Un enfant et un nourrisson, admis dans des hôpitaux gouvernementaux, sont décédés lundi respectivement à Tripoli et à Baalbeck, faute d’unités de soins intensifs pédiatriques, selon les informations ayant circulé dans ce cadre. Deux décès qui soulèvent de multiples questions sur la disponibilité et la capacité des hôpitaux gouvernementaux à recevoir et traiter des cas urgents.
L’Orient-Le Jour a essayé d’entrer en contact avec le responsable du dossier des hôpitaux gouvernementaux au sein du ministère de la Santé pour plus de détails. Pour pouvoir répondre à nos questions, il avait besoin d’une autorisation du conseiller en communication du ministre, que nous n’avons pas pu obtenir. Ce dernier a précisé que le ministère suit de près le dossier des deux enfants et qu’un communiqué devrait être publié incessamment par la commission d’enquête au sein du ministère.
Le problème des unités de soins intensifs pédiatriques ne se limite pas aux hôpitaux gouvernementaux, mais est constaté dans les hôpitaux privés également, explique à L’OLJ à ce sujet le Dr Robert Sacy, professeur de pédiatrie, néonatalogie et réanimation pédiatrique et responsable de l’aile pédiatrique de l’hôpital de la Quarantaine. Il souligne que « le pays compte une trentaine de lits pédiatriques en soins intensifs » et que « souvent les enfants sont mis avec les adultes ». Pour lui, le problème se pose à deux niveaux. D’une part, le nombre restreint de réanimateurs pédiatriques et d’autre part, le plafond insuffisant du budget alloué par le ministère de la Santé aux hôpitaux, qui est rapidement épuisé, « aux alentours du 15 du mois ».
Enquête en cours
À Baalbeck, une petite fille de quatre mois, ayant avalé une grande quantité d’eau lors du bain, a été transportée en urgence à l’hôpital gouvernemental de la ville. « Sur le chemin, la mère de l’enfant a d’abord eu affaire à un embouteillage dans la région de Ras el-Aïn », explique Abbas Awada, écrivain et activiste, à notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah. « Elle a ainsi dû porter son enfant et poursuivre son chemin à pied jusqu’à l’hôpital », ajoute-t-il, précisant que le corps médical a fourni à l’enfant les soins nécessaires et a réussi à la réanimer. Mais « elle devait être admise dans une unité de soins intensifs, poursuit M. Awada. Toutefois, l’hôpital de Baalbeck fonctionne actuellement à 20 % de sa capacité. Par conséquent, l’unité de soins intensifs pédiatriques est fermée, faute de personnel. » Pour lui, cette négligence « vise à faire travailler les hôpitaux privés de la région ».
« La petite fille a été par la suite transportée à l’hôpital Dar el-Amal où elle aurait pu recevoir les soins nécessaires, poursuit M. Awada. Mais elle y est arrivée en même temps qu’une unité de l’armée qui transportait des militaires blessés et un autre tué lors d’une fusillade sur l’un de ses postes, près de Brital. Le chaos régnait à l’hôpital et la fillette est décédée. » L’OLJ a contacté les administrations dans les deux hôpitaux, qui se sont abstenues de tout commentaire.
À Tripoli, l’enfant de 4 ans, admis dimanche avec une forte fièvre, avait été placé en réanimation. Selon les proches de l’enfant, qui ont vandalisé la façade de l’établissement à la suite de son décès, ce dernier aurait dû être transféré des urgences aux soins intensifs, mais l’ordre nécessaire à ce transfert n’a jamais été donné par le médecin chargé du suivi du traitement. Dans un communiqué publié lundi, l’administration de l’hôpital a souligné que le petit garçon était arrivé dans la soirée, souffrant d’une « pneumonie sévère » qui l’empêchait de respirer correctement. L’hôpital précise que tous les tests ont été faits à temps et que c’est un médecin urgentiste qui s’est chargé du traitement « en l’absence de place aux soins intensifs pédiatriques ». « Nous avons envoyé le dossier dans de nombreux hôpitaux de la région, sans succès », a souligné l’établissement. Et de préciser que la situation de l’enfant s’est ensuite « détériorée de manière subite ».
Le ministre de la Santé, Hamad Hassan, a présenté ses condoléances à la famille du petit garçon. Il a affirmé que le ministère a ouvert une enquête et « que la négligence sera sanctionnée ».
Déliquescence de l'Etat, déliquescence de la société, déliquescence de l'économie, déliquescence éthique, délquescence morale...Syndrome de déliquescence généralisé!Tous les profits licites et illicites, , toutes les combines, toutes les explications à défaut d'excuses valent-ils la mort injuste et révoltante non pas de deux enfants, mais d'un seul?
18 h 51, le 15 juillet 2020