
Des soldats israéliens sur le route reliant Ghajar à Majdal Chams, sur la Ligne bleue, le 27 juillet 2020. AFP / Jalaa MAREY
Mais plus tard dans la soirée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confirmé cette tentative d'infiltration, affirmant que le parti chiite jouait "avec le feu". "Le Hezbollah et le gouvernement libanais sont responsables de toute attaque qui sortira du territoire" libanais, a déclaré M. Netanyahu lors d'une conférence de presse. "Le Hezbollah joue avec le feu, notre réaction sera très forte", a-t-il prévenu.
Les déclarations du chef du gouvernement israélien interviennent après la publication d'un démenti du Hezbollah. "Il semble que l'état de terreur de l'armée d'occupation sioniste et ses colons à la frontière libanaise, son état d'alerte et sa grande inquiétude face à la riposte de la résistance au crime de l'ennemi qui a conduit au martyr d'Ali Kamel Mohsen (un combattant du Hezbollah tué lors de frappes israéliennes le 20 juillet dernier en banlieue de Damas, ndlr), ainsi que l'incapacité de l'ennemi à connaître les intentions de la résistance (...) ont conduit l'ennemi à agir de manière nerveuse sur le terrain et dans les médias", peut-on lire dans un texte publié en fin d'après-midi par le parti chiite. "Tout ce que les médias ennemis rapportent à propos d'une opération d'infiltration depuis le Liban vers la Palestine occupée qui aurait été déjouée, et qu'il y ait eu des victimes dans les rangs de la résistance lors de bombardements sur les fermes de Chébaa est totalement faux. Il s'agit d'une tentative visant à inventer des victoires illusoires et mensongères", poursuit le texte. "La résistance islamique assure qu'il n'y a eu aucun accrochage ou tir de son côté lors des événements du jour jusqu'à présent. Cela n'est venu que d'un seul camp, celui de l'ennemi apeuré, inquiet et nerveux", dit ce texte.
"Notre réponse au martyr d'Ali Kamel Mohsen viendra irrémédiablement (...) et le bombardement de Hebbariyé (voisin des fermes de Chebaa et de Kfarchouba) et les dommages sur la maison d'un civil ne restera pas sous silence", conclut le parti chiite. Dans la soirée, l'armée libanaise a confirmé qu'un obus israélien était tombé aux alentours de 16h05 sur la maison du dénommé Mohsen Abou Alwane "sans exploser", ne faisant que des dégâts matériels. "Ce dossier est suivi en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies", indique ce communiqué de la troupe.
Un soldat libanais inspectant l'obus tombé dans une maison de Hebbariyé. AFP / Mahmoud ZAYYAT
L'armée israélienne avait d'abord ordonné à la population habitant sur le plateau du Golan occupé et le long de la frontière avec le Liban de rester chez elle après un "incident de sécurité". "A la suite d'un incident de sécurité dans le secteur du Mont Dov" (appellation israélienne des fermes de Chébaa -- versant du Mont Hermon), il est demandé aux habitants du côté israélien de la Ligne bleue, séparant Israël du Liban, "de rester chez eux"", a indiqué l'armée dans un communiqué, précisant que les routes dans ce secteur étaient bloquées. L'armée israélienne a ensuite fait état de "combats en cours" à la frontière nord avec le Liban. "Nous avons pu déjouer avec succès une tentative d'infiltration d'une cellule terroriste en Israël", a en outre déclaré à des journalistes le porte-parole de l'armée israélienne Jonathan Conricus, précisant avoir "une confirmation visuelle selon laquelle les terroristes sont retournés au Liban". Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a pour sa part indiqué sur Twitter que l'armée israélienne a déjoué une "opération de sabotage" du Hezbollah dans le secteur de Jabal el-Rouss, dans le secteur des fermes occupées de Chébaa. "Les forces de défense ont déjoué une opération de sabotage dans le secteur de Jabal el-Rouss où ces forces ont contré une opération montée par une cellule du Hezbollah, composée d'entre trois et quatre attaquants, qui a franchi de quelques mètres la Ligne bleue et est entrée sur le territoire souverain israélien", a écrit le porte-parole de l'armée israélienne sur Twitter. "Le feu a été ouvert en leur direction et leur opération a été avortée. Aucun blessé n'est à déplorer dans nos rangs", a-t-il ajouté. Un peu plus tard, il a indiqué que l'armée israélienne "restait en état d'alerte afin de poursuivre ses opérations en cas de besoin".
