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Société - Licenciement collectif

Sit-in devant l’AUBMC : Venez voir combien de gens sont à la rue !

« Il n’y aura pas de seconde vague de renvois », assure un responsable de l’université.

Sit-in devant l’AUBMC : Venez voir combien de gens sont à la rue !

Les protestataires rassemblés, hier, devant l’AUBMC. Photo C.A.

Trois jours après l’annonce du licenciement de 850 employés de l’Université américaine (AUB), le choc et la colère étaient toujours très vifs hier lors du sit-in organisé par la Commission de suivi des ouvriers et employés de l’établissement, la Fédération des enseignants de l’université et la Fédération nationale des syndicats des travailleurs. Selon des informations officielles recueillies par L’Orient-Le Jour, 90 % des personnes licenciées travaillaient à l’hôpital (Centre médical de l’Université américaine de Beyrouth-AUBMC), les 10% restants appartenant au personnel de diverses facultés de l’université. Le responsable interrogé par L’OLJ affirme toutefois qu’« il n’y aura pas de seconde vague de licenciements », contrairement aux supputations qui ont cours. La mine défaite de se voir renvoyés sans autre forme de procès, plus de cent salariés n’ont pas attendu midi, l’heure du début du sit-in, pour venir crier leur désarroi et leur peur de l’avenir devant le portail de l’AUBMC. Ils avaient été convoqués vendredi dans les bureaux de responsables de l’institution. « J’ai reçu une enveloppe me signifiant mon licenciement, assortie d’une attestation de bonne conduite. Mais ce certificat ne va pas me procurer de la nourriture », raconte, amer, Mohammad Daou, ouvrier-peintre depuis 30 ans à l’hôpital. Ses collègues, debout sur le trottoir depuis 11h15, se regroupent peu à peu derrière une grande barrière, coupant la rue aux automobilistes au niveau de l’entrée du bâtiment. Les forces sécuritaires ne sont pas aussi omniprésentes que vendredi dernier, lorsqu’elles avaient été mobilisées par crainte de réactions violentes que risquaient de susciter ces licenciements massifs. À ce sujet, le président de l’institution, Fadlo Khuri, a reconnu dans un communiqué publié hier avant le début du sit-in que « la présence sécuritaire aurait dû être mieux gérée », soulignant toutefois que « cette mobilisation avait été nécessaire en raison de graves menaces reçues ».

Licenciés faute de piston

« Ce n’est pas nous qu’ils ont craints mais ceux à qui ils n’ont pas osé tendre l’enveloppe contenant la lettre de licenciement », commente André Ghanem, 51 ans, spécialisé dans la maintenance des équipements électromagnétiques. « Ceux qui ont adressé des menaces aux responsables de l’AUB sont restés », assure-t-il. « Les personnes qui ont pillé (les caisses de) l’université y circulent en toute liberté, tandis que les gens pauvres, malades ou ayant des enfants scolarisés sont congédiés », s’indigne dans le même temps Castro Abdallah, président de la Fédération nationale des syndicats des travailleurs, devant les caméras de télévision. Youssef Ayoub, 38 ans, employé dans le service des soins intensifs, précise : « Nous avons été des employés irréprochables, mais le problème est que nous ne sommes alliés à aucun parti ou courant. » Comme pour illustrer leurs insinuations, un homme qui révèle son âge (57 ans) mais non son identité affiche une banderole proclamant : « Non à l’ingérence politique dans les affaires de santé. » Prié de s’expliquer davantage, il soutient que les responsables de l’institution « n’ont choisi leurs cibles qu’après avoir fait la tournée de politiciens dont ils ont obtenu l’accord dans le cadre d’ententes ». « Nous avons été congédiés parce que nous n’avons pas de piston », lâche-t-il, interrompu aussitôt par une voix perçante, celle de Fatmé Masri, habitante de Tarik Jdidé, qui travaillait aux urgences depuis 2008. « S’il y avait Dieu et un État, ils ne permettraient pas notre situation », fulmine-t-elle. « Fadlo Khuri, où êtes-vous ? Venez voir combien de gens sont dans la rue. »

Les employés licenciés criant leur désarroi et leur peur de l’avenir devant l’AUBMC hier. Photo C.A.

Khuri reverse 25 % de son salaire

Dans le communiqué publié, le président de l’AUB affirme que « la semaine dernière a été extrêmement difficile, lorsqu’il a fallu licencier 650 employés et 200 contractuels », reconnaissant « le terrible impact des départs dans un contexte économique désastreux ». Il a fait savoir qu’une série de mesures avaient déjà été prises avant de se résoudre à mettre en place le plan de licenciement. « Plusieurs membres hauts placés de l’administration versent 10 à 20 % de leurs salaires à l’université depuis des mois. Je verse moi-même 25 % de mon salaire mensuel depuis la mi-novembre 2019 », a-t-il notamment écrit. « L’empathie de M. Khuri ne me permet pas d’envoyer mes enfants à l’école, puisque j’ai été licencié », réagit un père de trois écoliers. Amal Berjaoui (en charge de la stérilisation des équipements au sein du service oncologie) se demande aussi comment elle va pouvoir continuer à s’occuper de sa mère cardiaque et de sa sœur veuve. À ce sujet, le patron de l’AUB a affirmé dans son communiqué que l’institution va offrir les soins indispensables de santé, payer les études des enfants des employés sortants dans les programmes de premier cycle jusqu’à l’obtention de leur diplôme, et régler entre 6 et 24 mois d’indemnités de départ sur la base d’une échelle mobile d’années de service. Mohammad Issa, 40 ans, menuisier et père de 3 enfants, calcule que, travaillant depuis 10 ans et touchant 1 300 000 LL mensuels, il percevra 10 mois d’indemnités, soit 13 millions de livres. « Or je dois rembourser un prêt de 16 millions! » s’inquiète-t-il.

