Rechercher
Rechercher

Culture - Initiative

Musica Sawa, message d’amour de la diaspora et de la scène indépendante au Liban

Cornaqué par un groupe de Libanais installés entre le Liban et Paris, le festival virtuel démarre demain pour un mois au cours duquel un beau parterre d’artistes bigarrés, libanais et amis du Liban, proposeront tous les jours des performances filmées (retransmises sur Instagram, Facebook et YouTube)*. Cette initiative s’accompagne d’une collecte de fonds au bénéfice de Beit el-Baraka et de l’école Saint-Vincent de Paul, avec le partenariat de « L’Orient-Le Jour ».

Musica Sawa, message d’amour de la diaspora et de la scène indépendante au Liban

La belle affiche de Musica Sawa réalisée par l’artiste Lamia Ziadé. Photo DR

Une preuve de plus, s’il en est, que notre diaspora n’est pas près de laisser tomber ses compatriotes empêtrés dans la crise socioéconomique qui s’abat sur eux depuis quelques mois. La preuve, aussi, que la scène musicale indépendante locale à laquelle notre (mal)gouvernance n’a cessé de couper les ailes s’est débrouillée, en dépit de tout, pour continuer à faire florès et se tailler une place dans l’industrie. Voilà, en quelques mots, ce que réserve le festival Musica Sawa, dont L’Orient-Le Jour est partenaire média, et qui démarre le 20 juin pour un mois durant lequel un line-up éclectique d’artistes et de musiciens proposeront des performances filmées et retransmises quotidiennement sur Instagram, YouTube et Facebook (Musica Sawa 2020). Cette série de miniconcerts, offerts donc par une trentaine de talents plus ou moins établis, s’accompagnera d’une collecte de fonds au profit de l’ONG Beit el-Baraka et de l’école de Saint-Vincent-de-Paul.

Un package unique

À l’origine de ce beau projet, il y a Alia Atieh, une Libanaise installée à Paris depuis 35 ans mais que l’éloignement de son pays natal n’a jamais empêchée de s’impliquer et de s’engager en faveur du Liban, notamment auprès de l’association Amitié Neuilly-Liban qu’elle a fondée à Neuilly-sur-Seine où elle officie en tant que conseillère municipale depuis dix ans. « L’idée derrière Amitié Neuilly-Liban est de promouvoir la culture libanaise auprès des habitants en organisant des conférences, projections et tables rondes. D’année en année, l’audience s’est élargie, jusqu’à l’initiative de l’an dernier qui nous a permis de planter près de 700 cèdres à Bécharré », raconte l’initiatrice de Musica Sawa. L’idée de cette initiative lui est venue alors qu’elle était confinée chez elle, il y a six semaines. « Pendant le confinement, et puisque l’association n’avait pas pu organiser son événement annuel en raison de la pandémie du Covid-19, je me suis mise à réfléchir à des moyens d’aider le Liban dont la crise économique redoublait d’ampleur avec la crise sanitaire. Inspirée par ce que les artistes avaient proposé musicalement depuis chez eux au cours du confinement, j’ai eu l’idée de monter un festival de musique virtuel rassemblant des artistes locaux et amis du Liban », poursuit celle qui, pour ce faire, réunira autour d’elle une flopée d’amis libanais basés à Paris et dont l’attachement viscéral au Liban n’est plus à prouver. Parmi eux, le couple Ziad et Liza Asseily qui ont essaimé, en les réinventant, les saveurs de notre cuisine au sein de leur restaurant parisien Liza ; ou encore Khalil Joreige et Joana Hadjithomas dont l’œuvre protéiforme n’a cessé de faire rayonner l’art contemporain libanais. Ainsi, et en moins de deux mois, cette équipe d’expats forcenés monte Musica Sawa, que Alia Atieh qualifie de package unique car « il permet de promouvoir la scène musicale libanaise, tout en collectant des fonds pour Beit el-Baraka et l’école Saint-Vincent-de-Paul. Il nous a semblé important de choisir ces deux associations, c’est-à-dire d’une part soutenir l’agriculture et la distribution de nourriture aux plus défavorisés, et d’autre part l’éducation qui est sans doute le pilier social le plus important. Surtout maintenant que plusieurs écoles et universités libanaises sont menacées de fermeture ». Et d’insister sur le fait que « les fonds collectés au cours de ce festival qui se prolongera sur un mois environ seront rassemblés dans un compte sécurisé, via l’application Helloasso, puis, une fois le festival clôturé, distribués aux deux bénéficiaires avec notre supervision ».

