L'aide d'urgence collectée dimanche au cours d'une visioconférence coorganisée par la France et l'ONU pour le Liban après l'explosion qui a dévasté Beyrouth s'élève à un peu plus de 250 millions d'euros, a annoncé l'Elysée.
Le montant total de "l'aide d'urgence engagée ou mobilisable à brève échéance" est de 252,7 millions d'euros, dont 30 millions d'euros de la part de la France, a précisé la présidence française.
Les pays réunis ont annoncé que cette aide serait versée "directement" à la population et dans "la transparence". "Les participants ont convenu que leur assistance devrait (...) être bien coordonnée sous l'égide des Nations unies et fournie directement à la population libanaise, avec le maximum d'efficacité et de transparence", ont déclaré les représentants d'une trentaine de pays, dont Donald Trump et Emmanuel Macron, dans un communiqué à l'issue de la réunion. Ils ont aussi insisté sur la nécessité d'une "enquête impartiale, crédible et indépendante" sur les circonstances de la catastrophe et proposé une assistance aux autorités libanaises en ce sens.
Le président libanais Michel Aoun a exclu vendredi toute enquête internationale, opposant une fin de non recevoir à une demande en ce sens de son homologue français Emmanuel Macron. Il a aussi affirmé que l'explosion pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile. Paris en revanche a estimé qu'il y avait "suffisamment d'éléments objectifs pour penser que l'explosion est accidentelle".
La déflagration, d'une violence inouïe, qui a fait plus de 150 morts et 6.000 blessés, a été causée mardi par 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis six ans au port de Beyrouth "sans mesures de précaution", de l'aveu même du Premier ministre Hassan Diab. Elle a provoqué un cratère de 43 mètres de profondeur, a indiqué dimanche une source de sécurité.
Solidarité internationale
Lors de la conférence, le président Aoun a appelé à un acheminement rapide des aides au Liban pour la reconstruction de Beyrouth. M. Aoun a remercié le président français et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour l'organisation de cette conférence après "la catastrophe qui a frappé notre capitale". Il a rappelé que ce drame était survenu alors que le pays traverse déjà des crises économique et financière, en sus de la crise des réfugiés syriens et des répercussions de la pandémie de coronavirus. Il a souligné dans ce cadre l'importance d'une solidarité internationale rapide. "La reconstruction de ce qui a été détruit et les travaux nécessaires pour redonner son éclat à Beyrouth nécessitent beaucoup de choses et les besoins sont très nombreux", a déclaré M. Aoun lors de cette visioconférence. Il a souligné la nécessité que les réponses à ces besoins soient envoyées le plus rapidement possible, "avant l'hiver, au cours duquel les souffrances des citoyens risquent d'augmenter, surtout ceux qui n'ont plus de domicile".
Il a également estimé que la gestion des fonds qui devrait être créé à la faveur de cette initiative soit déterminée au cours de la conférence de soutien. "Je me suis engagé devant mon peuple à faire appliquer la justice qui, elle seule, peut permettre aux familles de faire leur deuil", a ajouté le chef de l'État. Il a encore souligné avoir déclaré qu'aucun responsable ne se trouvait au-dessus de la loi et que toute personne qui s'avérerait impliquée dans la catastrophe du 4 août sera jugée, conformément à la législation libanaise.
L'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani a quant à lui affirmé qu'il annoncerait dans les prochains jours les moyens que mobiliserait son pays pour la reconstruction de Beyrouth, promettant toutefois déjà 50 millions de dollars pour le pays. "Le dialogue concernant les questions internes doit être laissé au peuple libanais", a-t-il ajouté.
63 millions d'euros
Le commissaire Janez Lenarcic chargé de l'aide humanitaire a lui annoncé que la Commission européenne a ajouté 30 millions d'euros aux 33 millions alloués vendredi pour financer l'aide d'urgence au Liban. "Lors de la conférence des donateurs pour Beyrouth et les Libanais, la Commission européenne a promis un total de 63 millions d'euros, dont 33 millions déjà annoncés par (la présidente de la Commission) Ursula von der Leyen", a précisé le commissaire dans un communiqué. "Le nouveau financement humanitaire de l'UE sera acheminé à travers les agences des Nations unies, les ONG et les organisations internationales. Il fera l'objet d'un contrôle strict. Cette aide bénéficiera aux personnes les plus touchées afin de couvrir les besoins essentiels", a-t-il insisté. "Nous nous sommes engagés à soutenir les Libanais également à long terme pour les aider à se relever", a-t-il ajouté. Le nouveau financement de 30 millions d'euros promis doit permettre de "répondre aux besoins les plus pressants des personnes touchées par l'explosion meurtrière du 4 août à Beyrouth", a-t-il expliqué. Janez Lenarcic a tenu à remercier tous les Etats membres pour la solidarité montrée avec la mobilisation de centaines d'experts en recherche et en sauvetage et l'envoi d'une aide médicale à Beyrouth dès le lendemain de l'explosion qui a ravagé la capitale du Liban.
Samedi, des milliers de protestataires se sont rassemblés dans le centre-ville de Beyrouth, dans un climat de très forte tension, pour crier leur colère après la double explosion qui a ravagé Beyrouth. Pour la présidence française, les manifestations "témoignent de l'exaspération, de la détresse de la population, du besoin que les choses changent", en décelant "une "énergie du désespoir, mais prometteuse". "Ce que la France souhaite, c'est que cette expression populaire soit prise en compte, car nous en sommes à un point où le système politique se cannibalise, alors qu'il y a un besoin d'un large rassemblement et de changement en profondeur", a poursuivi l'Élysée.
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00 h 00, le 10 août 2020