Le 9 juillet 551, un tremblement de terre, dont la force est de 7,3 sur l’échelle de Richter, suivi d’un tsunami, frappe Berytus, la perle de la cote phénicienne dans l’Empire byzantin : Berytus brûle pendant 2 mois. Non moins de 101 villes sont détruites, 30 000 personnes sont mortes, en plus de la destruction de la première école de droit au Moyen-Orient. L’épicentre de ce désastre naturel était entre Byblos et Berytus.
Le 4 août 2020, 1 469 ans plus tard, une double explosion équivalant à un tremblement de terre dont la force est de 4,3 sur l’échelle de Richter frappe Beyrouth. Son épicentre, c’est le hangar numéro douze au port de Beyrouth. Une partie de Beyrouth est détruite : Achrafieh, Rmeil, Gemmayzé, Mar Mikhaël… anéantissement du port le plus occupé de la Méditerranée : 200 morts, 7 000 blessés, 300 0000 personnes sans abri, 4 hôpitaux rasés et des milliards de livres libanaises en pertes et dégâts… En 551, la cause fut un mouvement entre deux plaques tectoniques. En 2020, la cause est d’origine humaine ou plutôt assassine (qu’elle soit accidentelle ou voulue).
Les scientifiques avaient prédit un tremblement de terre 1 500 ans après celui de 551. Cependant, nul n’aurait osé penser ou prédire un tel acte criminel. Mais à qui profite le crime ? Pourquoi les criminels avaient stocké du matériel inflammable à une centaine de mètres de là où jouait Lexou ?
Pourquoi ce matériel inflammable et/ou cet arsenal n’étaient pas dans la Békaa ou dans les montagnes de Baalbeck ? Pourquoi fallait-il les stocker au milieu du cœur de Beyrouth, au milieu de la partie de la ville qui ne dort pas, au milieu de milliers de Libanais innocents qui s’apprêtaient à passer une belle soirée d’août dans leurs maisons ? Après la crise économique sans précédent dans laquelle nos élus nous ont plongés, ce tremblement assassin nous tombe du ciel.
Alors que Lexou jouait au salon à côté du piano en compagnie de ses parents, alors qu’Amanda s’occupait de ses patients à l’hôpital Saint-Georges et que Michèle regardait la télévision derrière le musée Sursock, alors que Hassan pêchait le poisson dans le port parce que nos élus ont tout raflé, alors que Charbel, Nagib et Charbel, les trois pompiers vaillants de Qartaba, s’étaient rendus à l’épicentre en quelques minutes, la mort est venue les faucher en trois secondes, détruire leurs maisons, leurs hôpitaux, leur ville...
Une action immédiate est requise. Les Libanais patriotes résidant au Liban et outre-mer demandent aux leaders du monde, Trump, Trudeau, Macron, Johnson, etc., d’organiser et d’envoyer une délégation onusienne pour démanteler les caches d’armes enfouies parmi notre population. À l’instar de ce qui a été fait en Irak à la recherche d’armes de destruction massive, le même principe s’applique au Liban, vu la puissance de l’explosion survenue le 4 août.
Ce sera très facile de trouver ces caches dont la localisation exacte est connue grâce aux satellites.
La communauté internationale a une obligation morale d’imposer cette fouille d’armes de destruction massive pour sauver la vie des innocents. Le monde libre a débarqué en Normandie pour sauver la France des griffes nazies. Qu’attendons-nous pour sauver ma patrie ? Il ne faut surtout pas compter sur nos élus.
Dans un article récent, nos élus furent décrits comme des sociopathes. En tant que médecin, je suis persuadé qu’un syndrome de sociopathie avec un mélange de psychopathie serait un meilleur diagnostic parce que non seulement ils manquent d’empathie, mais ils sont aussi détachés de la réalité. Leurs actions sont dictées par un égocentrisme extrême.
Alors que le président Macron arrive en urgence pour rencontrer les survivants à Gemmayzé, nos élus se terrent parce que, encore une fois, le diable ne les a pas emportés : il ne veut surtout pas les voir en enfer parce qu’ils font un excellent travail dans mon pays natal, dans ma patrie.
Même le Covid qui a touché plusieurs chefs d’État et politiciens les évite de peur de manquer d’oxygène dans ce corps qui abrite un esprit machiavélique.
Au nom de tous les citoyens et citoyennes libanais patriotes et innocents au Liban et à l’étranger, j’implore notre ange Lexou de protéger ce qui reste du pays du Cèdre, cette terre où tu es née, ce drapeau que tu as fièrement porté. Le message que j’envoie à ceux qui n’aiment pas mon pays est simple : « Arrêtez vos attaques perfides et criminelles parce que, lorsque je quitte le Liban, le Liban ne me quitte jamais. Il reste à vie dans mon cœur et mon cerveau ! »
D’autant que, désormais, Lexou nous protège…
Dr Donald EDDÉ, MD FRCP
Président du Regroupement des
professionnels Liban-Canada
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Merci très beau texte
18 h 08, le 19 août 2020