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Politique

La stratégie de défense s’invite dans un dialogue « national » pourtant monochrome

La stratégie de défense s’invite dans un dialogue « national » pourtant monochrome

Le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre, Hassane Diab, à leur arrivée à Baabda. Photo Nabil Ismaïl

Les participants à la réunion du dialogue national, qui s’est tenue au palais présidentiel de Baabda sans les principaux pôles de l’opposition au pouvoir, se sont accordés hier sur l’importance de la stabilité sécuritaire, « condition à la stabilité économique et financière » du Liban, qui traverse sa plus grave crise sur ce plan depuis 30 ans. Mais à côté des discours plus ou moins convenus ou prévisibles, l’appel du pied à une discussion autour d’une stratégie de défense nationale lancée par Gebran Bassil a constitué une surprise.

Le président de la République, Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, le Premier ministre, Hassane Diab, le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, le député de Tripoli délégué par la Rencontre consultative sunnite alliée au Hezbollah, Fayçal Karamé, le représentant du parti Tachnag, Hagop Pakradounian, le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, le député de Marjeyoun Assaad Hardane (représentant le Parti syrien national social), le député du Chouf et chef du Rassemblement démocratique, Teymour Joumblatt, ainsi que l’ancien président Michel Sleiman ont participé à cette réunion. La quasi-totalité de l’opposition, ainsi que le chef des Marada, Sleimane Frangié, étaient en revanche absents.

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« La stabilité sécuritaire est essentielle et constitue une condition pour la stabilité économique, financière, monétaire et sociale du pays », indique un communiqué final. « Lutter contre la sédition et les tentatives de créer le chaos est de la responsabilité de toutes les composantes de la société », dit également le texte, qui appelle à « cesser les campagnes incendiaires menaçant la paix civile et la stabilité sécuritaire ». Et de rappeler que la liberté d’expression, « consacrée par la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme », doit s’exercer « dans les limites de la loi ». Sur le plan politique, le communiqué appelle le gouvernement et l’opposition à « travailler ensemble pour sauver le pays » d’une crise « plus dangereuse que la guerre ». Il insiste aussi sur la nécessité de « trouver les moyens de sortir de la crise économique, financière et monétaire, en adoptant une ligne définitive de réformes structurelles et en adoptant le programme du Fonds monétaire international (FMI) ». Et ce de manière à « ne pas porter atteinte aux intérêts et à la souveraineté » (nationaux).

« Risque de guerre civile »
Le président Aoun et le Premier ministre Diab s’étaient exprimés à l’ouverture de la réunion. Les événements qui ont secoué le Liban « doivent nous alerter sur les dangers qui menacent la paix civile sous couvert de revendications sociales », a affirmé le chef de l’État, dénonçant le fait que « certaines parties exploitent la colère et les revendications légitimes du peuple pour les transformer en actes de vandalisme qui dégénèrent en chaos au profit d’agendas étrangers suspects ». « C’est avec une grande inquiétude que nous avons assisté au retour de certains signes indicateurs de risque de guerre civile », a-t-il poursuivi. « Notre pays traverse la pire crise financière et économique de son histoire et notre peuple vit des difficultés quotidiennes insupportables (...). Aucun plan de sauvetage n’est possible tant que certains continueront à semer le trouble dans les rues, à défier la sécurité et à mettre des bâtons dans les roues », a-t-il ajouté.

« Face aux défis cruciaux auxquels le Liban est confronté, une situation régionale en ébullition et les dangers qui peuvent découler de la loi César (loi américaine qui impose des sanctions au régime syrien du président Bachar el-Assad et à toute personne ou entité coopérant avec lui), l’unité nationale est plus que jamais essentielle pour prendre les décisions cruciales », a déclaré le chef de l’État. « L’objectif de notre réunion est de renforcer cette unité afin de prévenir le chaos », a ajouté Michel Aoun. Avant de conclure : « La divergence d’opinion est le droit de tout homme (...). La paix civile est la véritable ligne rouge, et il n’y aura aucune tolérance pour quiconque essaiera de la franchir. »

« Travail national élargi »
« Le pays ne va pas bien », a par la suite lâché Hassane Diab, constatant que « les Libanais regardent l’avenir avec inquiétude » et que « des citoyens ont faim ». « La solution à cette crise est de la responsabilité de tous, pas seulement du gouvernement actuel. En ce moment crucial, il nous est demandé de conjuguer les efforts et de mettre en avant la logique de l’État afin de réduire les dégâts qui pourraient être catastrophiques », a souligné M. Diab, appelant la Banque du Liban à réguler le taux de change du dollar face à la livre libanaise. Il n’y a plus de temps « pour les surenchères et les règlements de comptes politiques. Disons la vérité, les Libanais n’attendent pas de cette réunion des résultats fructueux (...). Ils veulent que l’on enraye la hausse des prix, de l’électricité, la sécurité et la stabilité », a poursuivi M. Diab.