Les mêmes valeurs

À Beyrouth, c’est à Jana Saleh que la direction artistique musicale du projet à été confiée. La musicienne, productrice et DJ s’est donc chargée de la sélection des artistes constituant ce line-up bigarré, mais pas tant que cela. « On a commencé par approcher des artistes avec qui notre équipe était déjà en rapport et, organiquement, lorsque ces derniers ont répondu présent à l’appel, on s’est rendu compte qu’il y avait une homogénéité qui s’était formée autour du projet. Peut-être pas dans les couleurs musicales de tel ou tel artiste, mais en termes de valeurs », explique-t-elle. « Nous sommes à un tournant important, tant à l’échelle du Liban qu’au niveau mondial, et il nous était donc essentiel que les artistes faisant partie de ce festival soient là pour l’amour de la musique et du Liban. » Cornaquée donc par Jana Saleh, et si joliment illustrée par Lamia Ziadé, l’affiche de Musica Sawa rassemble plusieurs textures musicales différentes – et même des disciplines variées, puisque le festival consistera en des performances (originales) et non seulement des concerts – toutes liées par cette volonté d’envoyer, ensemble, un message d’amour et de courage au Liban. « Ce qui a été le plus marquant, c’est le fait que malgré les difficultés auxquelles ces artistes font face en raison de la pandémie, tous ont tenu à donner de leur temps, à offrir une partie d’eux-mêmes avec une infinie générosité. Il y a les Libanais bien sûr, mais aussi les amis du Liban, notamment la famille Chedid qui a voulu faire partie de ce projet, et aussi Mashrou’ Leila avec qui j’ai tenu à démarrer le festival. C’est triste que ce groupe, encensé partout dans le monde, ait été tellement combattu dans son propre pays », conclut la directrice artistique de Musica Sawa dont le nom résume à lui seul cet émouvant cadeau offert à la fois par la diaspora libanaise installée à Paris et par les artistes. Et puis aussi, l’espoir qu’ensemble, et en musique, on peut, sans doute, faire bouger les choses…

L'équipe de volontaires qui a contribué à la réalisation du projet :  Alia Atieh, Cyril Hadji-Thomas, Ghiya Haidar, Jana Saleh, Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Liza Asseily, Oscar Heliani, Serge Akl, Ziad Asseily et Lamia Ziadé.

*@MusicaSawa2020

Le line-up de Musica Sawa

Adonis

Alexandre Paulikevitch

Aziza

Bachar Mar-Khalifé

Bedouin Burger

Blu Fiefer

Calamita

Eileen Khatchadourian

Jahida Wehbe

Jay Wud

Joseph Ghosn

Joy Fayad

Khaled Mouzannar

La famille Chedid

Love & Revenge

Lumi

Mashrou’ Leila

Matteo El Khodr

Mazen Kerbaj

Michelle et Noel Keserwany

Nadine Khouri

Postcards

Radwan Ghazi Moumneh

Tarek Atoui

The Bunny Tylers

The Wanton bishops

Universal Mena Day

Vladimir Kurumilian

Wake Island

Yasmine Hamdan

Youmna Saba

Zalfa

Zeina Abirached

et Stéphane Tsapis

Deux associations concernées

Les fonds collectés grâce à l’opération Musica Sawa seront intégralement reversés à :

- Beit el-Baraka, qui propose une aide alimentaire totalement gratuite à des milliers de personnes et en particulier à des retraités vivant seuls et ayant basculé dans une très grande précarité. En plus d’un supermarché entièrement gratuit, Beit el-Baraka distribue des colis alimentaires sur l’ensemble du territoire en s’appuyant sur un réseau de 95 associations, restaure des habitats vétustes et exploite trois terrains agricoles pour assurer une indépendance alimentaire à ces familles. La levée de fonds a pour objectif de couvrir les frais de distribution des denrées alimentaires et d’aménagement des projets agricoles.

- L’école de Saint-Vincent-de-Paul depuis 160 ans prend en charge plus de 550 enfants défavorisés ou orphelins, de toutes confessions, et leur assure un suivi scolaire de la maternelle à la classe de 6e. Dans le contexte actuel de détresse sociale et économique, l’école privée de 75 % des contributions et d’une aide gouvernementale non versée depuis 5 ans se voit menacée de fermeture. La levée de fonds permettra de couvrir une partie des frais de scolarité (qui s’élèvent à 750 000 dollars par an), ainsi que des projets d’investissements notamment en équipement informatique.

Adresse web de la plateforme de financement participatif Hello Asso :

https ://www.helloasso.com/associations/amities-neuilly-liban/collectes/musica-sawa-2020

Une preuve de plus, s’il en est, que notre diaspora n’est pas près de laisser tomber ses compatriotes empêtrés dans la crise socioéconomique qui s’abat sur eux depuis quelques mois. La preuve, aussi, que la scène musicale indépendante locale à laquelle notre (mal)gouvernance n’a cessé de couper les ailes s’est débrouillée, en dépit de tout, pour continuer à faire florès et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut