bien plus juteux qu’on ne peut imaginer pour que ses acteurs s’agrippent à ce point à leurs rôles macabres. Mais même avec beaucoup d’imagination, et des efforts surhumains de compréhension, je ne peux toujours pas m’expliquer que face à l’ampleur de la tragédie, la conscience de nos dirigeants soit toujours aux abonnés absents.

Je refuse de comprendre qu’à l’heure où Beyrouth compte ses morts, son chef de l’État se débine de toute responsabilité en arguant de son ignorance. Mais, monsieur, c’est encore pire !

Je refuse de comprendre qu’à l’heure où les parents de disparus quémandent un lambeau de chair de leur être aimé, le Premier ministre s’entête et ose encore affirmer que notre salut ne peut venir que de son gouvernement de pantins.

Je refuse. Mon corps entier se soulève face à l’abjecte attitude de tous ceux qui restent, envers et contre tout. Je ne veux pas qu’on me parle de logique politicienne, comme l’a fait (depuis toujours) Walid Joumblatt, en avançant que le maintien de ses hommes au Parlement est une question de tactique.

Je ne veux pas qu’on me dise que cela ne sert à rien de démissionner et que ce serait (comble de l’ironie) se débiner de ses responsabilités que de quitter son poste. Mon Dieu quelle arrogance ! De quelles responsabilités parle-t-on donc ? Qu’est-ce que ce gouvernement a donc fait à part démontrer son incompétence criminelle aux yeux du monde entier ?

Il fut un moment où je pensais que l’incompétence ne pouvait véritablement représenter un danger pour nos vies, « seulement » pour nos biens. J’aurais voulu ne pas me tromper si lourdement.

Il semble bien, pourtant, que l’incompétence tue.

Et l’arrogance suprême de ne pas reconnaître son incompétence, malgré la fin du monde qu’elle a occasionnée, est juste nauséabonde.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

L’impensable semble bien être l’explication à l’apocalypse dont ont été victimes les Libanais le 4 août. Il ne s’agirait apparemment pas d’un acte terroriste ; il ne s’agirait pas d’une pluie de missiles israéliens, pas plus qu’une quelconque attaque planifiée ou stratégique. Pire : il s’agit d’incompétence.Incompétence de toute une classe politique qui n’a de...

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