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Pour sa part, Nabih Berry a de nouveau réaffirmé la nécessité de déclarer « l’état d’urgence financière » et de se pencher sur toutes les mesures nécessaires pour contrer l’effondrement de la monnaie nationale. La réunion a été précédée par un entretien entre MM. Aoun, Berry et Diab. Durant la réunion, le chef du législatif a exhorté le gouvernement à « se concentrer sur les réformes dans la période à venir ».Avant la lecture du communiqué de la réunion, l’ancien président Michel Sleiman a fait montre de ses réserves quant à sa mouture finale. « Il ne peut y avoir de solution sur le plan économique sans revenir à la déclaration de Baabda », a déclaré l’ex-chef de l’État, en référence au document du 11 juin 2012 qui stipule la distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes et à la guerre syrienne, et dont il est le parrain. Au cours de cette réunion, M. Sleiman s’en est pris au Hezbollah qui, dit-il, « s’est retourné contre l’accord de Baabda, empêchant le Liban de faire face à ses engagements internationaux, provoquant son isolement fatal, la perte de sa crédibilité et de la confiance des pays amis… ». Des attaques auxquelles a répondu le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad.

Bassil : « Rien n’est interdit »
De son côté, Gebran Bassil a critiqué l’absence des principaux pôles de l’opposition au pouvoir au dialogue. « Ceux qui refusent le dialogue montrent leur intention d’empêcher le sauvetage du pays », a-t-il estimé. Le chef du CPL a prôné « la sécurité d’abord, les denrées alimentaires ensuite, puis l’argent ». Il a en outre appelé à la tenue d’un dialogue national « au menu duquel il n’y aurait aucun sujet tabou : que ce soit la stratégie nationale de défense, les frontières terrestres et maritimes, la protection du Liban, et de ses ressources, et le développement du système politique libanais ». Pour sa part, Teymour Joumblatt a présenté une feuille de route destinée à sortir de la crise. Cette feuille de route appelle le gouvernement de Hassane Diab à faire preuve de fermeté pour freiner l’effondrement, loin des tergiversations et des discours accusateurs. Le PSP appelle également à relancer le dialogue autour de la stratégie de défense et à contrôler les frontières face à la contrebande. Le parti rejette également la proposition du secrétaire général du Hezbollah de se tourner vers l’Est, estimant que cela va dans le sens contraire de l’histoire. Mais « le dialogue est le seul moyen de sortir le Liban de cette grande crise », a affirmé M. Joumblatt.

Pour les Émirats, « le Liban paie le prix de ses mauvaises relations avec les pays du Golfe »

Le ministre d’État émirati des Affaires étrangères Anwar Gargash a affirmé mercredi que la situation économique « très inquiétante » dans laquelle se trouve le Liban découlait entre autres de la détérioration de ses relations avec les « pays arabes, notamment ceux du Golfe ». « L’effondrement économique du Liban est très inquiétant », a estimé Anwar Gargash sur la télévision américaine CNBC. Il a toutefois prévenu que les Émirats ne songeraient à apporter une aide financière à Beyrouth que si cette aide se fait de concert avec d’autres États, rapporte l’agence Reuters. « Si nous voyons certains de nos amis, notamment de grandes puissances intéressées par le Liban, travailler sur un plan, nous envisagerons cela (apporter une aide financière, NDLR). Mais jusqu’à présent, nous constatons en réalité une détérioration des relations arabes du Liban, notamment avec les pays du Golfe, durant les dix dernières années. Le Liban paie en partie le prix de cela en ce moment », a estimé le ministre émirati. « Nous avons vu une accumulation de problèmes au Liban ainsi qu’un diktat du Hezbollah sur le discours politique, ce parti bénéficiant d’une vraie armée à l’intérieur de l’État », a regretté Anwar Gargash. Il a affirmé que les Émirats ont alerté à plusieurs reprises Beyrouth sur la détérioration de ses liens avec les États du Golfe. « Si vous coupez ces ponts, il serait très difficile d’avoir accès au grand réservoir de bonne volonté et de soutien financier dont le Liban a besoin », a-t-il prévenu.

Les participants à la réunion du dialogue national, qui s’est tenue au palais présidentiel de Baabda sans les principaux pôles de l’opposition au pouvoir, se sont accordés hier sur l’importance de la stabilité sécuritaire, « condition à la stabilité économique et financière » du Liban, qui traverse sa plus grave crise sur ce plan depuis 30 ans. Mais à côté des...

commentaires (4)

La sécurité d’abord la bouffe ensuite ce se voit que le gendre mange à sa faim!Quelle hérésie traverse nos pantins

PROFIL BAS

11 h 21, le 26 juin 2020

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Commentaires (4)

  • La sécurité d’abord la bouffe ensuite ce se voit que le gendre mange à sa faim!Quelle hérésie traverse nos pantins

    PROFIL BAS

    11 h 21, le 26 juin 2020

  • Il n’y aura pas de paix tant que ces vendus tiennent le pays. La priorité n’est pas la sécurité puis le pain puis l’argent comme veut bien nous le faire croire le clan aouniste . La Liberté est le point cardinal d’une paix intérieure où seul l’etat décide de la guerre comme de la paix du pays, de son économie comme de ses frontières pour sécuriser le pays et ses citoyens. Maintenant si par malheur il faut passer par la case guerre civile comme ils aiment bien la nommer au lieu de révolution, qu’à cela ne tienne nous sommes prêts. Ça sera le prix de la souveraineté.

    Sissi zayyat

    11 h 04, le 26 juin 2020

  • un hashtag sur Tweet s'intitule "reunion petits four" qui resume la "chose" qu'on a appele Dialogue National . le palais a certainement du tenir compte de la presence des ministres femmes surement inquietes pour leur ligne, et donc en prevoir une moindre quantité, faisant du coup des economies si cherement requises en ces jours de crise generalisee .

    Gaby SIOUFI

    10 h 02, le 26 juin 2020

  • EN RESUME : MARIKA GERAIT MIEUX SON BORDEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 26 juin 2020

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