Rechercher
Rechercher

Environnement - Déchets

Tollé après la création d’un site de remblais à Mar Mikhaël

Le parking de la station de bus du quartier a déjà disparu sous un monticule de remblais et de matériaux de toutes sortes. La municipalité assure que c’est « temporaire » et le mohafez de Beyrouth reconnaît que l’action était désorganisée.

Tollé après la création d’un site de remblais à Mar Mikhaël

Un énorme monticule dans le célèbre parking de la station de bus de Mar Mikhaël. Photo prise par un habitant

Que la destruction à grande échelle du quartier de Mar Mikhaël, suite à la double explosion du port de Beyrouth le 4 août, génère une grande quantité de remblais, cela était prévisible. Mais que ces remblais se retrouvent en un énorme monticule dans un parking situé au beau milieu de ce quartier meurtri, c’est ce que les habitants ne sont pas disposés à supporter. « Nous n’avons plus ni fenêtres ni portes et nous sommes suffoqués par ces relents pestilentiels qui viennent du parking de la station de bus de Mar Mikhaël, affirme à L’Orient-Le Jour Josiane, une mère de famille qui habite juste en face. N’avons-nous pas assez souffert ? Que veulent-ils de plus ? »

Dans une vidéo tournée sur place, Peter Mouracadé, de « Mouwaten lebnene », un groupe de la contestation, montre comment le monticule de déchets a déjà entièrement envahi le grand espace dans un incroyable fouillis.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Marwan Abboud, mohafez de Beyrouth, précise que c’est effectivement la municipalité qui a décidé d’employer ce terrain vague pour les remblais, assurant que c’est « temporaire ». « Nous devions travailler dans l’urgence et déblayer les rues pour aider les habitants dans le besoin, dit-il. Et puis nous avons suivi le conseil d’ONG écologiques qui ont suggéré que les matériaux qui résultent de la destruction doivent être triés plutôt que jetés n’importe comment. D’où notre intention de les placer en un endroit avant de les sortir de Beyrouth. » À la question de savoir pourquoi le périmètre du port, déjà détruit, ne pourrait être utilisé à cette fin, il fait remarquer que « cette zone étant considérée comme scène de crime, elle est bouclée par l’armée », démentant les informations suivant lesquelles de vastes remblais sont actuellement déplacés du port vers d’autres sites par un quelconque entrepreneur.

Plus rien à trier
Plusieurs sources interrogées assurent qu’il y a plus d’un site réservé à cet effet dans le périmètre de Beyrouth, dont un à la Quarantaine et un autre à l’entrée de Gemmayzé, dans un grand chantier. Mario Goraïeb, en charge du dossier de l’environnement à Arcenciel, affirme ne pas être au courant du site de stockage de Mar Mikhaël, précisant cependant que la municipalité a mis à la disposition de cette association spécialisée dans le recyclage un terrain à la Quarantaine, où le tri du verre brisé va bon train pour en faire du sable réutilisable dans la construction ou dans la réhabilitation de carrières. Mais si le travail se fait dans les règles à la Quarantaine, dans un terrain sans proximité avec des quartiers résidentiels, ce n’est pas le cas de Mar Mikhaël, constate Ziad Abichaker, fondateur de Cedar Environmental » et ingénieur spécialisé dans le traitement des déchets, qui a inspecté le site.

« De la façon dont les remblais ont été entassés sur le terrain de Mar Mikhaël, ils sont désormais irrécupérables, s’insurge-t-il dans un entretien téléphonique avec L’OLJ. Que la municipalité ne prétexte pas une quelconque intention de trier ces déchets, il est désormais impossible de les séparer les uns des autres après la façon dont ils ont été mélangés dans les camions. Si l’intention était de faciliter le tri, il aurait fallu consacrer des camions au verre, d’autres au bois, d’autres aux métaux… Et puis on ne peut pas les entreposer en monticule de cette manière, sans couloirs pour faciliter le déplacement. Même d’un point de vue purement sécuritaire, je ne peux pas demander à des jeunes de se lancer dans le tri en pareil environnement. »

La sécurité, c’est ce qui préoccupe également Julien Jreissati, directeur des programmes de Greenpeace MENA. « Nous ne savons pas encore exactement ce qui a explosé, donc nous ne pouvons être sûrs de la teneur de la poussière qui recouvre les maisons et les intérieurs depuis le drame, dit-il à L’OLJ. Transporter ces débris et les entreposer sans aucune précaution dans un terrain à proximité de maisons où les vitres sont détruites exposent la population au danger d’inhaler des matières potentiellement toxiques. »

