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Nos Lecteurs ont la Parole

Jocelyne Khoueiry, résistante dans le cœur et dans l’âme

Jocelyne, avec ton départ, nous perdons beaucoup plus qu’une camarade d’armes, nous perdons une amie, une sœur qui nous aidait à toujours regarder l’avenir avec détermination et optimisme.

Jocelyne, je me rappelle de ce fameux 6 mai 1976 où, croyant n’avoir affaire qu’à quelques résistantes isolées, des centaines de combattants palestiniens avaient attaqué l’immeuble que tu tenais, place des Martyrs. Seule, avec six autres jeunes filles, tu avais tenu l’immeuble et repoussé toutes les attaques alors que toutes les chances étaient contre vous. Dans un coin de l’immeuble, tu avais installé une petite statue de la Vierge Marie et allumé un cierge. En arrivant chez toi cette nuit-là, tu m’avais raconté que la main de la Vierge vous avait sauvées.

Pour notre cause, notre combat qui chaque jour s’avère plus juste, et qui aujourd’hui plus que jamais redevient d’actualité, tu as, pendant dix ans, de 1975 à 1985, combattu aux premières lignes, encadré et entraîné des milliers de jeunes filles sur tous les fronts.

C’est avec une profonde joie, mêlée à la douleur de te perdre aujourd’hui, que je me rappelle celle qui a incarné la résistante libanaise contre l’occupant, celle qui a été une icône de cette résistance, celle qui est entrée dans la légende avec tous nos héros tombés en défendant un Liban souverain et libre.

Comme tous ceux qui ont sacrifié leur jeunesse et laissé une part d’eux-mêmes sur les champs de bataille, tu n’attendais ni félicitations ni médaille. Ta plus grande récompense était de savoir, malgré tous les dénis, que sans la résistance chrétienne, le Liban-message aurait été perdu à jamais. Comme tous les vrais héros, ta légende a vite dépassé les frontières dans le livre Jocelyne Khoueiry, l’indomptable, dans des documentaires et dans tes interventions publiques. Ainsi l’histoire, la vraie, reconnaîtra ton mérite et ton dévouement pour ce pays.

Avec ta modestie et ta foi chrétienne, tu t’es tournée après la guerre vers la Vierge Marie pour laquelle tu voulais te consacrer en fondant le Centre Jean-Paul II. Tu avais aimé ce pape qui, comme toi, et à sa façon, avait travaillé de ses mains, souffert sous le joug communiste, combattu pour un monde plus juste où tous les hommes seraient égaux et respectés. Des combattantes, aussi méritoires que toi, comme Narimane, Gilberte, Aïda et Soultané (Soussou), parties avant toi, se sont ralliées à ton projet pour aider leur prochain. Dans ce centre, tu t’es consacrée à la foi et à la charité chrétiennes.

Comme tous les vrais compagnons d’armes, nos chemins ne se sont jamais séparés. Je me souviendrai toujours de nos longues discussions sur le Liban, la foi, la vie, la famille, la politique, et bien d’autres sujets. En partant, tu laisses un grand vide pesant, le souvenir d’une cause, d’une époque, et la lourde responsabilité de continuer à rêver pour un Liban meilleur.

Jusqu’au dernier moment de ton chemin de vie irréprochable et riche de foi et de sacrifices, tu as gardé ce sourire que tu as opposé à toutes les difficultés de la vie et même de ta maladie.

Aujourd’hui, tu nous quittes pour te rendre auprès de la Vierge que tu as tant chérie, dans un monde plus juste où toutes les causes nobles ont déjà été gagnées. Un monde meilleur, sans artifices et faux-semblants pour l’authentique personne que tu es.

Même si ton départ nous laisse profondément meurtris, notre consolation est de savoir que tu rejoins aujourd’hui nos martyrs au paradis des héros.

Adieu, Jocelyne.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Jocelyne, avec ton départ, nous perdons beaucoup plus qu’une camarade d’armes, nous perdons une amie, une sœur qui nous aidait à toujours regarder l’avenir avec détermination et optimisme. Jocelyne, je me rappelle de ce fameux 6 mai 1976 où, croyant n’avoir affaire qu’à quelques résistantes isolées, des centaines de combattants palestiniens avaient attaqué l’immeuble que tu...

commentaires (1)

Respect! Paix à son âme.

Paul-René Safa

09 h 31, le 04 août 2020

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Commentaires (1)

  • Respect! Paix à son âme.

    Paul-René Safa

    09 h 31, le 04 août 2020

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