Le Liban est frappé de "siège financier" imposé par les puissances internationales, et sa priorité est d’éviter les conflits causés par la crise économique, a déclaré le chef du Courant patriotique libre, l'ancien ministre Gebran Bassil, à l'agence de presse Reuters.
"Ce à quoi nous sommes soumis, c'est à un siège économique, financier et politique. Cela n'excuse pas l'État et les Libanais de leurs erreurs, en particulier la corruption", a-t-il ajouté. Il a estimé que de "grandes puissances" empêchent l'accès du Liban aux aides financières internationales et que le pays n'a pas "la capacité" de leur faire face. Le chef du CPL a toutefois souligné que "lorsqu'il y aura une volonté d'aider" le pays du Cèdre, les aides arriveront d'elles-mêmes rapidement. "La priorité absolue est de savoir comment garder le Liban loin de l'anarchie et des conflits. Les Libanais doivent également être protégés de l'extrême pauvreté", a-t-il encore dit.
La débâcle économique sans précédent qui dure depuis près d'un an au Liban s'est accompagnée d'une chute vertigineuse de la monnaie nationale dans un pays où 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Sollicitée pour aider le pays, la communauté internationale attend que Beyrouth lance une série de réformes très attendues, notamment au niveau des dépenses publiques et du secteur de l'électricité, pour débloquer des aides financières. Mais le gouvernement continue de traîner des pieds.
Les négociations avec le FMI
M. Bassil a dans ce cadre affirmé qu'il soutenait les négociations du Liban avec le Fonds monétaire international (FMI), exprimant l'espoir que cela ferait pression sur l'État pour qu'il entreprenne des réformes. Le gendre du président libanais Michel Aoun a souligné cependant que toute aide étrangère ne pourrait se faire au prix de la souveraineté.
Après plusieurs semaines de réunions, les négociations entre le Liban et le FMI ont été suspendues la semaine dernière. Le Fonds a émis une série de conditions pour la reprise de ces discussions, notamment "l’unification des chiffres des pertes subies par l’État et l’accélération de la mise en œuvre des réformes demandées". Piétinant depuis leur démarrage le 13 mai dernier, les réunions n’en sont encore qu’à leur première étape, consistant à évaluer les pertes accumulées et l’approche à privilégier pour les calculer.
La paix menacée
L'ex-ministre des Affaires étrangères a par ailleurs appelé le gouvernement, dont aucun membre selon lui ne relève de sa formation politique, à accélérer la mise en œuvre des réformes. "Nous ne pouvons plus accepter le manque de productivité de l'exécutif", a-t-il dit. Et de souligner que si l'équipe de Hassane Diab ne s'active pas davantage, elle ne pourrait pas rester en place.
Le CPL de M. Bassil est l'un des principaux parrains du gouvernement, mis sur pied après la chute de l'équipe de Saad Hariri en octobre dernier. Le cabinet fait toutefois l'objet de critiques, même de la part des formations politiques à l'origine de sa mise en place. Il semblait d'ailleurs sur le point de tomber la semaine dernière, mais en l'absence d'alternative sa chute a été écartée notamment par le Hezbollah.
Interrogé en outre par Reuters sur la menace qui plane sur la paix au Liban, Gebran Bassil a répondu : "Bien sûr, cette menace existe. La solution réside dans l'unité nationale et le dialogue". Le chef du CPL a aussi mis en garde contre un "jeu international" qui pourrait avoir lieu pour affaiblir le Liban ou "un parti au Liban tel que le Hezbollah". "La Syrie doit être une leçon pour tous. Ce serait une honte de ramener le Liban sur le chemin de la destruction", a-t-il conclu.
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Le Hezbollah n'est pas un parti politique, c'est une milice armée financée par l'Iran pour poursuivre le rêve de Yasser Arafat de rayer Israël de la carte... Tant que le Liban n'aura pas compris où sont ses intérêts, le pays sombrera dans la misère...
DM
04 h 53, le 10 juillet 2020