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Scan TV - Double explosion du port de Beyrouth

L’indécence médiatique face à la douleur des victimes

L’indécence médiatique face à la douleur des victimes

Le quartier de Mar Mikhaël gravement touché par le drame. Photo RR

Dès les premières minutes qui ont suivi les explosions du port de Beyrouth, les journalistes locaux ont accouru sur les lieux du sinistre en essayant, autant qu’ils le pouvaient, de garder un certain degré de professionnalisme face à l’ampleur de la catastrophe qui a transformé une grande partie de la capitale en une scène apocalyptique. Rares sont celles et ceux qui ont pu garder leur sang-froid face à l’ampleur des dégâts et de la désolation des personnes qui cherchaient les membres de leur famille sous les décombres. Lorsque certaines chaînes criaient haut et fort au scandale et à la haute trahison en essayant même de mettre les mots dans la bouche des victimes d’une façon arrogante, d’autres ne respectaient même plus la douleur de ces derniers, forçant presque le passage à leur domicile montrant leurs affaires personnelles éparpillées en leur posant des questions embarrassantes et complètement dépassées dans de telles circonstances. Il est vrai que ces reporters sur le terrain ont effectué un travail titanesque et que les images et témoignages qu’ils ont relayés ont été à l’origine de l’exceptionnel élan de solidarité organisé spontanément par la société civile et la communauté internationale. Mais la prise en charge médiatique locale de cet état d’urgence a été néanmoins mal gérée par des journalistes qui se sont laissés emporter, se présentant tour à tour comme des procureurs généraux ou des juges d’instruction, accumulant commentaires déplacés et accusations, tirant des conclusions en direct qui n’ont fait qu’ajouter au stress et au désarroi de la population. Plusieurs reporters ont réussi à garder une distance plus saine par rapport aux faits, se contentant de relayer les événements et ce qu’ils voyaient. Ils ont apporté des informations utiles aux téléspectateurs sans augmenter la pression devant les urgences délabrées des hôpitaux sinistrés, évitant de poser des questions inutiles à des blessés déboussolés. Les jours qui suivent ont témoigné d’une indécence inacceptable au niveau de l’éthique sans parler du côté humain !

Des entrevues précoces avec des parents de victimes toujours sous le choc n’ayant même pas encore enterré leurs morts, où les journalistes leur demandaient de pointer du doigt les responsables de leur drame, leur proposant souvent des réponses toutes faites et les invitant même à souhaiter la mort des proches des responsables et des politiciens. D’autres entrevues choquantes demandaient à des familles endeuillées de relater à nouveau le drame vécu, en insistant, sans aucun scrupule, sur des détails vendeurs pour les médias mais très douloureux pour les victimes. Des visites inopinées ont été faites spontanément à des familles dans leurs maisons délabrées, leur proposant de l’aide tout en insistant sur la défaillance de l’État, qui est certes un fait indéniable, augmentant ainsi leur désespoir et leur désarroi. Le travail sur le terrain a, certes, dépassé les moyens de tout le monde, qu’il s’agisse des services médicaux et paramédicaux ou des services sécuritaires et administratifs. Le chaos qui a suivi ce drame a laissé la porte grande ouverte aux scénarios les plus ahurissants, avec des interventions et le relais d’informations non vérifiées par des médias eux-mêmes dépassés par les événements. Rares sont les journalistes qui ont passé des heures, nuit et jour, à couvrir la totalité des périmètres et les hôpitaux touchés et qui n’ont pas brandi la tendance politique de leur chaîne, de leur journal, de leur radio ou de leur site électronique, en essayant de véhiculer des messages aliénant la douleur des sinistrés impuissants face à cette catastrophe. La colère finira par sortir des cœurs des victimes au moment opportun. Il suffit d’attendre. Plusieurs images prises sur les sites sur fond d’un silence magistral ont réussi à transmettre la douleur beaucoup mieux que les commentaires exagérés et les analyses stériles infondées. La sobriété, la vérification des informations, le silence et la décence face à la mort, même dans des situations extrêmement douloureuses et traumatisantes, restent la réaction adéquate à adopter. Le peuple libanais est en deuil. Respectons cette période cruciale et continuons à soulager les peines en organisant des campagnes d’aide de la société civile et en encourageant les initiatives personnelles et les dons de la communauté internationale.

Dès les premières minutes qui ont suivi les explosions du port de Beyrouth, les journalistes locaux ont accouru sur les lieux du sinistre en essayant, autant qu’ils le pouvaient, de garder un certain degré de professionnalisme face à l’ampleur de la catastrophe qui a transformé une grande partie de la capitale en une scène apocalyptique. Rares sont celles et ceux qui ont pu garder leur...

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