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Société - Matériel médical

Une décision de la BDL complique dangereusement l’importation de gaz anesthésique

Le président du syndicat des hôpitaux dénonce une situation de totale imprévisibilité qui pèse sur le secteur.


Une décision de la BDL complique dangereusement l’importation de gaz anesthésique

À l’Hôtel-Dieu de France, auprès d’un patient. Photo HDF/AFP

Plus la crise monétaire s’aggrave, plus l’étau se resserre autour des importateurs de matériel médical et par conséquent autour d’une population qui s’inquiète de ne plus se voir assurer ses besoins sanitaires et hospitaliers. Il y a quelques jours, la Banque du Liban (BDL) a décidé de considérer le gaz anesthésique comme gaz industriel, qui ne profite donc pas des facilités financières consenties pour l’importation de produits pharmaceutiques. Une décision qui aurait pour conséquence une impossibilité pour les deux sociétés importatrices de ce produit de continuer à le livrer aux hôpitaux, et donc une pénurie qui priverait les malades et les patients potentiels de toute intervention chirurgicale dont ils auraient besoin. De quoi arriver à une tragédie sanitaire inédite. Mais il semble que suite à des réunions au sein du ministère de la Santé et des contacts entrepris entre Riad Salamé, gouverneur de la BDL, et Hamad Hassan, ministre de la Santé, le dossier du gaz anesthésique a des chances de se voir débloqué.

S’il reste classé produit industriel, son importation nécessiterait le règlement du montant total des commandes en devises étrangères au taux du marché. Mais si son caractère médical est à nouveau reconnu, il pourrait recommencer à être importé à travers le dépôt de 15 % du montant total de la commande en devises étrangères et 85 % en livres libanaises calculées par la BDL au taux officiel. Joint par L’Orient-Le Jour, Khaled Hadla, directeur de la société Chehab medical gazes, une des deux sociétés importatrices, affirme qu’en janvier dernier, le prix du gaz anesthésique qu’il avait importé avait été réglé selon les conditions bénéficiant aux produits médicamenteux. Mais depuis trois mois, il attend l’approbation par la Banque centrale d’une facture qu’il lui avait présentée pour de la marchandise importée en avril, et qu’il avait payée au moment même pour ne pas risquer une rupture de son stock. Quelle n’a été sa surprise mardi, après tout ce délai d’attente, d’apprendre par l’intermédiaire de la banque avec laquelle il traite que la BDL a classé « le gaz anesthésique comme étant industriel ». Entre-temps, M. Hadla avait livré le gaz sur base du taux officiel du dollar. « Comment acheter un nouveau stock alors que la Banque centrale refuse de couvrir la facture que j’ai payée ? » se demande-t-il, expliquant de cette manière qu’il est perdant et ne peut continuer indéfiniment à assurer sa part du marché, d’autant que les devises sont rares sur le marché local.

« Au jour le jour »

L’espoir est donc que la BDL revienne sur sa décision. En tout état de cause, même si la question va être réglée ponctuellement, il semble qu’on ne puisse trouver de solution radicale. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le président du syndicat des hôpitaux, Sleiman Haroun, évoque une situation de totale imprévisibilité, même pour un proche avenir. « Nous vivons les événements au jour le jour, nous ne savons pas ce qui se passera la semaine prochaine », se désole-t-il, déplorant notamment « une multiplication de mesures et contre-mesures ». « Il faut s’attendre à beaucoup de difficultés, à l’ombre d’un manque accru d’équipements médicaux et d’argent liquide », ajoute M. Haroun. Martine Orio, directrice de l’Hôtel-Dieu de France, est consciente également des problèmes que pose le manque de liquidités. « Nos fournisseurs sont soumis à des problèmes financiers », relève-t-elle, tout en disant compter malgré tout sur « leur sens de la responsabilité pour assurer les produits nécessaires aux patients dont certains ne peuvent supporter de reports (d’opérations) ». Notant que jusqu’à l’heure, l’établissement qu’elle dirige « n’a pas de problème d’approvisionnement », Mme Orio avoue aborder les événements factuels « au cas par cas ».

