Un modèle de courage et de bienveillance

Georges Melki aura passé sa vie professionnelle à croire à la dignité de l’avocat et aux règles d’éthique qui la gouvernent. Ancien membre élu, dans l’élégance, du conseil de l’ordre, il méritait amplement d’en être le bâtonnier. Sa famille proche l’en a dissuadé, mais non ses confrères et ses amis. Il faut dire qu’il fut un temps où les élections de la « corporation » étaient tellement dédiées aux sectarismes partisans, qu’il s’y trouvait à l’étroit. Un bel esprit généreux comme il savait l’être, ouvert aux convictions et aux engagements nationaux, ne peut que trouver insupportable le fanatisme, tant il paraît incompatible avec le souci du service public, désintéressé et indépendant.

Je peux dire que Georges était un modèle de courage et de bienveillance. Un honnête homme, dans le sens classique du terme, un cœur vaillant tirant son dévouement de son amour, fondant l’esprit d’entreprise et de fidélité de sa foi inébranlable. Cette foi que seuls les quelques grands Terriens, vissés à leurs racines, peuvent démontrer et prêcher, par l’exemple, bien plus que par les sermons creux des faux politiciens.

J’ai appris un peu tardivement que lui-même se savait condamné, alors que je croyais qu’on le lui cachait ; il avait confié à son ami et médecin qu’il ne souhaitait pas souffrir. Cela ne l’a pas empêché de se battre comme un héros tragique, sans jamais dire sa douleur, alors qu’il devait vivre un calvaire.

Ce fut un calvaire dans l’amour, la bonté, le courage, la dignité, la noblesse, l’altérité, le bon sens, et par-dessus tout dans la foi et l’espérance.

Ses proches peuvent être fiers de ce que fut Georges Melki. L’un des derniers gladiateurs de la morale professionnelle et du vivre ensemble ! Adieu, mon frère !