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Culture - Rencontre

César Naassy : Chanter, c’est être humain, c’est guérir de tout...

Aussitôt l’Aéroport de Beyrouth ouvert, il va sauter dans le premier avion pour aller chanter à Rome, Naples puis Bruxelles « L’élixir d’amour » de Gaetano Donizetti. Rencontre avec un jeune belcantiste également coach sportif à la vision holistique.

César Naassy : Chanter, c’est être humain, c’est guérir de tout...

César Naassy chanteur lyrique et gourou à la vision holistique. Photos Dr

Les cheveux longs bouclés qui cascadent jusque dans le cou, une barbe fournie comme celle d’un pâtre grec, vêtu d’un jean rouge brique et d’une chemise sombre fleurie, César Naassy a la parfaite allure d’un jeune premier. À trente ans, tandis que Beyrouth bascule dans l’effondrement économique et social, sa carrière de basse-baryton, comme celle de la grande partie des artistes, a été mise en pause durant la pandémie du coronavirus. Naassy a une tessiture de voix rare pour l’art du belcanto. Un don de Dieu, mais aussi et surtout, c’est grâce à beaucoup de travail, d’abnégation et de discipline que l’élongation, la profondeur et l’éclat de son timbre vocal se sont opérés. Pour le jeune homme, la liaison entre esprit et prouesse corporelle, entre force intérieure et image extérieure est indissociable. César Naassy, en toute simplicité, révèle une autre facette de ses préoccupations (et profession) : coach pour un style de vie holistique. L’holistique, cette science médicale non conventionnelle qui tient compte de la globalité de l’être humain et dont il détient un diplôme de l’institut tchèque Fitness Association…


César Naassy dans la peau du roi d’Écosse dans « Ariodante » de Haendel.


Des séries télévisées à la magie du chant

Avant sa carrière de chanteur lyrique, autant locale qu’internationale, le trentenaire a côtoyé les caméras durant son enfance, devenant la coqueluche des feuilletons télévisés libanais. Pas plus haut que trois pommes, avec un minois de chérubin, c’est âgé d’à peine sept ans que César Naassy débute une carrière à la télévision dans la série « Talbin el-orb » (« Les prétendants »), un « soap opéra » au succès populaire, signé Marwan Najjar et filmé par Farès el-Hajj. Il ne s’arrêtera plus de tourner, dirigé notamment par les réalisateurs Milad Abi Raad, Samir Habchi, Jessica Tahtouh et Philippe Asmar, tout en prenant conscience de l’importance et de la séduction de sa voix, de sa diction et de son élocution. Une voix encore au stade amateur qui le taraude. Il décide alors de maîtriser et dompter davantage ses cordes vocales dont il pressent le potentiel. César Naassy s’inscrit donc à la faculté de musique à Kaslik pour décrocher un master. L’opéra n’est pas encore dans son champ de vision et son horizon. Mais le virage s’accélère lorsqu’il fréquente une chorale. Sens du perfectionnement oblige, le jeune homme se dirige vers le Conservatoire national supérieur de musique. C’est finalement le chef d’orchestre Toufic Maatouk qui détectera son talent. Le maestro, tout en devenant son pygmalion, lui confie la dure tâche de chanter Simon Boccanegra, l’un des opus les plus impressionnants de Verdi.Le succès est au rendez-vous, les rôles se succèdent. De Cosi fan tutte aux Noces de Figaro de Mozart, en passant par Le Barbier de Séville de Rossini, pour terminer avec L’élixir d’amour de Donizetti, la vocation belcantiste de César Naassy est enclenchée. Sa vocation de chanteur d’opéra s’affirme, et l’étoile du jeune basse baryton luit. En 2016, à la surprise générale, il s’envole vers Montréal, au Canada, pour s’inscrire à l’Université McGill pour un nouveau master en chant, avec pour coach Esther Gonthier. Il intègre alors avec succès le cast de Carmen de Bizet donné à l’opéra de Montréal. Mais c’est en Italie, en chantant L’élixir d’amour de Donizetti sur les planches du théâtre de San Carlo à Naples et du théâtre Arphano près de Rome, qu’il remporte les faveurs des jurys de sélection et du public – avant de partir pour Bruxelles interpréter ce même opéra. Des projets subitement interrompus le 11 mars dernier avec la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement, mettant en veille un contrat d’un an de travail. De cette période d’isolement obligatoire, César Naassy avoue qu’il l’a bien vécue, sans déprime car regorgeant de projets et toujours hyperactif sur les réseaux sociaux. « C’était l’occasion rêvée, dit-il, de faire tout ce que je ne pouvais pas faire en temps normal…. Entre autres, pratiquer la callisthénie (ensemble d’exercices de gymnastique et de musculation), me laisser aller à la superpuissance de l’imagination, de la rêverie, de la méditation, lire de la philosophie orientale… » Avant de conclure, l’incontournable question : qu’est-ce que chanter pour ce féru des voix de Césare Siepi, Sesto Bruscantini, Giulio Neri et Alessandro Corbelli ? César Naassy se racle la gorge et s’élance : « Chanter, c’est être humain, c’est guérir de tout… La vibration de la voix libère et apaise. En prenant un son et en le développant, l’opéra offre des horizons insoupçonnés. Dans le chant, il y a une magie. Celle de mélanger des sons organiques et naturels. Chanter, c’est respirer. C’est cette relation d’inspiration et d’expiration qui fait surgir quelque chose de magique comme Dieu a soufflé la vie en nous… » De nouveaux projets en tête ? « Oui, surtout continuer à faire partout des auditions pour de nouveaux rôles », confie ce polyglotte, incurable perfectionniste, qui veut aussi élargir le cercle des plusieurs langues qu’il maîtrise déjà. Et de poursuivre : « Pour l’avenir, mes projets se concentrent autour de ma voix. Mieux chanter ce que je chante et étendre mon répertoire. Perfectionner Don Giovanni, Les noces de Figaro, approfondir Rossini, explorer davantage Verdi et trouver différentes approches pour le chant… »

