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Économie - Assistance financière

Les protagonistes libanais veulent encore marchander avec le FMI

Rien ne permet de garantir que le fonds mettra de l’eau dans son vin.

Les protagonistes libanais veulent encore marchander avec le FMI

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, la semaine dernière à Washington D.C. Nicholas Kamm/AFP

Un peu plus de deux mois après leur coup d’envoi, les négociations entre le Liban et le FMI pour le déblocage d’une assistance financière afin de contribuer à redresser le pays, en crise, n’ont enregistré « aucune avancée ». C’est ce qu’a souligné vendredi soir la directrice générale de l’organisation de Bretton Woods, Kristalina Georgieva, interrogée par la chaîne panarabe al-Jazeera, alors que la dernière réunion entre les négociateurs libanais et l’institution remonte au 10 juillet et qu’aucune date ferme n’a encore été fixée pour le prochain rendez-vous.

Si la dirigeante a bien assuré que le FMI restait « engagé » aux côtés du Liban, elle a toutefois répété qu’il n’y aurait pas d’issue possible sans réformes et appelé les Libanais à « travailler sur une vision commune (…) en vue d’un rééquilibrage économique » – une référence au plan de redressement établi par l’exécutif, qui est rejeté par une partie de la classe politique, les banques et la Banque du Liban.

Mais les parties prenantes libanaises ne semblent, elles, pas encore disposées à se plier à l’injonction du fonds. Comme l’ont déjà confirmé plusieurs sources concordantes, des tractations sont en cours pour amender le plan, de façon à « atteindre un compromis » acceptable aussi bien pour le FMI, qui est aligné sur l’évaluation des pertes établie par l’exécutif et veut voir une partie des réformes être lancées avant de débloquer le moindre sou, que pour ceux qui, au Liban, sont hostiles à certaines exigences imposées par l’institution.

Réunions « intensives »
Dans son point de presse samedi à Dimane, le Premier ministre a lui-même annoncé que des réunions « intensives » allaient avoir lieu cette semaine pour établir un plan qui « prendra en considération les points de vue de la BDL, des banques, du ministère des Finances et de l’exécutif ». Pour un expert, « le fait que le chef du gouvernement fasse la distinction entre l’exécutif et le ministère des Finances, dirigé par Ghazi Wazni, qui est proche du président du Parlement Nabih Berry, en dit long sur le rapport des forces en présence ».

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Il rappelle en outre que l’équipe de négociateurs libanais qui discute avec le FMI est pilotée par Ghazi Wazni et que le président du Parlement s’est déjà publiquement opposé à l’adoption d’une loi de contrôle de capitaux devant réguler les restrictions bancaires complètement arbitraires – et illégales – que subissent les Libanais depuis près d’un an. Or l’adoption d’un tel texte fait partie des prérequis incontournables imposés par le FMI, comme l’a rappelé il y a exactement une semaine le vice-directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale de l’organisation, le Grec Athanasios Thanos Arvanitis. L’équipe des négociateurs libanais a, elle, été déjà désertée par deux de ses membres, Henri J. Chaoul, financier membre du collectif Kulluna Irada, et Alain Bifani, ancien directeur général du ministère des Finances, qui ont tous les deux dénoncé l’absence de volonté politique pour la mise en œuvre des réformes attendues.

Plan Libank/Chikhani
C’est donc dans ce contexte a priori très défavorable, le FMI ne semblant pas disposé à mettre de l’eau dans son vin, que le scénario d’un nouveau « compromis acceptable » continue de se dessiner. Aucune information définitive n’est disponible concernant les contours de cette solution alternative, qui est supposée remplacer celle présentée en mai par l’Association des banques du Liban (ABL) et qui n’a pas plus convaincu le FMI que l’évaluation revue à la baisse des pertes du Liban effectuée quelques semaines plus tard sous la supervision des députés – également alignée sur le secteur bancaire et la BDL.

Mais selon une source financière, une partie des nouvelles pistes proposées s’inspireraient d’un autre plan alternatif, publié celui-ci en juin et élaboré par Levant Investment Bank (Libank) et l’expert financier Nicolas Chikhani. « Les propositions dégagées dans ce plan ont été présentées à la BDL, l’ABL et même au ministère des Finances, qui ont tous manifesté leur intérêt. Il est très possible que plusieurs d’entre elles soit retenues dans le compromis que les négociateurs tentent de trouver pour revenir vers le FMI avec une position unifiée », souligne la source précitée. En bref, le plan Libank/Chikhani (dont L’Orient-Le Jour détaillera les grands axes cette semaine) adopte globalement la même évaluation des pertes que l’exécutif, mais propose d’autres moyens pour les traiter, avec l’objectif affiché de limiter au minimum la nécessité de piocher dans les dépôts bancaires, selon ses auteurs.

