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Société - Contestation populaire

« Nous aurons le dernier mot, je garde espoir »

Ils étaient quelques centaines à manifester hier au centre-ville, où le calme prévalait de nouveau dans la soirée après les violences et les actes de vandalisme gratuits de la fin de la semaine.

« Nous aurons le dernier mot, je garde espoir »

Les jeunes qui sont descendus de nouveau dans la rue hier à Beyrouth réaffirmaient leur détermination à poursuivre leur mouvement de contestation jusqu’à la réalisation de leurs revendications. Photo João Sousa

Ils étaient quelques centaines hier après-midi à manifester place des Martyrs, à Beyrouth. Malgré les violences de la semaine dernière, notamment jeudi et vendredi derniers dans le centre-ville de la capitale, ces personnes sont venues appeler pacifiquement au changement au Liban, répondant à un appel lancé à tous les « révolutionnaires indépendants » à travers les médias sociaux sur le thème « Le confessionnalisme est la tombe du Liban ».

Même si le pays sombre de plus en plus dans la pauvreté et même si la vie des Libanais a basculé depuis le mois d’octobre dernier avec la chute vertigineuse de la livre, la crise économique majeure et les restrictions bancaires draconiennes, certains ont réussi à préserver l’espoir. « J’aime le Liban et je garde espoir. Si la Constitution est respectée, le Liban peut devenir un pays non confessionnel. Malheureusement ce n’est pas actuellement le cas », s’exclame le père Agapious Khoury, âgé de 46 ans et venu de Furn el-Chebback avec sa femme et ses deux enfants.

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Chargé de la paroisse de l’église grecque-catholique Saint-Élie du centre-ville de Beyrouth, il note qu’un religieux prône toujours « la tolérance, la convivialité et le respect de l’autre ».La Constitution de Taëf prévoit la mise en place d’un Sénat comme l’une des étapes pour parvenir à l’édification d’un État non confessionnel. Assis confortablement sur les épaules de son père, Karim, 1 an et demi, brandit un drapeau libanais. « Je veux qu’il apprenne le patriotisme », lance son père Fady, rêvant d’un pays où son fils vivra dignement. Non loin de la place des Martyrs, une banderole déployée à même le sol sert de support à une pétition appelant à la chute du confessionnalisme. Elle est presque noire de signatures.

Ils étaient quelques centaines à manifester au centre-ville hier après-midi. Photo João Sousa


Préserver la liberté et l’ouverture

Venue avec sa sœur Roula, May Khoury a 74 ans. Cette enseignante à la retraite estime que « rien ni personne ne peut contrer la volonté d’un peuple. Nous aurons le dernier mot. Je garde toujours espoir ». Cette femme est descendue dans la rue pour « préserver le visage qu’elle connaît du Liban, un pays ouvert à tous, plus proche de l’Occident que de l’Iran, un pays où le secteur privé est fort et où la liberté d’expression est respectée ». « Nous sommes là pour défendre la liberté et notre ouverture sur l’Occident », martèle-t-elle.

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Sa sœur, qui travaille dans les finances, est rentrée au Liban après une dizaine d’années passées aux Émirats arabes unis. Elle confie que malgré tout ce qu’il se passe, elle garde une lueur d’espoir et ne baissera pas les bras. « Le Liban pays ouvert, pluraliste et tolérant mérite d’être défendu. Je ne veux pas d’un Liban qui fasse partie de l’axe iranien. » « Tout le monde devrait se présenter aux urnes aux prochaines élections. C’est le seul moyen de changer les choses », poursuit-elle. Parmi la foule, il y avait des personnes de tous les âges, des jeunes et des moins jeunes. Certains venus en famille et d’autres avec des amis. Comme Roula et May, ils contestent la mainmise du Hezbollah sur le pays. Léon Sioufi, 58 ans, est venu d’Antélias avec des amis. « Je suis là parce que je veux que ce gouvernement tombe et que le Hezbollah sache qu’il ne pourra pas garder le pays en otage pour longtemps », déclare-t-il.

Dia’ Hochar, alias Abou Ali, a dormi sous une tente au centre-ville depuis octobre dernier et jusqu’à ce que le ministère de l’Intérieur oblige les manifestants à évacuer les lieux au début du confinement. « Je garde espoir et je vois le changement arriver », dit-il. « Aujourd’hui certains partis politiques dressent des barricades de toutes sortes pour empêcher leurs partisans de se joindre à nous », souligne-t-il, en référence au déploiement de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal aux entrées de la banlieue sud et de Khandak al-Ghamik. Le centre-ville a été mis à sac dans la nuit de vendredi à samedi par une foule en colère, venue notamment des quartiers chiites de Beyrouth et de sa banlieue.

Ils étaient quelques centaines hier après-midi à manifester place des Martyrs, à Beyrouth. Malgré les violences de la semaine dernière, notamment jeudi et vendredi derniers dans le centre-ville de la capitale, ces personnes sont venues appeler pacifiquement au changement au Liban, répondant à un appel lancé à tous les « révolutionnaires indépendants » à travers les...

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On continue... !

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 38, le 15 juin 2020

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Commentaires (1)

  • On continue... !

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 38, le 15 juin 2020

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