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Moyen-Orient - Épidémie

Le cri d’alarme des médecins algériens épuisés

Le cri d’alarme des médecins algériens épuisés

Des personnes se baignant à Bab el-Oued, dans la banlieue d’Alger, le 8 juillet 2020. Ryad Kramdi/AFP

En première ligne depuis des mois et à bout, les médecins algériens, qui paient un lourd tribut au Covid-19, lancent un cri d’alarme afin d’éviter une catastrophe. À leurs compatriotes, d’abord, pour qu’ils respectent les règles de prévention, et à l’État ensuite pour qu’il applique la loi et sanctionne les contrevenants.

« On est en non-stop. On est épuisé. À plat. Certains sont morts, qu’ils reposent en paix, et plusieurs membres de mon équipe ont été contaminés », lance, désemparé, le docteur Mohammad Yousfi, chef du service d’infectiologie de l’hôpital de Boufarik, près d’Alger. C’est à Boufarik, dans la préfecture de Blida, qu’a été identifié le premier foyer de l’épidémie en Algérie. Une famille entière contaminée après le retour de France de ressortissants algériens invités à un mariage local. « L’épidémie a commencé chez nous, elle est en train de flamber chez nous. L’hôpital est complet », dit l’infectiologue de Boufarik. Épuisés, certains médecins ont été victimes de syncopes, d’autres ont eu des accidents de voiture dus à la fatigue. Depuis l’enregistrement du premier cas de Covid-19 le 25 février, le personnel de santé est particulièrement exposé : 31 soignants sont décédés – dont quatre médecins et une infirmière depuis le début de la semaine, d’après les médias. Selon le professeur Abdelkrim Soukehal, membre du Comité scientifique national, 1 700 membres du personnel de santé, tous corps confondus, ont été contaminés.

« Prix de la bêtise »

Sur les réseaux sociaux, des médecins de tout le pays diffusent des appels de détresse. « Durant toute la garde, je portais un regard fier sur mon équipe qui se donnait à fond... Un regard furieux contre tous ces ignorants qui payent le prix de leur bêtise... Un regard triste sur les victimes contaminées par leurs proches... Et puis un regard vide sur la situation qui continue à empirer, sans qu’il y ait prise de conscience », a témoigné sur Twitter le docteur M. A., infectiologue à Oran (Nord-Ouest). Certains médecins déplorent le manque de moyens et réclament une assistance de l’État. Le Dr Yousfi, lui, voudrait l’aide de ses confrères du secteur public ou privé qui n’exercent pas dans des services d’infectiologie. Et de mettre en garde : « Le jour où l’ensemble des médecins qui sont au front seront dans l’impossibilité de faire leur travail pour cause d’épuisement, il n’y aura plus personne pour soigner les malades. »

Après une accalmie pendant le mois de jeûne du ramadan (24 avril-24 mai), les autorités avaient décidé d’alléger le confinement imposé à la mi-mars. Mais la pandémie s’est à nouveau rapidement propagée dans plusieurs villes d’Algérie : Alger, Blida, Oran, Biskra, Sétif, Ouargla... « Nous allons vers la catastrophe. Les cas ne cessent d’augmenter », martèle le médecin de Boufarik. Son hôpital est plein et une cinquantaine de personnes, dont des familles entières, se présentent chaque jour avec les symptômes du coronavirus. La moitié sont déclarés positifs. Avec l’augmentation des contaminations, l’Institut Pasteur d’Algérie, qui pratique les tests, est submergé, passant de 400 prélèvements par jour à plus de 2 000, ce qui retarde les résultats.

« Déni »

« Tant qu’il y aura des citoyens qui sont dans le déni, égoïstes et inconscients de contaminer leur entourage et de ce que les médecins endurent à cause d’eux, la situation ne pourra que s’aggraver », avertit le Dr Yousfi. Ce déni – répandu en Algérie – est « irresponsable et criminel », accuse-t-il. Et il met au défi ceux qui doutent de l’existence du virus de « venir sans bavette dans un service de Covid-19 ». « Nous demandons à l’État d’appliquer la loi tout en maintenant la sensibilisation », surtout en l’absence de dépistage massif et de vaccin. Pays le plus touché d’Afrique du Nord, l’Algérie a déclaré officiellement près de 18 000 cas de Covid-19, dont un millier de décès. Un mois après les premières mesures de déconfinement, le gouvernement a exigé fin juin un durcissement des sanctions contre les contrevenants.

Il a avisé les autorités locales de procéder au « confinement ciblé » des localités et quartiers en proie à des foyers d’infection. « Le temps de la sensibilisation est passé, il est temps d’assumer le prix de vos erreurs, le médecin ne sera là que pour essayer de rattraper ceux qui sont déjà sur le chemin des adieux », estime le docteur M. A. d’Oran.

Source : AFP

En première ligne depuis des mois et à bout, les médecins algériens, qui paient un lourd tribut au Covid-19, lancent un cri d’alarme afin d’éviter une catastrophe. À leurs compatriotes, d’abord, pour qu’ils respectent les règles de prévention, et à l’État ensuite pour qu’il applique la loi et sanctionne les contrevenants.« On est en non-stop. On est épuisé. À plat....

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