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Dernières Infos - Sécurité

La France rapatrie de Syrie dix enfants de jihadistes français

Des habitants du camp de déplacés d'al-Hol, en Syrie, en mars 2019. Giuseppe Cacace/AFP.

Dix enfants de jihadistes français ont été rapatriés de Syrie dans la nuit de dimanche à lundi, des "vies sauvées" pour leurs proches qui demandent inlassablement le retour de tous les enfants retenus dans les camps kurdes.

Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué que la France avait rapatrié ces mineurs "particulièrement vulnérables", "orphelins ou cas humanitaires, qui se trouvaient dans des camps du nord-est de la Syrie", précisant dans un communiqué qu'ils ont été pris en charge "par les services sociaux". Au total, 28 enfants français ont été rapatriés de Syrie jusqu'ici.

Une délégation française est allée chercher les enfants à Qamishli, la "capitale" du Kurdistan syrien, a indiqué sur Twitter Abdel Karim Omar, responsable des Affaires étrangères au sein de l'administration autonome kurde. Parmi ces enfants dont le plus jeune a deux ans, trois ne sont pas orphelins, mais leurs mères "ont accepté de les envoyer en France, en raison des conditions dans le camp", a indiqué une source kurde. "Chaque enfant qui revient est une vie sauvée", a réagi dans un communiqué le collectif Familles unies, qui regroupe des proches de Français détenus en Irak et en Syrie, en réclamant de nouveau à la France d'aller plus loin et de rapatrier l'ensemble des mères et enfants.

La Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a également appelé dans un communiqué les pays concernés à tous les rapatrier, et à juger eux-mêmes les femmes accusées d'avoir commis des crimes, pour des raisons humanitaires mais aussi de sécurité, car "les conditions de vie épouvantables" qui prévalent dans ces camps en font "un terreau fertile" pour "le recrutement de groupes terroristes ou extrémistes comme l'EI" (Etat islamique).

Pour ce rapatriement, "deux mères ont accepté de se séparer de leurs enfants, et pour l'un des deux cas au prix de la séparation d'une fratrie", ce qui ne peut qu'aggraver les "traumatismes" que la guerre ou la détention leur ont déjà infligés, souligne Familles unies.

#OnNeNaîtPasTerroriste 

Pour Paris, seuls peuvent être rapatriés les orphelins de père et de mère, et les enfants dont un des parents est encore en vie et a donné l'accord pour cela. Cette doctrine est "aussi cynique que cruelle", a fustigé sur la chaîne d'informations BFM l'avocat William Bourdon.

Saluant une "bonne nouvelle", la directrice France de Human Rights Watch, Bénédicte Jeannerod, a également estimé "urgent que la France rapatrie les autres enfants" et que seul le retour de ses ressortissants, enfants et adultes, permettrait de répondre aux "impératifs humanitaires, de justice, de droit international et de sécurité".

Avec le mot dièse #OnNeNaîtPasTerroriste, la Commission nationale consultative des droits de l'homme a aussi rappelé, sur Twitter, qu'elle avait appelé "au rapatriement de tous les enfants français retenus dans les camps syriens". "Tous les enfants sont des cas humanitaires et leur intérêt supérieur à tous serait d'être rapatriés avec leurs mères", insiste l'avocate Marie Dosé, ajoutant que "ces enfants sont marqués au fer rouge par la violence de leur histoire".

ONG et organisations internationales ont multiplié les appels au rapatriement des enfants, qui pour certains ont déjà passé deux ans dans des conditions sanitaires extrêmement précaires. En 2019, 517 personnes, dont 371 enfants, sont ainsi morts dans le camp d'Al-Hol, avait indiqué mi-janvier une responsable du Croissant-Rouge kurde. Les autorités kurdes disent détenir environ 12.000 étrangers, 4.000 femmes et 8.000 enfants, dans trois camps de déplacés du nord-est de la Syrie. Elles ont souvent appelé les pays concernés à rapatrier leurs ressortissants.

Treize jihadistes françaises, dont Hayat Boumedienne, la compagne de l'un des auteurs d'attentats en France en janvier 2015, se sont évadées des camps où elles étaient détenues, selon le Centre d'analyse du terrorisme (CAT). Mais la question est très sensible pour le gouvernement français, plusieurs sondages montrant une opinion publique extrêmement défavorable au retour de jihadistes pour être jugés en France.

Gouvernement, familles et avocats s'accordent cependant sur un point: préserver l'anonymat de ces enfants. Marie Dosé demande "instamment à la presse de les préserver en ne révélant pas leur identité, car ils ont assez souffert comme ça".

Dix enfants de jihadistes français ont été rapatriés de Syrie dans la nuit de dimanche à lundi, des "vies sauvées" pour leurs proches qui demandent inlassablement le retour de tous les enfants retenus dans les camps kurdes.Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué que la France avait rapatrié ces mineurs "particulièrement vulnérables", "orphelins ou cas humanitaires,...