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Interrogé par L’Orient-Le Jour, Achraf Moussaoui, un des avocats volontaires pour défendre les salariés licenciés, s’interroge sur la raison d’une telle mesure, « alors que le budget de l’AUB ne semble pas déficitaire ». Castro Abdallah avance à ce propos que « les États-Unis ont récemment fourni une aide de 10 millions de dollars ». Évoquant « un licenciement abusif », Me Moussaoui affirme qu’il compte recourir au ministère du Travail, tout en souhaitant ne pas avoir à intenter d’action en justice, pour laquelle il dispose d’un délai d’un mois. « Les salaires auraient dû être réduits de moitié, sans avoir à procéder aux licenciements », regrette-t-il. En l’écoutant, André Ghanem se dit prêt à encaisser 50 % de son salaire, voire à sacrifier 2 ou 3 mois de ses mensualités, si les responsables revenaient sur leur décision.

Brandissant des slogans en faveur des droits des travailleurs, les protestataires se sont ensuite dirigés jusqu’à la porte principale de l’université, rue Bliss, qu’ils ont coupée. Au cours de la marche, une manifestante a égrené à travers un mégaphone une liste de salaires encaissés en dollars par de hauts cadres de l’institution.

Trois jours après l’annonce du licenciement de 850 employés de l’Université américaine (AUB), le choc et la colère étaient toujours très vifs hier lors du sit-in organisé par la Commission de suivi des ouvriers et employés de l’établissement, la Fédération des enseignants de l’université et la Fédération nationale des syndicats des travailleurs. Selon des informations...

commentaires (6)

Les licenciements à l'AUBMCA n'est pas le problème, car il y a actuellement des centaines de milliers et même des millions de nos concitoyens qui ont perdus leurs emplois leurs sources de revenu et même des personnes chères par faute de moyens pour les traiter... Le vrai coupable... Tout simplement le manque du respect de la Loi ...

Wlek Sanferlou

17 h 42, le 21 juillet 2020

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Commentaires (6)

  • Les licenciements à l'AUBMCA n'est pas le problème, car il y a actuellement des centaines de milliers et même des millions de nos concitoyens qui ont perdus leurs emplois leurs sources de revenu et même des personnes chères par faute de moyens pour les traiter... Le vrai coupable... Tout simplement le manque du respect de la Loi ...

    Wlek Sanferlou

    17 h 42, le 21 juillet 2020

  • Quand on vit dans un pays ou la jungle est reine le peuple paye le prix et le pire est à craindre pour d 'autres secteurs

    Antoine Sabbagha

    17 h 04, le 21 juillet 2020

  • ET GARE A LA REACTION DES MASSES !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    12 h 14, le 21 juillet 2020

  • SI CA CONTINUE LA RUE VA DEVENIR LA MAISON DES LIBANAIS.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 22, le 21 juillet 2020

  • "« S’il y avait Dieu et un État, ils ne permettraient pas notre situation », fulmine-t-elle. « Fadlo Khuri, où êtes-vous ?" Eh bien dites donc, celle-là a l'air d'avoir tout compris!

    Georges MELKI

    10 h 12, le 21 juillet 2020

  • le président de l’institution, Fadlo Khuri, a reconnu dans un communiqué publié hier avant le début du sit-in que « la présence sécuritaire aurait dû être mieux gérée », soulignant toutefois que « cette mobilisation avait été nécessaire en raison de graves menaces reçues ». VOILA LE LIBAN CONTROLE PAR LES MILICES OU LA POLICE DU PARLEMENT DEUX ENTITES HORS LA LOI DU PAYS CAR de graves menaces recues ONT ETE PROFERE PAR BERRY A QUI UNE LISTE A DU ETRE SOUNISE POUR AVAL ET QUI A DONC MENACE SI CERTAINES PERSONNES ETAIENT INCLUS LA VERITE SI L'ESPOIR DE SE FAIRE REMBOURSER UN JOUR PAR LES POLITICIENS VERREUX CE QU'ILS ONT VOLE EST ANEANTI . CRAIGNER ALORS LA LUTTE NON PACIFIQUE DES REVOLUTIONNAIRES ET FRANCHEMENT VOUS L'AUREZ BIEN MERITE AVEC VOTRE MEPRIS DEPUIS LE 17 OCTOBRE DES DEMANDES DU PEUPLE

    LA VERITE

    01 h 51, le 21 juillet 2020

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