Au-delà du contenu du plan, la première étape pour les promoteurs de cette nouvelle tentative d’amadouer le FMI va sans doute consister à convaincre les conseils de l’exécutif de l’appuyer. Quelques heures avant l’intervention de Kristalina Georgieva, Reuters indiquait en effet, en citant des sources proches du dossier, que le cabinet Lazard, mandaté par l’exécutif fin février aux côtés de Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP pour l’épauler dans le processus de restructuration de la dette publique du pays, allait envoyer un représentant au Liban. Mais selon deux autres sources que nous contactions le même jour, Lazard, qui a largement contribué à la rédaction du plan de redressement initial, ne serait pas disposé à approuver le « compromis » préparé.

Enfin, pendant que les dirigeants s’affairent encore à convaincre le FMI de les aider en minimisant autant que possible les engagements de réformes réclamées depuis des années par les soutiens et les créanciers du Liban, les conditions de vie des Libanais continuent de s’aggraver. Le sort de la parité dollar/livre, qui détermine le niveau d’inflation, reste plus que jamais entre les mains du marché noir (8 400 livres en moyenne pour un dollar vendredi dernier, selon LebaneseLira.org, un niveau passablement stable en fin de semaine).

Un peu plus de deux mois après leur coup d’envoi, les négociations entre le Liban et le FMI pour le déblocage d’une assistance financière afin de contribuer à redresser le pays, en crise, n’ont enregistré « aucune avancée ». C’est ce qu’a souligné vendredi soir la directrice générale de l’organisation de Bretton Woods, Kristalina Georgieva, interrogée par la...

commentaires (11)

C'est dans l'ADN de ces marchands de paillasses.

Christine KHALIL

22 h 08, le 20 juillet 2020

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Commentaires (11)

  • C'est dans l'ADN de ces marchands de paillasses.

    Christine KHALIL

    22 h 08, le 20 juillet 2020

  • La mentalité de nos politiciens et leurs valets mis en face pour montrer que le peuple gouverne est que celui qui a été élu grâce à des 100 dollars distribués en quantité et à l’embauche dans la fonction publique illégales peut encore discuter les clauses de sa mendicité pour récupérer dans sa poche l’aide LA VÉRITÉ VOUS N’AVEZ PAS COMPRIS QUE VOTRE HEURE EST FINIE ET QUE VOUS DEVREZ VOUS EN ALLER IMMÉDIATEMENT SI VOUS NE VOULEZ PAS FINIR EN PRISON OU PIRE QUÀND LE LIBANAIS SE RENDRA ENFIN COMPTE QUE AVEC VOUS RIEN NE SE FERA ET UTILISERA SA DERNIÈRE CARTOUCHE POUR VOUS FAIRE PARTIR CAD EXIGER DE L’ARMÉE DE SE JOINDRE AU PEUPLE CONTRE CETTE CLASSE DIRIGEANTE IMPITOYABLE ET LA GUERRE CIVILE DONT TOUT LE MONDE PARLE MAIS PENSE QU’ELLE N’ARRIVERA JAMAIS SERA LA SEULE SOLUTION POUR LA SURVIE DE 5 MILLIONS DE LIBANAIS CONTRE UN MILLIER DE POLITICIENS

    LA VERITE

    17 h 49, le 20 juillet 2020

  • LA PARISIENNE: Erreur d'information, car ce ne sont pas les institutions internationales- dont le FMI- qui "font payer tous les libanais..." , mais la présidence et le gouvernement actuels qui, faute de reformes drastiques, continuent de saigner les citoyens libanais, en prétendant que c'est la faute du FMI: Une manipulation causéabonde qui relève de l'intoxication politicienne d'une caste de voleurs qui veut se maintenir au pouvoir coûte que coûte, pour continuer à s'enrichir sur le dos du Peuple

    Saab Edith

    16 h 39, le 20 juillet 2020

  • Quand il y a une restructuration de dettes et que des fonds sont demandés généralement l’aide arrive avec des conditions ... la seule chose dont je ne suis pas d’accords avec le FMI c’est qu’elle pousse l’exécutif à accepter un hair cut des dépôts dans le banques ... toutes fois elle devrait demander pour balancer le retour des quelques milliards de $ ou euro déposer par les corrompus, des banques européenne vers le Liban coupler avec la privatisation pour un certain nombre d’année des sociétés d’états... bien sûr avec quelque restrictions comme ne pas faire augmenter drastiquement les factures Au lieu de cela commencer à faire payer tous les libanais sur tout le territoire du Nord au sud d’est en ouest ... je pense que cette somme sera largement suffisant pour ne pas toucher aux dépôts des libanais ...

