Critiques littéraires Roman

L'ascension d'un chef

L'ascension d'un chef

D.R.

L’Ambitieux de Patrick Poivre d’Arvor, Grasset, 2020, 233 p.

Sans être l’incarnation de son personnage présidentiel balzacien, une sorte de Rastignac des milieux politiques français dans son dernier roman L’Ambitieux, Patrick Poivre d’Arvor ne manque certainement pas, lui non plus, d’ambition ! La preuve, si besoin en est encore, sa riche carrière. Une carrière ponctuée aussi bien de succès littéraires que d’importantes fonctions assumées au sein des organes d’informations les plus prestigieux de l’Hexagone, avec un cycle de malheurs concernant la mort de ses enfants dont il est sorti avec une émouvante dignité et un courage remarquable.

72 ans, polémiste, éditorialiste, journaliste (Paris Match, Le Nouvel Observateur), animateur de radio (Radio Classique) et de télé (Canal+), présentateur de journal (TF1, A2), romancier (détenteur du Prix Interallié en l’an 2000 pour L’Irrésolu), PPDA est une figure publique qui a à son actif notoriété, talent, culture (aussi bien musicale que littéraire et politique) et un intense labeur pour une œuvre polymorphe considérable.

L’Ambitieux s’inscrit dans le registre d’une analyse, narration, portraits, jeux de la rhétorique parlementaire ainsi que de celle de la plus haute charge de l’État. Tout est là pour un sens critique, parfois narquois et malicieusement ironique, des carrières tant convoitées, au cours houleux mais aussi imprévisible et dangereux. C’est dans cette optique d’ascension au pouvoir d’un des plus jeunes députés de France que se déroule cette suite de l’avant-dernier opus, nommé à point La Vengeance du loup de PPDA, publié l’année. Ce n’est pas obligatoire d’avoir lu ce dernier roman pour comprendre et savourer le récit qui suit, dont l’indépendance d’écriture et de narration demeure souveraine.

L’Ambitieux, au titre explicite et suffisamment éloquent, claque comme un coup de fouet où scintillent et luisent justement les dents longues du jeune loup évoqué précédemment. De toute évidence, PPDA scrute et scanne l’ambition et dévoile, non in petto mais ouvertement, les plus sourdes manigances courtisanes. Et l’écrivain ne craint pas de descendre aux abysses de l’asservissement pour le désir de commander, gouverner et régner. Par le biais d’une plume incisive et mordante, voilà des allusions, à peine maquillées, à une réalité et une actualité qu’on saisit au vol et qui saute aux yeux tant les analogies sont évidentes. Surtout quand on se réfère au rejet des journalistes compagnes ou épouses d’hommes politiques, ou à la prise du pouvoir d’un Rastignac qui ne craint pas d’endosser, sans expérience sérieuse, la plus haute et lourde charge de l’État…

Ce Charles, héros pétulant de ce roman, est séduisant, manipulateur, d’une fraîcheur décapante. Ce qui fait de lui la coqueluche des médias qui le livrent en image de choc, comme un produit de luxe, aux citoyens médusés et dépassés par les événements. Secondé par sa maîtresse, il arrive à ses fins : caresser les ors de l’Elysée pour une éclatante revanche d’une enfance quelque part brimée ! Même si c’est au prix de chantages et autres coups bas de l’arsenal de la conduite et les arcanes de la vie politique. L’essentiel est de rester au sommet. Tout le reste est… littérature !

Une lecture d’été, parfaitement dans le ton de la détente, qui ne laisse pas indifférent avec ses descriptions pittoresques et acérées des milieux salonnards de l’art et des courses effrénées pour les irrépressibles enjeux de la comédie du pouvoir dans ses hautes sphères.


L’Ambitieux de Patrick Poivre d’Arvor, Grasset, 2020, 233 p.Sans être l’incarnation de son personnage présidentiel balzacien, une sorte de Rastignac des milieux politiques français dans son dernier roman L’Ambitieux, Patrick Poivre d’Arvor ne manque certainement pas, lui non plus, d’ambition ! La preuve, si besoin en est encore, sa riche carrière. Une carrière ponctuée aussi...

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