Vivement que l’avion décolle du tarmac libanais et que César Naassy rencontre enfin son public européen pour les sortilèges d’une fiole contenant la précieuse essence de cet élixir d’amour qui fait fi de tous les basculements, des virus et des maladies… Sauf ceux des intermittences du cœur et de la beauté de la voix humaine.


Les cheveux longs bouclés qui cascadent jusque dans le cou, une barbe fournie comme celle d’un pâtre grec, vêtu d’un jean rouge brique et d’une chemise sombre fleurie, César Naassy a la parfaite allure d’un jeune premier. À trente ans, tandis que Beyrouth bascule dans l’effondrement économique et social, sa carrière de basse-baryton, comme celle de la grande partie des artistes,...

commentaires (3)

En fait " L’holistique, cette science médicale non conventionnelle" est probablement un bon choix car "le holisme" c'est une theorie politique militaire et ici on parle de 'holistique' dans un context de science médicale, Pourtant beaucoup d'articles dans le OLJ utilisent le mot "le holisme" (comme substantif).

Stes David

10 h 20, le 25 juin 2020

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Commentaires (3)

  • En fait " L’holistique, cette science médicale non conventionnelle" est probablement un bon choix car "le holisme" c'est une theorie politique militaire et ici on parle de 'holistique' dans un context de science médicale, Pourtant beaucoup d'articles dans le OLJ utilisent le mot "le holisme" (comme substantif).

    Stes David

    10 h 20, le 25 juin 2020

  • Article interessant. Une remarque c'est qu'en lisant "la holistique, une science ..." je me demande si ce mot existe en francais comme substantif car je dirais que 'holistique' c'est un adjectif comme dans "science holistique". C'est clair que de l'anglais "holistic" c'est comprehensible; sur wikipedia on appelle la science le "holisme" (et pas la holistique"). On ecrit "le holisme, néologisme forgé en 1926 par l'homme d'État sud-africain Jan Christiaan Smuts pour son ouvrage "Holism and Evolution'".

    Stes David

    09 h 46, le 25 juin 2020

  • chanter,c'est expirer son ame ;J.P

    Petmezakis Jacqueline

    06 h 02, le 25 juin 2020

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