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La mort de deux manifestants fait redouter un nouveau cycle de violence

La mort de deux manifestants fait redouter un nouveau cycle de violence

Un drapeau irakien flottant au-dessus de la place Tahrir à Bagdad. Photo d'archives Ahmad AL-RUBAYE / AFP

Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a ordonné lundi une enquête sur la mort de deux manifestants, tentant de donner des gages à des protestataires qui l'accusent de reproduire les violences de son prédécesseur.

En fin de journée lundi, alors que des manifestants brûlaient des pneus et que les gaz lacrymogènes des forces de l'ordre flottaient de nouveau au-dessus de l'emblématique place Tahrir de Bagdad, M. Kazimi a tenté l'apaisement. Manifester est "un droit légitime", a-t-il dit, et "les forces de sécurité n'ont aucune autorisation pour tirer, ne serait-ce qu'une seule balle". Il a ajouté avoir réclamé "les résultats de l'enquête sous 72 heures".

En octobre 2019 éclatait une révolte populaire inédite, dénonçant la corruption et réclamant emplois et services fonctionnels. Après plus de 550 morts, 30.000 blessés et des dizaines de militants assassinés ou enlevés, l'Irak s'est doté d'un nouveau gouvernement.

Ce cabinet n'a pas encore trois mois qu'il est déjà confronté à la contestation de centaines d'Irakiens à bout, usés par des chaleurs dépassant les 50 degrés Celsius avec uniquement quelques heures d'électricité par jour pour tenter de rafraîchir leurs maisons. Dès son arrivée au pouvoir, M. Kazimi avait promis la lumière sur les violences contre les manifestants et de meilleurs services publics.

Tirs de grenades
Rien n'y a fait. Sur les réseaux sociaux on l'accusait lundi de réprimer la contestation dans le sang comme son prédécesseur Adel Abdel Mahdi, qui est représenté sur un dessin les mains ensanglantées, donnant des grenades lacrymogènes à M. Kazimi. Car lundi, les deux manifestants tués ont été mortellement touchés par des grenades lacrymogènes, "à la tête et au cou", selon des médecins. Les défenseurs des droits humains avaient déjà accusé les autorités sous M. Abdel Mahdi d'utiliser des grenades lacrymogènes dix fois plus lourdes qu'ailleurs dans le monde pour viser des manifestants au visage.

Si pendant plusieurs mois la révolte a été éclipsée par les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran, qui ont failli dégénérer en conflit ouvert en Irak, Tahrir était de nouveau dans la tourmente depuis dimanche soir. Les deux dépouilles ont été portées en cortège funéraire lundi sur la place Tahrir par des dizaines de manifestants réclamant "justice". "Si nos amis" arrêtés dans la nuit "ne sont pas libérés, on va augmenter la pression", a promis l'un d'eux, Maytham al-Darraji. "On reste sous nos tentes et on n'a pas peur". Un autre, Ahmed Jabbar, a assuré à l'AFP que les affrontements nocturnes avaient duré "six heures". "On n'avait ni arme, ni couteau, que des slogans", a-t-il dit, mais, en face, les forces de l'ordre "ne laissaient même pas les ambulances évacuer les blessés".

Coupures d'électricité
Le mouvement semble enclenché. Déjà samedi, des manifestations avaient éclaté dans le Sud, des centaines de manifestants ayant pris d'assaut la branche locale de la compagnie publique d'électricité à Nassiriya et d'autres protestant devant le siège du gouvernorat de Babylone, selon des correspondants de l'AFP. M. Kazimi a présidé lundi une réunion d'urgence sur l'électricité, promettant de "ne ménager aucun effort". Jusqu'ici, aucun ministre de l'Electricité n'est parvenu jusqu'au bout de son mandat, ils ont tous été limogés.

Le porte-parole militaire du chef du gouvernement a affirmé que "face aux provocations, les forces de sécurité tentent de ne pas recourir à des moyens violents à moins d'y être forcées". Il a accusé "des parties qui ne veulent pas la stabilité de l'Irak" sans jamais les nommer.

La mission de l'ONU en Irak a salué "la volonté du gouvernement d'enquêter", appelant à "protéger de façon inconditionnelle (...) le droit des Irakiens à manifester pacifiquement". Si la contestation est un des principaux défis du gouvernement, l'autre grand dossier est celui des roquettes qui visent les intérêts américains depuis octobre.

Lundi soir encore, trois roquettes se sont abattues sur une base à Taji, qui accueille un contingent américain au nord de Bagdad. Un hélicoptère militaire irakien et une usine de montage de canons ont été touchés, a précisé une source de sécurité à l'AFP, ajoutant que les tirs étaient partis d'un quartier sud de Bagdad, où siègent plusieurs factions pro-Iran.

Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a ordonné lundi une enquête sur la mort de deux manifestants, tentant de donner des gages à des protestataires qui l'accusent de reproduire les violences de son prédécesseur.
En fin de journée lundi, alors que des manifestants brûlaient des pneus et que les gaz lacrymogènes des forces de l'ordre flottaient de nouveau au-dessus de...