Avec la thaoura qui a débuté sans queue ni tête depuis le 17 octobre 2019, on n’aurait jamais pensé pour la soutenir et la sauver avoir un gouvernement de technocrates pour la forme aussi pourri, et en plus soumis aux tribus confessionnelles diverses, pour plonger le pays dans le vide et le chaos et l’appauvrir d’une façon dramatique. Il y a juste quelques mois et avec un cœur parfois moqueur et en engageant les domestiques dans nos maisons, on se demandait comment ces familles pouvaient vivre avec cent ou deux cents dollars par mois. Nous voilà grâce à nos génies en politique, et cette nouvelle appellation typiquement libanaise « ingénieurs en finances », arrivés à ce stade en se moquant de nous-mêmes en observant brusquement qu’avec un taux du dollar atteignant les dix mille livres libanaises, la majorité des employés libanais ne sont plus si favorisés qu’ils ne l’étaient il y a peu de temps.
Pour tout soulagement, les responsables vous suggèrent de vivre en mendiant. Ainsi, ici un érudit en politique vous conseille de jumeler toute famille libanaise avec ses parents à l’étranger pour survivre, là un juriste qui veut profiter de cette monnaie de l’Oncle Sam pour nourrir la caisse de l’État, essaye de condamner la presse entière à des amendes si l’ambassadrice de cette grande puissance ose tenir une conférence et durant un an au moins. Plus choquant est le prix du pain qui diminue de poids et augmente de prix. Et dans un contexte plus classique, l’armée libanaise doit devenir brusquement végétarienne et s’abstenir de manger de la viande devenue super chère. Le médicament concernant le cancer, le cœur et les maladies chroniques, devient rare ou presque introuvable.
Tout patient doit donc ajourner son mal et ses soins ; le comble est que les pharmacies menacent de fermer leurs portes.
Parallèlement, il est plus ridicule d’observer des gens faire une longue queue au centre-ville non pas pour un kilo de farine mais pour des sacs et des chaussures de marque vendus en solde. Devant toute cette mascarade, il est grand temps de sortir de ce laxisme, de prendre un nouveau souffle avec un Liban ayant une caste politique jeune, fraîche, loin du clientélisme, pour permettre aux Libanais stoïques de regagner espoir, surtout envers le secteur bancaire, et rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, sans vols ou menaces.
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