Pour sa part, Marwan Abboud reconnaît que des erreurs ont été commises. « Dans l’urgence d’une situation inédite et pour déblayer les rues au plus vite, nous n’avons probablement pas suivi toutes les règles, souligne-t-il, rappelant l’incroyable état de fatigue dans lequel se trouvent les équipes sur le terrain. Nous sommes cependant ouverts aux conseils des écologistes. »

Pour Ziad Abichaker, « il ne fait pas de doute que ces matières-là sont irrécupérables et que ces remblais doivent être transportés au plus vite hors de ce quartier ». « Il y aura un besoin de remblais pour reconstruire tout ce qui a été détruit, et il faudra les utiliser pour cela », dit-il.

Quoi qu’il en soit, l’entreposage de remblais se poursuivait hier sur le site, comme l’a assuré Peter Mouracadé. « L’ingénieur en charge des travaux par la municipalité assure que c’est provisoire, "mais nous savons bien que ces matières sont perdues pour le tri et le recyclage, déplore-t-il. Il n’y a plus qu’à les transporter ailleurs, et il faut le faire au plus vite".

Que la destruction à grande échelle du quartier de Mar Mikhaël, suite à la double explosion du port de Beyrouth le 4 août, génère une grande quantité de remblais, cela était prévisible. Mais que ces remblais se retrouvent en un énorme monticule dans un parking situé au beau milieu de ce quartier meurtri, c’est ce que les habitants ne sont pas disposés à supporter. « Nous...

commentaires (4)

C’est la volonté des gens au pouvoir de transformer toutes les régions du Liban en une déchèterie qui leur ressemble et où ils se trouvent dans leur élément. Les libanais les ont tellement gâtés en assumant toutes les responsabilités à leur place tout en honorant leurs factures et leurs dûs sans rien demander en retour pour les gaver que c’en est devenu une chose acquise et leur donne d’autres droits comme celui de détruire et à vous citoyens de déblayer et de ramasser nos saletés ça sera votre récompense pour avoir été si indulgents.

Sissi zayyat

14 h 30, le 12 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • C’est la volonté des gens au pouvoir de transformer toutes les régions du Liban en une déchèterie qui leur ressemble et où ils se trouvent dans leur élément. Les libanais les ont tellement gâtés en assumant toutes les responsabilités à leur place tout en honorant leurs factures et leurs dûs sans rien demander en retour pour les gaver que c’en est devenu une chose acquise et leur donne d’autres droits comme celui de détruire et à vous citoyens de déblayer et de ramasser nos saletés ça sera votre récompense pour avoir été si indulgents.

    Sissi zayyat

    14 h 30, le 12 août 2020

  • Walaw, chers Libanais ? un peu de patience,de comprehension. le mohafez vient d'etre nomme a son poste,et donc comme il dit, situation provisoire ( il a deja appris a Manipuler ses declarations), il a avoue une desorganisation, ben oui simple comme bonjour, point. pas mechant ca. les etrangers/etrangeres misereux travailleurs dans notre pays se portent volontaires comme les autres mais PAS les services de l'armee, fsi, municipailte -normal MAIS PROVISPOIRE

    Gaby SIOUFI

    09 h 55, le 12 août 2020

  • OU BIEN IL FAUT RESOUDRE CE PROBLEME DES DECHETS OU BIEN IL FAUT RESERVER UN ESPACE SUR LA LUNE... SI LES DECHETS SERAIENT PERMIS LA-BAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 40, le 12 août 2020

  • Et ça recommence de négligence en incompétence ainsi on continue le même cycle infernal ?? au lieu d’écouter et de travailler avec les ingénieurs et toutes les associations spécialisées et expérimentées dans le tri et l’environnement, la municipalité de Beyrouth jette tous les débris n’importe comment dans des décharges improvisées sans notion de tri, totalement à leur image de fainéants et d’irresponsables. C’est dans ces décharges qu’on devraient tous les enterrer vivants tous KELLON YAANI KELLON ces soi-disant responsables de notre pays meurtri, à commencer par son président bien installé à Baabda, à son autre président à Ain El Tine, au troisième président qui est sur un siège éjectable... et tous leurs sbires dans les municipalités ministères et autres +++++ .... Tous ces nuls qui bouffent, affament et volent leur peuple. C’est dans ces décharges à ciel ouvert qu’on doit vous enterrer vivants, seulement à ce moment justice sera rendue à tous nos martyrs du 4 août 2020 et aux survivants libanais de bonne volonté

    Khoury-Haddad Viviane

    08 h 05, le 12 août 2020

Retour en haut