Le fait est que le pays fait face à un danger réel d’une raréfaction grave du billet vert, qui rend extrêmement difficile, voire impossible, d’importer des produits essentiels. La situation est d’autant plus grave que pour subvenir aux besoins vitaux de la population, la BDL puise dans ses maigres réserves qui risquent de s’assécher en l’absence de réformes structurelles et d’application d’un plan de sauvetage économique. Salma Assi, présidente du syndicat des importateurs de matériel médical, évoque dans ce cadre la difficulté pour la BDL d’honorer ses engagements. « Alors que la Banque centrale s’était engagée à transférer les montants que nous mettons à sa disposition dans un délai de 10 jours après son approbation des factures de nos fournisseurs, nombre de nos dossiers sont en attente auprès d’elle depuis plus de trois mois », affirme-t-elle. Un autre signe d’enlisement est la décision prise il y a quelques jours par la BDL de refuser de transférer des montants pour payer des factures datées avant septembre dernier. Or les fournisseurs étrangers accordent souvent à leurs clients des délais de paiement de plusieurs mois, affirme Mme Assi pour expliquer pourquoi les importateurs ont encore à payer des factures datant d’avant le mois de septembre.

Plus la crise monétaire s’aggrave, plus l’étau se resserre autour des importateurs de matériel médical et par conséquent autour d’une population qui s’inquiète de ne plus se voir assurer ses besoins sanitaires et hospitaliers. Il y a quelques jours, la Banque du Liban (BDL) a décidé de considérer le gaz anesthésique comme gaz industriel, qui ne profite donc pas des facilités...

commentaires (4)

On est complètement largué. Est ce que ce gaz anesthésiant est fabriqué au Liban? Si oui pourquoi l’importer. Vont ils créer des marchés noirs dans tous les secteurs pour continuer leur projet d’anéantissement de notre pays où est ce dans le seul but d’accabler la BDL de tous les maux y compris mensongers pour arriver à leur fin qui est de destituer son gouverneur en faisant croire aux libanais qu’il refuse de les aider à se faire soigner. Ce gros mensonge mérite d’être clarifier.

Sissi zayyat

11 h 27, le 20 juin 2020

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Commentaires (4)

  • On est complètement largué. Est ce que ce gaz anesthésiant est fabriqué au Liban? Si oui pourquoi l’importer. Vont ils créer des marchés noirs dans tous les secteurs pour continuer leur projet d’anéantissement de notre pays où est ce dans le seul but d’accabler la BDL de tous les maux y compris mensongers pour arriver à leur fin qui est de destituer son gouverneur en faisant croire aux libanais qu’il refuse de les aider à se faire soigner. Ce gros mensonge mérite d’être clarifier.

    Sissi zayyat

    11 h 27, le 20 juin 2020

  • AIR LIQUIDE EST UNE STE LIBANAISE QUI FABRIQUE LOCALEMENT DE TELS . CE SERAIT LA RAISON POUR LAQUELLE LA BDL NE FAIT PLUS DE FACILITES POUR LEUR IMPORTATION, AVEC RAISON BIEN ENTENDU. SUJET A ENQUETE PLUS APPROFONDIE ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 18, le 20 juin 2020

  • mollo mollo OLJ /Mme Assaf ! affaire sujette a etre approfondie : AIR LIQUIDE est une Ste etablie au Liban qui produirait les memes produits que cette autre Ste importatrice elle. Ceci pourrait etre la raison pour laquelle la BDL ne fait profiter des facilites a une Ste IMPORTATRICE de ces produits produits au Liban. Ce qui serait logique .

    Gaby SIOUFI

    09 h 44, le 20 juin 2020

  • L’imbecilite de certains decideurs a la BDL ne Semble plus nécessaire a demontrer !

    Cadige William

    07 h 40, le 20 juin 2020

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