    Bery tus

    15 h 13, le 20 juillet 2020

  • Il faut écarter les fossoyeurs du Liban de toute négociation. On ne peut pas être jugé et partie en même temps. Un gouvernement parallèle devrait être formé de toute urgence avec les opposants avec une feuille de route pour sauver notre pays. Ils sont nombreux à avoir été mis sur le banc de touche par les vendus alors qu’ils représentent la majorité du peuple. Ils nous ont imposé des collaborateurs, à nous d’imposer des sauveurs. Ainsi ils évinceront de façon légale ces vendus pour les mettre à l'écart et aller de l’avant pour sauver le pays et son peuple. Il faut agir en utilisant leurs méthodes, passer en force puisqu’il n’y a plus ni état ni président. Mais la constitution sera en quelque sorte respectée.

    Sissi zayyat

    10 h 43, le 20 juillet 2020

  • Marchander quoi au juste ? Ils se croient dans un souk!! Quand on va demander assistance on ne pose pas ses conditions. De plus, même si les conditions du FMI seront très dures elles devaient être le premier pas vers des vraies reformes donc je préfère leur donner la direction du pays plutôt qu’aux mafieux qui ont complétement vidé les pays de son sang et à présent tels des vautours s’acharnent sur le cadavre de la nation.

    Liban Libre

    10 h 33, le 20 juillet 2020

  • LA PARISIENNE: Perdez une fois pour toute l'illusion que les VOLEURS qui ont mis le Liban en totale faillite peuvent "négocier" avec la Communauté internationale, comme s'il s'agissait d'un "partenariat politique intérieur". Une seule condition pour sortir le pays de la catastrophe, accepter totalement et sans réserves les remèdes imposés , les REFORMES, toutes les REFORMES, rien que les REFORMES; c'est à dire la mise en prison des "voleurs."

    Saab Edith

    10 h 29, le 20 juillet 2020

  • ==le cabinet Lazard, mandaté par l’exécutif ne serait pas disposé à approuver le « compromis » préparé== n'y a t il pas maldonne flagrante ici ? depuis quand c'est a l'employe-en l'occurence Lazard- d'appouver les deicsions du Patron-en l'occurence le gouv libanais ?

    Gaby SIOUFI

    08 h 14, le 20 juillet 2020

  • Un conseil a tous les négociateurs libanais : cessez de tourner autour du pot, l’équation est simple. D’abord engager des vraies réformes au sein de l’appareil de l’Etat, ce qui veut dire diminution drastique du nombre des fonctionnaires, de leur rémunération et de leurs avantages. Diminution drastique du train de vie de l’Etat, ce qui veut dire que tous les ministères et autres organismes officiels doivent arrêter le gaspillage. Reprise par l’Etat de toutes les sources de perception au Trésor Public : taxes et impôts sur le revenu, TVA, droit de douanes des ports et de l’aéroport. Ensuite, rapatrier tout l’argent volé ou détourné durant les 30 dernières années. Ce n’est pas aux déposants libanais qu’il faut s’en prendre mais à la classe dirigeante qui a gaspillé et pillé l’argent public en faisant exploser la dette durant les 30 dernières années. De plus, tous les responsables de cette situation doivent passer devant une juridiction créée à cet effet, qu’ils soient politiques, hauts fonctionnaires ou responsables économiques coupables de corruption passive. Alors le FMI pourra vous aider. Mais pour la dernière fois un conseil précieux, ne touchez pas à l’épargne des libanais, c’est tout votre système qui risque alors de sauter car la révolution de la faim n’épargnera personne et les militaires se joigneront ont à cette révolution et personne ne pourra vous protéger

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 09, le 20 juillet 2020

  • "... elle a appelé les Libanais à travailler sur une vision commune ..." —- Autant attendre que les poules aient des dents. Ça a plus de chances d’arriver...

    Gros Gnon

    04 h 45, le 20 juillet 2020

  • IL N,Y A QU,UN CHEMIN ET C,EST PLIER AUX CONDITIONS ECONOMIQUES ET POLITIQUES DU FMI. SHEHAD OU MCHARAT C,EST TROP !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 27, le 20 juillet 2020

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