Ali Shoaieb, correspondant d'al-Manar, la chaîne du parti chiite, avait affirmé sur Twitter que les Israéliens avaient bombardé les alentours de Roueissat el-Alam, sur les hauteurs de Kfarchouba. Notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah, rapportait que ces hostilités avaient eu lieu alors que des drones-espions israéliens survolaient intensément la région. Selon lui, les tirs d'obus ont provoqué des incendies sur les terrains environnants. Citant les forces de sécurité libanaises, notre correspondant avait fait état de 50 obus israéliens tombés sur les fermes de Chébaa et ses alentours.
"Situation très compliquée"
Réagissant à ces développements, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul), a appelé à "la plus grande retenue". Le porte-parole de la force, Andrea Tenenti, a affirmé dans un communiqué que la force onusienne mène tous les contacts nécessaires avec les deux parties concernées afin "d'évaluer la situation et de faire baisser la tension". Dans la soirée, il a confirmé à l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) que le calme était revenu dans la zone et qu'une enquête avait été ouverte.
Le Premier ministre libanais Hassane Diab a interrompu ses réunions pour suivre les développements de la situation au Liban-Sud, et a pris contact avec le président Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, et le chef des services de renseignement de l'armée. Environ deux heures avant les accrochages frontaliers, le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, avait affirmé que le Liban était "engagé à respecter la résolution 1701 du Conseil de sécurité", soulignant toutefois, dans un entretien à Sky News, que le pays du Cèdre "a le droit de se défendre contre toute agression israélienne contre son territoire".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, cité par le quotidien Haaretz, avait de son côté commenté ces événements en affirmant que "nous sommes dans une situation très compliquée".
Dimanche soir, M. Netanyahu avait affirmé qu'il tiendrait le Liban et la Syrie responsables de toute attaque contre Israël, alors que l'armée israélienne a renforcé ces derniers jours sa présence à la frontière nord. Le ministre de la Défense Benny Gantz a, lui, effectué dimanche après-midi une visite au commandement nord de l'armée israélienne, et averti que l’État hébreu continuerait de défendre ses intérêts en matière de sécurité, rapporte le Jerusalem post. Hier également, un drone israélien était tombé en territoire libanais.
Réagissant dimanche soir à la forte mobilisation le long de la frontière, dans un entretien sur la chaîne pan-arabe al-Mayadeen, le numéro 2 du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, avait écarté la possibilité d'une guerre dans les prochains mois avec Israël. Il a justifié cette analyse en se basant sur "la situation interne en Israël et le recul de Donald Trump aux États-Unis". "Quoi qu’il en soit, a-t-il ajouté, les menaces israéliennes ne nous entraîneront pas sur une voie que nous ne voulons pas". "Si Israël décidait de provoquer une guerre, nous ferons face et réagirons, et la guerre de juillet 2006 sera un excellent exemple de réponse", a ajouté le cheikh Kassem.
Cette montée des tensions entre l'Etat hébreu et le parti chiite intervient alors que, lundi 20 juillet, Israël avait mené des frappes près de Damas, en Syrie, au cours desquelles un combattant du Hezbollah, Ali Kamel Mohsen, a été tué, selon le parti chiite. Depuis la mort de ce dernier, des partisans du parti chiite mènent campagne sur les réseaux sociaux pour que la formation pro-iranienne riposte, rappelant une promesse de son chef, Hassan Nasrallah, de se venger si jamais Israël tuait des combattants de la formation.
Selon notre correspondant Mountasser Abdallah, la mère de Ali Kamel Mohsen et des proches ont distribué des pâtisseries aux passants afin d'exprimer leur "joie pour l'opération militaire qui a vengé le martyre" du jeune homme, avant la publication du communiqué du Hezbollah.
Des partisans du Hezbollah distribuant des pâtisseries pour célébrer une riposte présumée du Hezbollah contre Israël censée venger la mort de l'un de leurs combattants en Syrie. Photo envoyée par Mountasser Abdallah
C'est vraiement etrange. Le president, le premier ministre,le chef de l'amée ne font aucune declaration. C'est le vice-chef d'un parti qui fait ses commentaires. Ce sont ses memes personnalitéd qui peuvent declarer la paix ou la guerre. Questions: Oû est l'etat fort? Oû est le president fort, oû le gouvernemnt fort??? Tous des paroles...paroles...paroles..
11 h 46, le 03 août 2020