
En 2015, le pays avait dû faire face à une crise des déchets sans précédent. Joseph Eid/Archives AFP
Une nouvelle crise des déchets se profile à l’horizon, après la fermeture, dimanche matin, de la décharge de Costa Brava où étaient entreposées les ordures en provenance des régions du Chouf, de Aley, d’une grande partie du caza de Baabda et d’une partie de la capitale. La décharge continuera cependant d’accueillir les déchets provenant de la banlieue sud et de Choueifate (la localité où elle est située) seulement. Une décision imposée par la fédération des municipalités de la banlieue sud, même si la décharge, techniquement parlant, appartient à l’État. La fédération explique sa décision par le fait que le site pourrait atteindre ses limites dans un peu plus d’un an si le volume des déchets reste aussi important et que des solutions alternatives ne sont pas proposées.
Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, Mohammad Dergham, président de la fédération des municipalités de la banlieue sud, justifie la fermeture de la décharge et appelle à trouver des alternatives. « La décharge de Costa Brava était en train d’accueillir 1 600 à 1 700 tonnes par jour. Au rythme actuel, elle peut encore fonctionner pendant un an et quatre mois, mais elle ne pourra être élargie après un premier agrandissement », indique M. Dergham. « Sur le court terme, il va falloir créer une nouvelle décharge pour les autres régions, et sur le long terme, il faudra mettre en place des incinérateurs », souligne-t-il.
Le dossier du traitement des ordures ménagères divise la classe politique libanaise et les militants écologistes depuis plusieurs années. En août 2019, la construction de trois incinérateurs, dont un à Beyrouth, avait été approuvée en Conseil des ministres, mais cette solution continue d’être rejetée par une grande partie de la société civile qui l’estime nuisible pour l’environnement. Aucun incinérateur n’a été construit pour le moment, mais, en l’absence de solutions à long terme, les décharges construites à même la mer sont continuellement élargies ou exploitées en hauteur, comme cela a été le cas avec celle de Costa Brava, mais aussi avec celle de Bourj Hammoud-Jdeidé.
Des municipalités dans l’embarras
La fermeture de la décharge de Costa Brava met ainsi dans l’embarras de nombreuses municipalités qui craignent d’être rapidement envahies par les ordures et de devoir faire face à une situation semblable à celle de la crise des déchets de 2015.
Antoine Hélou, président de la municipalité de Baabda, l’une des régions touchées par cette décision de fermeture, avoue être pris de court par cette situation. « Nous sommes en train d’entreprendre quelques contacts pour tenter de trouver une solution rapide. Nous essayons de discuter avec les parties qui ont de l’influence auprès des municipalités de la banlieue sud, afin que la décharge nous soit de nouveau ouverte », confie M. Hélou à L’OLJ, sans pour autant nommer ces « parties ». « On nous a promis une solution d’ici à 48 heures, mais ce dossier très politisé dépasse les municipalités », ajoute-t-il, sans plus de précisions. La municipalité de Baabda, qui est également responsable des localités de Louaizé, Rihaniyé et Fiyadiyé, produit 35 à 40 tonnes de déchets par jour, rappelle-t-il.« Nous n’avons aucune parcelle de terrain où entreposer les déchets. Nous sommes dans l’impasse », avoue M. Hélou qui estime « inadmissible de laisser les ordures s’empiler dans les rues ». « Il y va de la santé des gens, d’autant que nous sommes en plein été », déplore-t-il.
Le militant écologiste Imad Kadi, originaire de Choueifate, assure pour sa part que la fédération des municipalités de la banlieue sud « n’a pas les prérogatives requises pour décider de la fermeture de la décharge », les décharges étant la propriété de l’État. Il rappelle que le site de Costa Brava, créé en 2016, était supposé être temporaire.
« Durant ces quatre dernières années, les autorités auraient pu trouver des solutions. Quant à la fédération des municipalités de la banlieue sud, elle était tenue de trier à la source, mais elle a choisi de tout envoyer à la décharge », dénonce M. Kadi. « S’ils se faisaient réellement du souci pour les habitants de la région, ils n’auraient pas accepté de créer une décharge dont les effluves asphyxient les résidents de la banlieue sud », ajoute le militant.
Paul Abi Rached, directeur de l’ONG Terre Liban et du Mouvement écologique libanais, rappelle quant à lui qu’il existe « des solutions rapides et durables à la question des déchets ménagers ». M. Abi Rached encourage à la mise en place d’une « mobilisation générale environnementale » dont les effets seraient, à terme, de promouvoir le tri et le recyclage des déchets, ce qui permettrait d’éviter la saturation de la décharge de Costa Brava ».« À l’heure actuelle, les déchets y sont déversés sans être triés, poursuit-il. Nous avons effectué cette demande il y a quelques mois, mais nous n’avons pas reçu de réponse de la part du ministère de l’Environnement. »
Politisation ?
Certains observateurs craignent que cette soudaine décision de municipalités notoirement proches du Hezbollah ne cache un objectif caché : celui de pousser le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt à revenir sur son refus d’un autre projet, celui du barrage controversé de Bisri, que le Hezbollah ainsi que son allié du Courant patriotique libre soutiennent. Interrogé sur le sujet, Mohammad Dergham nie que la fermeture de Costa Brava dissimule un objectif caché. « Le dossier des ordures ménagères n’a rien à voir avec celui de Bisri. Tant pis pour ceux qui veulent politiser la crise des déchets », lance-t-il.
Marwan Hamadé, député du Chouf, membre du bloc parlementaire joumblattiste et président de la commission parlementaire de l’Environnement, ne croit pas en une politisation de l’affaire de Costa Brava. « Je ne sais pas encore quel est le coefficient politique de cette affaire, mais je ne pense pas que ce genre de pressions puissent aboutir à nous faire changer de position par rapport à Bisri. De toute manière, nous ne voulons pas politiser cette affaire », indique M. Hamadé à L’OLJ.
Ce gouvernements d’individus qui se croient ministres donne toujours une preuve supplémentaire de son amateurisme et de sa totale incompétence. Mais plus nuls qu’eux, il faut aller chercher très loin au fin fond de je ne sais quel pays encore plus arriéré que le nôtre sachant qu’ il ne doit plus y avoir beaucoup
15 h 03, le 04 août 2020